La journée internationale sans tabac, comme à l’accoutumée, a été célébrée par notre pays, hier mercredi, à l’Institut national de formation en sciences de la santé (INFSS), pour faire le bilan de la lutte contre le tabagisme et sensibiliser sur les risques mortels de cette dépendance.
Dans notre pays, malgré les multiples campagnes de sensibilisation, l’ampleur de la consommation de ce produit nocif chez les jeunes scolaires est préoccupante. Des enquêtes signalent que plus d’1/3 des élèves entre 13 à 15 ans consommaient du tabac sous une forme ou une autre.
La cérémonie de lancement des activités de cette journée placée sous le thème « le tabac, une menace pour le développement» était présidée par le conseiller technique du ministre de la Santé et de l’hygiène publique, Mme COULIBALY Seynabou TOURE. Elle avait à ses côtés le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS-Mali), Abdoulaye CISSE ; le président du Réseau de lutte contre le tabac et autres stupéfiants (RELUTAS-Mali), Me Mahamane CISSE. Y étaient présents des étudiants, le corps professoral de l’INFSS ; ainsi que plusieurs acteurs de la société civile qui luttent contre la consommation du tabac.
Cette journée organisée par le Réseau de lutte contre le tabac et autres stupéfiants, en collaboration avec OMS-Mali et le ministère de la Santé, est une occasion de faire des plaidoyers pour l’abandon de la consommation du tabac ; réfléchir à des mesures et approches pour décourager à la consommation du tabac, entre autres.
Le RELUTAS-Mali, selon son président, est une association faitière qui a été créée le 4 avril 2010, grâce à l’appui technique et financier de l’OMS et du ministère de la Santé. Cette faitière, précise-t-il, regroupe 10 associations et ONG toutes engagées dans la lutte contre le tabac et autres stupéfiants dans notre pays.
Les enfants de plus en plus accros au tabac
En dépit de nombreuses années de lutte, d’après le président du RELUTAS-Mali, le taux de consommation du tabac demeure très élève. Se référant aux données de l’OMS, il a informé que le tabagisme tue environ 6 millions de personnes par an dans le monde, dont 600 000 par exposition involontaire à la fumée du tabac.
Il ajoute, en outre, que jusqu’à 63% des décès dus aux maladies non transmissibles sont imputables au tabagisme. Au regard de ces chiffres, il met en garde que si rien n’est fait, le tabagisme entrainera plus de 8 millions de décès par an d’ici 2030 dont 80% dans les pays à faible revenus.
Au Mali, en dépit de l’adoption de plusieurs lois et mesures pour décourager la consommation du tabac, le président du RELUTAS-Mali note avec inquiétude la prévalence du tabagisme dans le pays.
Il a rappelé qu’une enquête globale sur le tabagisme, réalisée à Bamako en 2001 chez les jeunes élèves des écoles fondamentales, indiquait que plus du tiers des élèves de 13 à 15 ans consommaient du tabac sous une forme ou une autre, 28% s’adonnaient à la cigarette et 11% à un autre produit du tabac.
Pis, a-t-il informé, une autre étude de thèse présentée en 2005 à la Faculté de médecine de pharmacie, sur la consommation du tabac, a révélé un taux de prévalence de 15% chez les élèves de 12 à 21 ans, parmi lesquels 91% de garçons et 9% de filles.
Par ailleurs, dans le cadre de cette lutte, le président du RELUTAS-Mali a rappelé qu’ils ont participé à l’élaboration du Plan d’actions national multisectoriel de lutte antitabac, adopté en 2016, avec le ministre de la Santé et d’autres partenaires. Mais a-t-il déploré, depuis l’adoption de ce plan aucune avancée significative n’a pu être atteinte.
Me CISSE s’est également préoccupé de la tenue de la réunion du Comité national de contrôle du tabac (CNCT) qui ne se tient plus régulièrement. Ce dysfonctionnement impacte, à son avis, les actions de contrôle du tabac.
Il a enfin proposé en plus des mesures en vigueur, l’interdiction du marketing et de la publicité du tabac, la promotion du conditionnement neutre pour les produits du tabac, l’accroissement des droits d’accise et l’interdiction du tabac dans les lieux publics et les lieux de travail.
Le représentant de l’OMS-Mali à cet événement, Abdoulaye CISSE, a indiqué que la consommation du tabac a de nombreuses conséquences sur la santé de l’homme. Selon lui, le tabagisme est l’un des facteurs principaux de risques évitables de maladies non transmissibles telles que les cardiopathies, le cancer, les affections pulmonaires chroniques et le diabète, etc.
Il a également relevé qu’au plan économique, le tabagisme exacerbe la pauvreté, car les personnes les plus pauvres consacrent moins de ressources à la satisfaction de leurs besoins essentiels.
Tout comme son prédécesseur, il a profité de l’occasion pour exhorter nos autorités d’inclure la lutte antitabac dans leurs politiques et plans nationaux et dans les cadres de réalisation des objectifs de développement durable.
Après l’ouverture des activités de la journée par la représentante du ministre de la Santé, il a été procédé à la remise d’attestation d’encouragement à la DNCC. Cet acte a été suivi d’une conférence-débats sur les méfaits du tabagisme qui a été présenté par le Pr Ilo DIALL.
Par Sikou BAH
Source: info-matin