IBK persiste et signe : le Premier ministre et sa famille ont bien droit à six logements sociaux et lui déclare son soutien. Tant pis pour les couches à revenus faibles et intermédiaires, vrais bénéficiaires de ces logements. C’est ça la République sous IBK où sous le prétexte de logements sociaux, on investit l’argent de l’Etat pour loger les enfants des plus nantis du pays.
A la place du Premier ministre qu’on attendait pour s’expliquer sur les six logements sociaux attribués à ses enfants et son épouse, c’est le président de la République, très en verve, qui prend sa défense pour banaliser les faits, estimant que cela n’écorche en rien la probité du Premier ministre. Cette sortie est maladroite de la part du président de la République qui inverse les rôles car c’est le Premier ministre, en tant que son fusible, qui devait agir ainsi pour le couvrir dans une quelconque affaire de gestion des affaires publiques.
L’une des 6 maisons des enfants du PM et sa femme
IBK le sait bien d’autant que du temps où il était Premier ministre, il n’a pas hésité à sévir contre les dirigeants de l’Aeem et l’opposition politique réunie au sein de la Coppo. Et de quelle manière ! Tout ça pour faire son boulot de Premier ministre chargé d’aller au charbon quand il le faut et protéger le chef de l’Etat. Mais si c’est le contraire qui doit se passer, c’est la preuve que la République est désormais sens dessus-dessous et a besoin d’une remise en ordre.
Mais comment y parvenir, lorsque le président de la République trouve normal que six logements sociaux soient attribués à la famille du Premier ministre, notamment à son épouse et ses enfants. Non, ce n’est pas une cabale contre le Premier ministre, mais des faits graves car relevant du favoritisme, qui ont été dénoncés par le Collectif des demandeurs de logements sociaux du Mali qui accuse le Premier ministre Modibo Keita d’avoir octroyé ou facilité l’octroi de six logements sociaux à sa femme et ses cinq enfants. Le président du Collectif, Moussa Touré lors de la conférence de presse qu’il a eu à animer tenait des propos sans équivoque, notamment pour dénoncer haut et fort que l’épouse du chef du gouvernement Adam Diakité, plus connue sous le prénom de Filani (jumelle en bambara) a eu le F3A lot N°3136, ses enfants : Néné Kéita le F3A lot N° 3399, Fatoumata Bintou Keita le F3A lot N° 3043. Cette dernière réside au Canada. Aïssata Keita, F3A lot N° 3075, Gaoussou Keïta, F3A lot N° 3395, Djiby Coulibaly a postulé au nom de Tassiré Keita F5 lot N°3050.
Rappelons que, selon l’alinéa 2 de l’article 2 du décret n°2015-0351/P-RM du 8 mai 2015 fixant les modalités d’attribution et de gestion des logements sociaux : « Les logements sociaux sont réalisés dans le cadre d’un programme gouvernemental et visant à faciliter l’accès des couches à revenus faibles et intermédiaires au logement ». C’est donc un aspect important de la politique sociale du gouvernement envers les couches défavorisées de la population, pour ne pas souffrir d’une quelconque manipulation des attributions au profit de proches des membres du gouvernement.
Il n’aurait jamais été au courant, laisse-t-on entendre, mettant tout sur le dos du ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat qui vient pourtant d’être confirmé à son poste lors du dernier remaniement ministériel, comme pour confirmer les propos du président de la République : il n’y a rien de grave dans cette affaire. Mais pourtant, le Premier ministre pouvait demander à ses proches d’y renoncer car « le désistement du bénéficiaire » est prévu par l’article 24, chapitre III du décret précité et contresigné du Premier ministre après la signature du président de la République.
Mais avouons-le : il n’est pas facile de résister face à cette aubaine que constitue désormais pour le gotha de la République les logements sociaux, pour lesquels, une catégorie se trouve détournée de ses vrais objectifs. En effet, en créant le type de logements F5, pour lequel, dans les conditions de vente, il faut pouvoir payer 125.000 FCFA par mois, on ne s’adresse plus aux «couches à revenus faibles et intermédiaires » comme stipulé dans le même décret que nous venons de mentionner.
C’est dire qu’au détour de cette affaire de logements sociaux, l’argent du contribuable est investi dans la construction de maisons affectées à des gens qui, au regard de la loi, ne devraient pas être éligibles au programme de logements sociaux. En plus, en agissant ainsi, l’Etat tue les sociétés de promotion immobilière vers lesquelles devaient se tourner les attributaires de ces maisons de type F5 appelées abusivement logements sociaux.
La rédaction