Si, suite à leur soulèvement contre l’ex-junte militaire, les corps de 21 « bérets rouges » (commandos parachutistes) ont été retrouvés dans la fosse commune de Diago, cercle de Kati, d’autres « bérets rouges » n’ont pas encore été retrouvés. Leurs familles montent au créneau…
Parmi les militaires disparus se trouvent le soldat de première classe Cheick Oumar Diarra et le caporal Malamine Diarra. Les familles de ces deux « bérets rouges » ont tenu, vendredi 29 avril 2016 à la Maison des Jeunes de Bamako, une conférence de presse afin d’interpeler le gouvernement et l’opinion sur le sort de leurs proches (vivants ou morts?). La famille du caporal Malamine Diarra (du service clairon du bataillon des parachutistes au moment de sa disparition) était représentée par Aminata Diarra, la sœur du disparu. Quant à la famille du soldat Cheick Oumar Diarra, planton du colonel Abdine Guindo, chef du bataillon des parachutistes, au moment des faits, était représentée par la mère du défunt, Ribbeck née Fanta dite Agna Kélé.
Disparition du caporal Malamine
Aminata Diarra, sœur du caporal Malamine Diarra, témoigne : « Malamine, disparu le 30 avril 2012, est né le 10 octobre 1986 à Bamako; il est père de deux filles: Alima et Maimouna. Le lundi 30 avril 2012, entre 15 et 16 h, il reçut un appel du camp des parachutistes; la personne au bout du fil lui demanda de se rendre immédiatement au camp pour un rassemblement militaire. A 16 h, il porta son uniforme et se rendit au camp avec son ami Seydou TRAORE. Depuis, la famille n’a aucune nouvelle de lui. Dans la nuit du 1er Mai 2012, la famille entendit des coups de feu à Bamako et vit sur les écrans de l’ORTM un interrogatoire de commandos parachutistes qui auraient participé à un soulèvement. Le lendemain, RFI annonça qu’il y avait eu des combats entre « bérets verts » et « bérets rouges » dans la nuit et qu’il y avait eu des morts, des blessés et des prisonniers. Je me rendis à l’hôpital Gabriel Touré à la recherche de mon frère; ne l’y trouvant pas, je me rendis, jeudi 3 mai, à Kati. Devant les cellules où se trouvaient des détenus, je me mis à hurler le nom de mon frère, espérant qu’il me répondrait. Un policier me chassa de là. Un militaire me conduisit alors chez un colonel, me promettant que celui-ci pourrait me renseigner au sujet de mon frère. Ce colonel, du nom de Blonkoro Samaké, me montrera trois listes : celles des « bérets rouges » blessés, prisonniers et morts. Le nom de Malamine ne figurait sur aucune de ces listes. De retour à la maison, je reçus l’appel du militaire qui m’avait conduite chez le colonel: il me demanda de foncer au Génie militaire où il pensait que Malamine se trouvait. Un peu soulagée, je me rendis au camp du Génie Militaire de Bamako. Là, je demandais à un sergent-chef arrêté devant la grande porte avec son arme s’il connaissait Malamine, béret rouge détaché au Génie Militaire; il me répondit qu’il le connaissait mais qu’il n’était pas détenu dans ce camp. Le vendredi 4 mai, à 8 h, je partis au Camp 1 de la gendarmerie pour voir si son mon frère ne figurait pas parmi les « bérets rouges » invités par la junte à s’y faire enregistrer. Malamine n’était pas là non plus. Le même jour, vers 13h, je me rendis à l’hôpital du Point-G, accompagnée d’un oncle. En vain. Après plusieurs mois d’attente, notre famille a saisi l’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH) et Amnesty International. Nous l’avons fait de concert avec les familles des autres « bérets rouges » disparus à la date du 21 novembre 2013. Le 25 novembre 2013, la journaliste Alex Duval Smith de la BBC-Afrique m’accorda une interview sur au sujet de la disparition de mon frère. ».
Disparition du soldat Cheick Oumar Diarra
Dans son témoignage, la mère de Cheick Oumar Diarra, recruté dans l’armée en 2010 et soldat de 1ère classe au 33ème Régiment des Commandos Parachutistes au moment de sa disparition, a relaté que le soldat a quitté le domicile familial le lundi 30 avril 2012 après avoir reçu un appel vers 18 h. La personne qui l’appelait lui demandait de se trouver au camp des parachutistes. Il porta son uniforme et se rendit à l’appel. Depuis, personne n’a reçu de ses nouvelles, malgré les recherches entreprises par sa famille.
Les conférenciers révèlent qu’après 3 ans d’attente, les familles ont adressé, le 17 mars 2016, des courriers au Premier Ministre et au ministre de la Défense afin d’interpeller ces autorités sur le sort de Malamine et de Cheick Oumar Diarra. A ce jour, aucune réaction. A l’occasion, donc, des 4 ans de disparition des deux militaires, les familles interpellent à nouveau les autorités. Elles exigent que toute la lumière soit faite sur ces disparitions.
Abdoulaye Koné
Source: proces-verbal