Dans le cadre de la 23ème édition du Forum de Bamako, tenue du 18 au 20 mai dernier à l’hôtel Azalaï de Bamako (capitale du Mali), des sommités venues du Sénégal, du Burkina Faso, de la Gambie, du Canada, d’Espagne, de la France et autre continent se sont penchés, trois jours durant, sur le thème consacré au « développement local comme facteur de paix et de sécurité ».
Pour la 23ème édition, les participants ont échangé via plusieurs panels dont « l’aménagement du territoire, de la gouvernance territoriale et du développement local en Afrique : enjeux et défis » ; « la dividende démographique, croissance urbaine et dynamiques socio-spatiales des territoires » ; « la disponibilité des services sociaux de base et du capital humain » ; « les enjeux et les défis de l’accès à la santé : quel système de santé communautaire pour assurer la sécurité humaine sur l’ensemble du territoire »… Placés sous la présidence du premier ministre, Dr. Choguel Kokalla Maïga, les travaux d’ouverture de l’édition 2023 ont importé la présence de plusieurs diplomatiques dont l’ambassadeur du Sénégal au Mali,Birama Mbagnick Diagne, l’ambassadrice de la Suède au Mali, Mme Kristina Kûhnel, celle des Etats-Unis, Rachna Korhonen, le chef de la Minusma, El-Ghassim Wane, des partenaires… En dépit du contexte sécuritaire ardu, la ville de Bamako a pu accueillir des personnalités venues du continent africain, de l’Europe, de l’Asie, de l’Amérique pour assister, du jeudi 18 au samedi 20 mai dernier, à cette 23ème édition placée sous le thème « développement local comme facteur de paix et de sécurité ». Grâce à cette initiative du sieur Abdoullah Coulibaly, président de la Fondation Forum de Bamako, la tenue régulière de ce rendez-vous a maintenant permis de mobiliser plus de 23.000 personnes qui ont pu se prononcer, analyser voire faire des recommandations sur une thématique bien précise afin de relever les défis auxquels le Mali, l’Afrique et le monde entier demeurent confrontés. « Depuis 2012, le Mali traverse une crise multidimensionnelle et complexe alimentée par le terrorisme et le trafic de tout genre. Or, le développement d’un pays reste tributaire de sa stabilité durable », a souligné le ministre Youba Bah, représentant du premier ministre. Félicitant les organisateurs pour cette rencontre de haut niveau, le représentant du PM a annoncé que « nos pays ont besoin de développement pour assurer leur émergence et atteindre les objectifs du développement durable à l’horizon 2063 ». Aux dires du ministre de l’Elevage et de la Pêche, le développement local fait du territoire le chef d’orchestre de son propre développement par la participation des populations. Cela, dit-il, en synergie avec les acteurs de l’écosystème. Une stratégie de développement local mûrement réfléchie offre nécessairement, selon lui, l’opportunité aux populations de mieux s’organiser à la base en vue d’une appropriation collective des questions touchant la situation socio-économique, politique, sécuritaire, organisationnelle et institutionnelle. Il s’agit, poursuit le ministre, d’un processus majeur mobilisant d’une manière inclusive populations, partenaires et acteurs nationaux en vue d’un contrôle citoyen mieux articulé et soutenu, des responsabilités transférées aux communautés locales à travers le processus de décentralisation. « Le développement local est un axe majeur de reconstruction, de cohésion sociale et de devenir de nos populations », a conclu le représentant du PM. Par cette rencontre, explique Abdoullah Coulibaly, « notre communauté se retrouve pour échanger autour des grands enjeux qui sont au cœur du devenir de nos sociétés et des défis qui interpellent toute l’humanité ». Le président de la Fondation estime que le développement local au service de la paix et de la sécurité raisonne en chacun de nous, voire nous fait rêver à une société harmonieuse où il fait bon vivre. Une société où les citoyens voient leurs aspirations comblées. L’un des objectifs du développement local est centré sur la mobilisation de toutes les potentialités d’une locale pour, confie Abdoullah, dynamiser les activités de production et améliorer le niveau de vie des citoyens. La gouvernance locale implique, a-t-il ajouté, la démocratisation des processus de décision au niveau local et requiert le transfert aux collectivités locales de l’autorité et des ressources indispensables à leur fonctionnement. Le développement local suppose que les populations et autres organisations de base prennent part au processus des décisions. Chose qui ne se fait de nos jours, déplore le président. Alors que « le développement local signifie de donner la possibilité aux citoyens de maîtriser leur propre développement en apportant des solutions partagées à des problèmes existentiels », indique l’initiateur du forum.
Des recommandations formulées
Au nom des participants, le Pr. Alioune Sall a rappelé les différentes thématiques qui ont fait l’objet d’échanges entre les participants. Le Sénégalais annonçait, lors de la clôture du forum, que l’expertise ayant été mise à profit pour procéder à l’analyse du diagnostic par les participants est une expertise nationale et internationale. Après trois jours d’intenses travaux, les recommandations ont été alors formulées. Elles portent sur quatre grands axes. Le premier axe porte sur la problématique de la démographique. « Parce qu’on ne saurait parler du développement territorial sans une prise en compte sérieuse de la démographique », souligne Alioune. Le deuxième point concerne la transformation structurelle de l’économie du pays. À cela s’ajoutent la revue du mode de la gouvernance territoriale (3ère point) et la politique de développement social du pays (4ème point). Le combat pour la paix et la sécurité dans le sahel est d’abord celui du développement local, selon El-Ghassim Wane. C’est aussi un combat contre le chômage, la mauvaise gouvernance, l’exclusion des jeunes…, estime le chef de la Minusma. Le niveau local doit être un espace d’investissement à privilégier, selon lui, par l’Etat et les partenaires pour lutter contre l’enrôlement des jeunes dans le terrorisme. « Oui, il faut investir fortement dans le développement, mais il faut aussi améliorer la gouvernance nationale », argue l’intervenant.
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS