Après la rédaction, la finalisation et la validation par le président Assimi Goïta, le gouvernement de la transition a entamé un vaste processus de vulgarisation du projet de nouvelle constitution auprès de la population. Successivement les acteurs et professionnels des médias, les hauts cadres de l’administration publique, des collectivités territoriales et du commandement militaire ainsi que les mouvements et organisations faîtières des jeunes et femmes ont été édifiés de long en large sur le document la semaine dernière. Le premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, le ministre d’Etat en charge de l’administration territoriale et de la décentralisation, le col. Abdoulaye Maïga, le ministre de la refondation de l’Etat, Ibrahim Ikassa Maïga étaient tous sur le terrain pour l’occasion.
Depuis sa validation par le président Assimi Goïta, en mars dernier, le Mali est en train de mettre successivement en œuvre son vaste programme de vulgarisation du projet de nouvelle constitution. Après un coup d’envoi donné aux acteurs et professionnels des médias, le lundi 15 mai 2023, par le premier ministre de la transition, le Dr Choguel Kokalla Maïga, les hauts cadres de l’administration publique, des collectivités territoriales et du commandement militaire ainsi que les mouvements et organisations faîtières des jeunes et femmes ont à leur tour été successivement rencontrés par les membres du gouvernement le jeudi et vendredi. Objectif, les aider à mieux s’approprier du projet de document constitutionnel afin que le 18 juin, leur vote soit responsable et dirigé par un état d’esprit pouvant résister aux slogans de campagne.
Il faut savoir qu’en plus de ces rencontres d’échanges avec les forces vives de la nation autant à Bamako qu’à l’intérieur du pays, le projet de nouvelle constitution a également été traduit dans les 13 langues locales officielles du Mali en plus de l’Arabe toujours dans le cadre de cette politique de vulgarisation initiée par les plus hautes autorités de la transition.
Ainsi, pour la première fois dans l’histoire politique de la République du Mali, le peuple est associé à tel point au processus d’adoption d’une norme qui concerne la vie de la nation. D’aucuns s’attellent même à dire que le présent projet, une fois adopté, sera une constitution 100% malienne du fait que, non seulement aucun étranger, fut-t-il expert, n’a pris part à son élaboration, mais aussi c’est la compilation des conclusions des différentes assises nationales depuis le temps du président Alpha Oumar Konaré.
La dernière en date de ces consultations fut les Assises Nationales de la Refondation (ANR) à travers laquelle le peuple malien a renouvelé son désir de corriger pour de bon, les insuffisances de la constitution de 1992 dont la vétusté a plusieurs fois exposé le pays à des crises politico institutionnelles de 2012 à nos jours. D’ailleurs, il faut rappeler que du président Alpha Oumar Konaré à Ibrahim Boubacar Keita en passant par Amadou Toumani Touré, plusieurs tentatives de révisions constitutionnelle ont échoué. L’on se rappelle du fameux mouvement hétéroclite « Antè A Bana » sous le président Ibrahim Boubacar Keita en 2017 où toutes les sensibilités du Mali se sont regroupées en bloc pour faire barrage au projet de révision constitutionnelle du résident IBK à l’époque. Un mouvement politico religieux qui avait certes d’autres revendications, mais prêtait aussi au président déchu une volonté de changer la constitution pour se maintenir au pouvoir. Surtout du côté des politiques. C’est pourquoi, pour le pouvoir actuel de Bamako soutenu par une frange importante de la population, la période de transition est le moment propice pour mener certaines réformes politiques et institutionnelles dont les acteurs politiques, à cause de leur position, ne seraient pas en mesure de faire, comme ce fut d’ailleurs le cas lors des trois tentatives qui ont échouées par le passé.
Après la rédaction, la finalisation, cette dernière phase du processus consiste à expliquer à l’ensemble des Maliens, le contenu du document finalisé, notamment, les innovations et les corrections portées à certaines de leurs préoccupations par la commission de finalisation.
Ainsi on comprend clairement que contrairement à certaines interprétations erronées et dénigrements faits du document par certaines individus et couches sociales, le projet de nouvelle constitution note une avancée majeure dans la gouvernance publique au Mali avec une touche plus sur le plan international, notamment, le respect de la souveraineté du Mali, le respect de ses choix stratégiques et le respect de l’intérêt du peuple malien dans la prise de toute décision concernant le Mali.
Concernant la question du renforcement des pouvoirs du président de la république qui est beaucoup plus avancé par les détracteurs, il faut comprendre que c’est également la première fois le peuple dispose des prérogatives de destituer le président de la république en plein mandat. Un pouvoir qui permettra beaucoup, selon les experts, de réduire sinon mettre fin aux coups d’état réplétifs au Mali.
Issa Djiguiba
Source : LE PAYS