Le juge d’instruction du 1er Cabinet du Tribunal de Grande Instance de la commune IV de Bamako, Moussa DIARRA, a adressé le jeudi 14 mars une convocation l’honorable Karim KEITA, député élu en CII du District de Bamako, président de la Commission défense de l’Assemblée nationale et fils ainé du Président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA.
Dans la convocation dont les copies ont circulé sur les réseaux sociaux, le juge d’instruction « invite Monsieur Karim Keïta député à l’Assemblée nationale, domicilié à la Cité du Niger à se présenter le jeudi 21 mars 2019 à partir de 10 heures dans notre cabinet sis au palais de justice ».
La convocation lui a été notifiée par voie d’huissier, notamment Me Harouna SOW. Selon l’exploit d’huissier publié sur les réseaux, c’est l’Assistant du député de la CII, M. Karounga DIAWARA, qui a reçu ladite convocation en lieu et place de Karim Keita pour remise.
Pourquoi le juge d’instruction du 1er Cabinet du Tribunal de Grande Instance de la CIV de Bamako, Moussa DIARRA « invite » l’honorable Karim Keïta ? La convocation, qui l’invite, dit textuellement : « pour affaire le concernant ».
Tout porte à croire, selon certains observateurs, que par cette « affaire le concernant » le juge fasse référence au dossier Birama TOURE dans lequel le nom du député est cité par certaines presses, notamment l’ancien employeur du journaliste disparu le 29 janvier 2016, Adama Dramé et l’ancien commissaire Papa Mamby Keïta, réfugié depuis en France.
Le juge d’instruction du 1er Cabinet du Tribunal de Grande Instance de la CIV de Bamako, Moussa DIARRA, a lancé une convocation aux accusateurs de l’honorable Karim Keïta afin de confronter leurs versions ? Nous apprenons par contre que l’honorable Oumar Mariko, député élu à Kolondiéba, président du parti SADI, a été convoqué par le même juge pour ce jeudi. Pour la même affaire concernant les deux ?
Dans la foulée, une plainte contre X via le cabinet d’avocats Penda sis à Boulkassoumbougou pour disparition du journaliste Birama Touré, le 29 janvier 2016, attribuée à la fiancé de ce dernier, Mme Hawa Diallo, est largement partagée sur les réseaux. Qu’à cela ne tienne, comment un juge d’instruction peut-il convoquer, même sous forme d’invitation, à entendre des députés au cours d’une session sans l’autorisation de l’Assemblée nationale ? Parce que selon l’article 62 de la Constitution que le juge ne peut ignorer : « Les députés bénéficient de l’immunité parlementaire.
Aucun membre de l’Assemblée nationale ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé du fait des opinions ou votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions.
Aucun membre de l’Assemblée nationale ne peut, pendant la durée des sessions, être poursuivi ou arrêté en matière criminelle ou correctionnelle qu’avec l’autorisation de l’Assemblée nationale, sauf en cas de flagrant délit.
Aucun membre de l’Assemblée nationale ne peut, hors sessions, être arrêté qu’avec l’autorisation du bureau de l’Assemblée nationale, sauf en cas de flagrant délit, de poursuites autorisées ou de condamnation définitive.
La détention ou la poursuite d’un membre de l’Assemblée nationale est suspendue si l’Assemblée nationale le requiert ».
S’agit-il d’une simple formalité pour clore son dossier d’instruction comme l’avancent certains sur les réseaux sociaux ou d’une cabale contre le député Karim qu’on s’évertue à tremper dans toutes les sauces ?
Nullement inquiété par cette surprenante « invitation », selon certaines sources, l’honorable Karim Keïta, qui était en mission de la Commission défense de l’Assemblée nationale, serait prêt à déférer à la convocation du juge comme n’importe quel citoyen. Parce qu’il estimerait n’avoir rien à voir dans cette affaire. Mais ses avocats l’en ont dissuadé, et ses collègues députés estimeraient qu’il s’agit d’une cabale politico-judiciaire contre le président IBK via son fils aîné. À défaut d’avoir le père, on s’attaque au fils.
Donc, aucune chance que les députés Karim Keïta et Oumar Mariko soient entendus par le juge d’instruction du 1er Cabinet du Tribunal de Grande Instance de la commune IV de Bamako, Moussa DIARRA, pour une quelconque affaire les concernant.
Affaire à suivre
Par Abdoulaye OUATTARA
Source: info-matin.