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ACCORD D’ALGER DE 2015 : Décentralisation ou démantèlement de l’Etat ?

L’accord d’Alger nous inquiète beaucoup parce qu’il prévoit une décentralisation radicale qui remet en cause l’unité nationale. Les huit régions du Mali, avec un président puissant, sont dotées de très larges compétences. Outre l’éducation, la santé ou l’environnement, elles gagnent des compétences souvent considérées comme les prérogatives exclusives d’un État central : la levée d’impôts, la coopération internationale, la police, la coopération transfrontalière. L’État n’exerce plus qu’un contrôle de légalité a posteriori et il transfère 30 % de ses recettes aux collectivités territoriales. Dans chaque région sera créée une Agence de Développement Régional et les régions peuvent s’associer pour leur politique de développement.

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Qu’on l’approuve ou qu’on le désapprouve, il paraît évident qu’il s’agit là d’un bouleversement profond des institutions du Mali, bouleversement qui passe en contrebande dans les bagages de “la question du Nord” puisque ce texte n’a fait l’objet d’aucun débat à l’Assemblée Nationale du Mali.

L’État central s’en trouve – statutairement – fortement affaibli. De facto, il était déjà très faible. Avec cette nouvelle architecture créant des “régions-Etats”, le poids des puissances extérieures s’en trouvera renforcé. Et à notre avis cet accord prépare la “dislocation” de l’État Malien tel qu’il existait depuis 1960.

Le président Amadou n’avait-il pas raison quand il disait ceci dans le journal français Libération en octobre 2010: « Les forces terroristes actuelles ne sont pas au dessus de nos capacités. Il faut un plan sous-régional… Je le répète, mon pays est otage et victime. Ces gens ne sont pas Maliens, ils sont venus du Maghreb avec des idées que nous ne connaissons pas…

Le problème, c’est le déficit de coopération régionale. Chacun se plaint du voisin, et les actions isolées sont vouées à rester ponctuelles… J’ai appelé en septembre 2006 à une conférence Sahélo-saharienne pour la paix et le développement en présence des chefs d’Etat. Personne ne m’a écouté depuis quatre ans. Quatre années de perdue… ».

Par la même occasion, le président Touré avait affiché son hostilité à toute présence militaire française au Mali. Dans cette lutte contre les groupes extrémistes, le président ATT avait foi en la capacité de l’armée malienne. C’est pourquoi, il disait : « le rôle de la France doit rester dans l’accompagnement et l’appui au plan matériel ». A propos d’une éventuelle coopération française, il disait que le Mali allait « étudier toutes les requêtes ». Mais « la France doit nous écouter » a-t-il ajouté.

Peut-on encore dire que IBK a apporté du nouveau dans la gestion de la crise au Nord du Mali?

Ce projet de révision constitutionnelle n’obéit à aucun agenda de paix pour qui connaît les vrais motivations des entreprises (Total, Areva, Bouygues etc.) qui financent les troupes présentent au Mali: diviser pour mieux régner.

Samou Sissoko

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