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A Bamako, l’accord de paix laisse indifférent

REPORTAGE – Dans la capitale du Mali, la situation dans le nord du pays est présente dans tous les esprits. Mais la signature de l’accord, qui vise à pacifier la région, ne suscite pas beaucoup d’enthousiasme dans la rue.

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ur les hauteurs de Bamako, Oumou, jeune maman, surveille une grappe d’enfants qui jouent dans le sable. A côté d’elle, Mamadou Diallo, étudiant en deuxième année de médecine, s’est échappé de la faculté où il juge les cours théoriques trop rébarbatifs.

Tous deux déroulent leur journée sans avoir conscience qu’en contrebas, tout ce que l’Afrique compte de gens importants se presse dans un centre de conférences pour assister à la signature de l’accord de réconciliation du Mali.

Deux frères tombés à Kidal

S’ils ont entendu parler de l’accord, ils en ignorent le contenu et les signataires. Est-ce que cela va changer quelque chose pour eux ? “Il n’y a rien, ici”, soupire Oumou en désignant la terre battue. “Comment cela pourrait-il changer quelque chose?” Le conflit du Nord la touche pourtant directement. Deux de ses frères, engagés dans l’armée malienne, sont tombés à Kidal sous les balles des rebelles armés, explique-t-elle.

“Signer en face de personne”

Dans le centre-ville, Tahara Touré a revêtu une robe d’apparat en tissu chatoyant, qui la fait transpirer malgré la clim. Elle accueille ce vendredi matin, dans une galerie d’art de la capitale, la secrétaire d’Etat française Annick Girardin, venue représenter la France à la signature de l’accord de paix. Si elle n’est pas emballée à l’idée de discuter de l’accord, “c’est parce qu’il n’y en a pas vraiment”.

“Toutes les parties ne seront pas présentes. Que vont-elles faire cet après-midi à Bamako? Signer en face de personne?” s’interroge-t-elle.

La branche de sa famille qui vit à Gao, dans le nord, tente de s’accommoder des rebelles. “Ils n’ont pas le choix, ils font avec”, affirme-t-elle. “Il y a des exactions, mais ils ne nous le disent pas – à quoi bon?” Certains ont connu des représailles après avoir averti de la présence de rebelles dans leur village. Depuis, ils se mêlent de leurs affaires.

Tahara aussi, mais elle n’est pas rassurée pour autant. Elle refuse qu’on prenne sa photo pour la publier à côté de ses propos sur les rebelles et, ce matin, elle a décidé de rester au centre-ville : son fils de six ans est à l’Ecole française à proximité. “Avec la signature de l’accord aujourd’hui, s’il se passe quelque chose, je veux pouvoir aller le chercher tout de suite et rentrer chez moi.”

“C’est le seul moyen”

La délégation d’Annick Girardin repart de la galerie. Les 4×4 sont escortés par des policiers en uniforme d’apparat blanc qui ouvrent la route au cortège sur leurs motos.

L’accord, ils en connaissent les faiblesses, mais jugent que “c’est le seul moyen”. “Il faut y croire”, répètent-t-ils sans enthousiasme, mais avec la certitude que c’est la seule solution.

Source: lejdd.fr

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