Le comité exécutif, dirigé par Tiémogo Sangaré place son mandat sous le signe de la refondation, la réorganisation, la remobilisation des militants du parti
Les chances de le voir signer un bail pour le fauteuil de président de l’ADEMA ont fait pendant longtemps, les délices de la presse. C’est désormais chose faite, le Pr Tiémogo Sangaré, jusqu’alors intérimaire, est le nouveau président du comité exécutif du Parti africain pour la solidarité et la justice. Il a été élu à l’issue d’un 5è congrès ordinaire marathon qui s’est étalé sur quatre jours au lieu des 48 heures prévues. La cérémonie d’ouverture de ce congrès avait été présidée par le Pr Dioncounda Traoré, président sortant du parti des abeilles. En plus des délégués venus des 55 sections, les cadres, militants et sympathisants du parti ont pris d’assaut la salle des 1000 places du CICB. Plusieurs partis amis dont le PS sénégalais ont également assisté à la cérémonie.
Deux points étaient inscrits à l’ordre du jour de ces assises ordinaires : la relecture des textes fondamentaux du parti et le renouvellement du comité exécutif avec en ligne de mire l’élection d’un nouveau président pour conduire la destinée de la « Ruche ».
Le choix de ce leader a donné lieu à de longues et interminables tractations des protagonistes autour de la commission de conciliation dirigée par le président sortant, Dioncounda Traoré, qui plaidait pour le consensus. Il a eu gain de cause et un bureau de 67 membres (contre 80 dans le bureau sortant) a été installé pour un mandat de 5 ans. Mais des modifications sont intervenues dans l’architecture de cette direction avec notamment 11 vices présidents contre 7 dans la précédente équipe. Le poste pivot de secrétaire général est revenu à Assarid Ag Imbarkaouane. Le mouvement des femmes est dirigé par Mme Astan Keita, celui des jeunes par N’Thi Diawara.
Pour celui qui fut le directeur de campagne de Dramane Dembélé, le candidat de l’ADEMA aux dernières élections présidentielles, l’ancien ministre Harouna Cissé, la durée des négociations reflète l’esprit critique qui a animé les débats. Il assure que c’est un véritable bilan de santé qui vient d’être fait pour le parti qui est plus uni et fort que jamais. Harouna Cissé assure sortir de ces assises ragaillardi et confiant dans l’avenir du parti et les capacités des camarades qui en ont désormais les rênes.
Aussitôt élu, le président du comité exécutif estime qu’il n’y a pas lieu de perdre de temps car les défis sont immenses. Il entend placer son mandat sous le signe de la refondation, la réorganisation, la remobilisation des militants du parti qui ces dernières années a du faire front à d’intenses dénigrements. Les futures élections de proximité sont également au cœur des défis qui attendent Tiémogo Sangaré. D’autres défis résident dans la situation sécuritaire du pays et la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation qui sont autant de chantiers nationaux sur lesquels l’ADEMA s’engage à accompagner les autorités actuelles. Le nouveau président a rendu hommage à tous les ténors du parti, singulièrement à Dioncounda Traoré pour son apport inestimable à la vie du parti et à la nation malienne. Plusieurs résolutions et motions ont sanctionné les travaux de ce congrès.
ADIEUX EMOUVANTS : Ce qui a également marqué ces assises de l’ADEMA, c’est le discours émouvant prononcé par le président sortant lors de la cérémonie d’ouverture avec un franc-parler qui n’a laissé personne indifférent dans l’amphithéâtre de 1000 places. Dioncounda Traoré a commencé par rappeler le contexte décisif qui caractérise la tenue de ce congrès, avec un ordre mondial plus que jamais bouleversé par des conflits entre des civilisations et des obscurantistes qui n’ont pour seul combat que de détruire la sérénité et la détermination des peuples qui aspirent à l’évolution. L’ancien président de la transition a remercié tous les pays frères du Mali qui lui ont apporté leur soutien pour le sortir des griffes des terroristes.
Dioncounda Traoré a salué le peuple malien qui, par sa grandeur, a su tenir bon contre vents et marées face à toutes les difficultés traversées durant ces trois dernières années. Principalement les militants et élus de l’ADEMA qui ont fait que ce parti, en plus de poser les jalons de la démocratie au Mali, a été de tous les combats pour garantir un meilleur accès à l’éducation et autres services sociaux de base aux communautés.
Dioncounda Traoré, choisissant de positiver, a refusé « l’auto-flagellation, car l’ADEMA n’a jamais été l’ennemi de ce pays, mais plutôt son ciment et sa truelle ». Il a critiqué la taille démesurée du comité exécutif qui influe négativement sur son efficacité et proposé une formule restreinte de 23 à 33 membres et la création d’un nouvel organe (comité central) qui se réunirait une fois par an pour valider les actions du comité exécutif.
Tout en saluant ceux qui ont donné de leur vie pour le combat du parti, Dioncounda Traoré a demandé aux ténors actuels de ne pas trahir leur mémoire. « Pour toutes ces années de militantisme et de conquête, tous ce qui a été fait de bon, c’est ensemble que nous l’avons fait, quant aux erreurs c’est avec modestie que je les revendique », a t-il lancé, sous les applaudissements nourris de la salle.
« C’est la dernière fois que je m’adresse à vous en tant que président du comité exécutif du parti », a-t-il lancé, coupant le souffle au millier de militants présents. A ce moment précis, l’émotion était telle que les derniers mots de son discours furent lus, signe du destin, par celui qui sera confirmé deux jours plus tard comme son successeur.
L. ALMOULOUD
source : L Essor