131 affaires inscrites au rôle, dont celle de l’assassinat de l’imam Abdoul_Aziz_YATTABARE ; 168 accusés, dont 117 en détention, c’est la physionomie de la 2e session de la Cour d’assises de Bamako au titre de l’année judiciaire 2018-2019 qui s’est ouverte hier, dans la salle d’audience de la Cour d’appel de Bamako, sise à Banankabougou.
Le Procureur général, près la Cour d’appel de Bamako, Idrissa Arizo MAIGA, dans son discours d’ouverture de la session détaille. Ainsi, les crimes de sang concernent 16 cas d’assassinats ; 7 cas de meurtre ; 13 cas de coups mortels ; 2 cas de coups et blessures volontaires aggravés ; 5 cas d’infanticide ; 2 cas d’empoisonnement.
Pour les infractions contre les mœurs, ce sont 20 cas de viol ; 12 cas de pédophilie ; 1 cas d’attentat à la pudeur qui sont inscrits au rôle.
Les infractions contre les biens compliqués d’association de malfaiteurs et de violences portent sur 10 cas de vol qualifié ; 3 cas d’atteinte aux biens publics ; 2 cas de blanchissement.
Il annonce également les infractions de terrorisme (16) ; faux et usage de faux (10) ; traite des personnes (4) ; incendie volontaire (2) ; trafic de stupéfiants (2) ; enlèvement de personnes (1) ; utilisation et distribution de signes monétaires contrefaits (1).
À l’analyse de ce tableau par le Procureur MAIGA, il « apparaît clairement la prépondérance et la propagation de la violence comme mode d’expression de beaucoup de nos compatriotes ».
Il ajoute : « sous des formes multiples et variées, ses manifestations les plus graves vont de l’atteinte à la vie, à l’intégrité corporelle à travers : assassinats, coups mortels, meurtre, coups et blessures volontaires aggravés, terrorisme, viol en bande, pédophilie. Toutes infractions qui, il y a peu, étaient considérées comme extrême, à cause de leur rareté, mais qui aujourd’hui, à cause de leur fréquence, et par leur récurrence, inclinent à leur banalisation, parfais, au fait divers ».
Le Procureur général pointe du doigt « l’insouciante malsaine et la propension à la déshumanisation des mœurs inquiètent et doivent interpeller ».
Interdite d’inertie, selon M. MAIGA, « la posture de la justice face au crime doit être constante, inébranlable et inflexible pour réparer ce qui peut encore l’être, et sanctionner lourdement au besoin ».
« L’autre modalité de violence, souligne le Procureur général, consiste en la publicité donnée aux crimes les plus horribles à travers leur mise en ligne, sur les réseaux sociaux : viol collectif en bande, assassinat, phénomène fâcheux selon l’usage qu’on en fait, et dans la plupart des cas, c’est pour se délecter du malheur des autres ».
M. MAIGA ne se contente pas de dénoncer, mais il propose, tout en laissant le soin aux professionnels de trouver la réponse appropriée.
« Le remède unique à ses dérives, à ces tares sociales qui envahissent l’espace public de nos sociétés, comme une génération spontanée, reste l’application rigoureuse de la loi ».
La 2e session de la Cour d’assises s’ouvre sous de bons auspices, eu égard au renforcement conséquent du personnel magistrat de la Cour et subséquemment de l’espoir désormais naissant de l’amélioration accrue des performances attendues de tous.
C’est l’explication du rôle particulièrement chargé de cette session qui, comme les précédentes, prend complètement en charge tous les dossiers de détenus en état de recevoir jugement, et pas seulement, car il est également enrôlé tous les renvois de la dernière session composés essentiellement d’affaires de terrorisme.
PAR BERTIN DAKOUO