Maliennes et Maliens
Depuis un certain temps, la tension politico-sociale mine la bonne marche du pays. Les contestations nées des dernières élections prouvent à suffisance que le pays va mal. Le Mali est un vaste pays, riche de par sa diversité culturelle, riche de son sous sol, riche de ses hommes, riche de sa faune et sa flore, mais dont l’existence en tant que pays et nation est menacée dans tous ses fondements. Notre pays, le Mali sombre de jour en jour dans le chaos, l’anarchie et l’insécurité par la faute des hommes chargés de sa destinée. La vraie démocratie ne rime point avec complaisance, ni faiblesse de l’autorité de l’État qui doit garantir la liberté et la sécurité du citoyen.
Maliennes et Maliens
Le clientélisme politique, la gestion familiale des affaires de l’État ont fini par tuer toute opportunité de développement dans le peu qui reste encore de ce beau pays. La gabegie, le vol et l’arbitraire sont devenus des vertus. Face à l’ineffectivité de bonne distribution de la justice, celle-ci est en déphasage avec les citoyens et n’a pas les moyens d’assurer son indépendance et son efficacité. L’éducation nationale piétine et même patauge. La santé est au plus offrant. La décentralisation prônée comme moyen de rapprocher le pouvoir des populations a complètement manqué d’accompagnement de moyens par l’État.
Maliennes et Maliens
Des villages entiers sont brulés, des paisibles citoyens massacrés et nous déplorons tout le jour la perte de nos compagnons d’arme. L’horreur est devenu le quotidien du Malien. Les Maliens sont devenus des refugiés dans leur propre pays, en proie à toutes les difficultés existentielles.
Le banditisme de grand chemin, le braquage et vol à main armée osé sont légion. Le terrorisme et l’extrémisme détruisent la cohésion sociale et ne sont pas pourtant une fatalité. La mauvaise gouvernance avec son lot de frustration a fait perdre aux Maliens l’espoir d’un lendemain meilleur. Des élections contestées, une épidémie de la Covid-19 dont la gestion fait douter de son existence. Une population qui ne fait plus foi à ses gouvernants, des élèves et étudiants désemparés et des parents inquiets de l’avenir de leurs enfants imposent à toutes les forces vives de la nation l’obligation de s’engager pour le Mali. Les atteintes aux droits fondamentaux, les répressions des 10, 11, 12 juillet exigent une réponse de l’État. La grave crise institutionnelle, la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance sont aujourd’hui au cœur des attentes fortes.
Maliennes et Maliens
Face à la difficulté de garantir à ce jour le respect de la Constitution, l’intégrité du territoire, de l’indépendance, de l’unité nationale, de la paix et de la cohésion sociale, Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta, après dissolution de l’Assemblée nationale, ce jour 18 août 2020, a rendu sa démission. Afin d’éviter au pays de sombrer, nous, forces patriotiques regroupées au sien du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) avons décidé de prendre nos responsabilités devant le peuple et devant l’histoire, d’assurer la continuité de l’État et des services publics. Cette lourde responsabilité ne s’accomplira pleinement qu’avec l’ensemble des forces vives de la nation. À compter de ce jour 19 août 2020, toutes les frontières aériennes et terrestres sont fermées jusqu’à nouvel ordre, un couvre feu est instauré de 21 heures à 5 heures du matin jusqu’à nouvel ordre.
La continuité des services publics sera assurée par ceux qui en ont droit au regard des textes en vigueur. La société civile et les mouvements socio-politiques sont invités à nous rejoindre pour ensemble créer les meilleures conditions d’une transition politique civile conduisant à des élections générales crédibles pour l’exercice démocratique à travers une feuille de route qui jettera les bases d’un Mali nouveau. L’heure est au-delà de clivage politique et idéologique semant les graines de l’affrontement et de l’intolérance conduisant à la haine qui est maléfique. Nous demandons aux organisations sous régionales et internationales de nous accompagner pour le bien être du Mali. La Minusma, la force Barkhane, le G5 Sahel, la force Takuba demeurent nos partenaires pour la stabilité et la restauration de la sécurité. S’adressant à vous, frères d’arme, nous vous exhortons à assurer la continuité de vos missions régaliennes tant qu’organique et qu’opérationnelle.
Maliennes et Maliens
Avec vous, debout comme un seul homme nous pouvons redonner à ce pays sa grandeur d’antan et son rayonnement sous régional et international. Il ne paraît pas aisé mais en arrêtant la saignée des comptes publics, beaucoup de revendications catégorielles pourraient être gérées. Tous les accords passés avec les partenaires nationaux, régionaux et internationaux seront respectés. Nous invitons par ailleurs nos frères de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et de la Plate-forme à nous rejoindre pour la mise en œuvre efficiente de l’Accord issu du processus d’Alger. Rien ne doit entraver l’unité de la nation malienne. Nous sommes attachés au processus d’Alger. La paix au Mali est notre priorité et elle se fera avec vous. Faisons bloc pour faire échec aux forces du mal qui nous écument et qui veulent nous prendre en otage notre cher pays. Nous allons prendre en compte les conclusions du Dialogue national inclusif (DNI) pour l’amélioration du cadre de bonne gouvernance.
Maliennes et Maliens
Nous ne tenons pas au pouvoir mais nous tenons à la stabilité du pays qui vous permettra d’organiser dans le délai raisonnable consenti des élections générales pour permettre au Mali de se doter d’institutions fortes capables de gérer au mieux notre quotidien et restaurer la confiance entre les gouvernants et les gouvernés. Nous invitons tous les regroupements syndicaux et sociopolitiques à la retenue, sans violence, sans rancune, sans vengeance aucune. Conservons l’esprit démocratique et donnons espoir à ce peuple qui le mérite.
Vive la république
Vive la nation
Vive le Comité national pour le salut du peuple
Que Dieu bénisse le Mali
Je vous remercie
Déclaration lue par le porte-parole
Colonel-Major Ismaël Wagué
Source : L’ESSOR