Née le 3 décembre 1970, l’ALG, réunissant le Burkina Faso, le Mali et le Niger, avait pour objectif de coordonner les efforts des trois pays en faveur d’un développement durable et de la stabilité communautaire. Cette institution passe désormais à la vitesse supérieure. Une réforme a été adoptée le 11 juillet 2025 par le Collège de la Confédération des États du Sahel, portant création de l’Agence chargée de l’exécution des projets de la CES en remplacement de ladite Autorité.
Le coup d’accélérateur
C’est dans un esprit fraternel et solennel que les chefs d’État se sont réunis par visioconférence le 11 juillet, dans le cadre de la 8ᵉ session ordinaire de l’Autorité du Liptako, sous la présidence du Général Abdourahamane TIANI, Président de la République nigérienne, afin de se pencher sur l’avenir de leur espace commun, passant également en revue l’état de coopération au sein de cette dernière. Après les protocoles d’usage de part et d’autre, le président de la Conférence a souligné le point inscrit à l’ordre du jour portant notamment sur les différents changements en vue. À tour de rôle, les deux autres chefs d’État ont fait étalage de leurs propositions pour une coopération plus saine. La Confédération, engagée dans sa quête d’un équilibre approprié, cherche à attirer les meilleures faveurs, raison de plus pour anticiper les imprévus. Ce coup d’accélérateur va permettre d’imbriquer des projets afin de propulser leur réalisation, notamment en ce qui concerne la future banque d’investissement, le transport, l’agriculture, l’eau, l’énergie, voire les mines. Il s’agira de mettre en place un comité de pilotage au sein de la désormais Agence d’exécution des projets pour veiller à leur mise en œuvre dans les meilleurs délais, au bénéfice du bien-être régional.
Le rejet de l’immobilisme administratif
Le Président du Faso est revenu sur ce qui constituait un obstacle pour l’Autorité du Liptako, à savoir l’immobilisme administratif, et a suggéré à ses pairs de penser une nouvelle stratégie pour stopper une telle « hémorragie administrative ». L’Agence d’exécution, pour le Capitaine Traoré, doit rimer avec beaucoup de proactivité et d’engagement à atteindre les objectifs fixés. Dans un espace comme le Sahel, où les attentes s’enflent au fil du temps, où les espoirs populaires demeurent encore intransigeants, le temps ne saurait être l’allié de la Confédération. C’est dans cet esprit d’extrême urgence que le Président burkinabè a appelé ses homologues à éviter la reproduction des mêmes erreurs avec l’Agence nouvellement créée. Ces propositions ont été bien accueillies par Bamako et Niamey, également soucieuses du sort de leur espace commun. Pour finir, il convient de rappeler que toutes les institutions en Afrique sont souvent confrontées à cet immobilisme, ce manque de timing dans les prises de décisions, et là aussi, la CES veut tirer toutes les indispensables leçons.
L’Agence de développement en tandem avec les réalités de l’ère
Cette lourde tâche revient au Conseil d’orientation, si l’on se réfère aux propositions du Président nigérien, qui souhaite qu’aucun effort ne soit ménagé à cet effet. À travers cette initiative de haute portée, le Collège présidentiel de la CES veut en tirer le meilleur pour combler les attentes. Cependant, il est nécessaire de rappeler que cette tâche s’annonce complexe en termes financiers, ce qui constitue le nerf du projet, sachant que les chantiers qui attendent dans les secteurs du transport, de la santé, de l’enseignement fondamental et supérieur, des mines, de l’énergie, du climat, de l’environnement, de l’agriculture et de l’industrie exigeront des sommes colossales. Mais à entendre le Président du Faso, rien ne devrait pouvoir faire fléchir leur détermination, dans la mesure où ils sont suffisamment imprégnés, selon lui, pour savoir où se positionner pour brûler les étapes.
Par ailleurs, sur un continent victime du laxisme et du manque de coopération franche de ses dirigeants, l’AES reste prudente face à des organisations non prêtes pour une aventure turbulente, les accusant de ne pas avoir d’autre ambition que de rester scotchées à leurs discours. À ses dires, le projet 2063 de l’Union africaine et celui qu’elle prévoit à l’horizon 2040 pour le développement de son réseau ferroviaire régional et sous-régional ne doivent pas désorienter la CES de ses objectifs, qui rejoignent approximativement ceux de l’Organisation continentale. Une chose est sûre, le fardeau à porter pèse lourd.
Halte aux subventions
L’Agence d’exécution, à travers la nouvelle dynamique insufflée, devrait être placée à l’abri de tout financement extérieur, dans le but de minimiser les tentatives d’influence et d’instrumentalisation. À ce sujet, il ne fait aucun doute que celui qui finance décide en grande partie des actions à mener et impose souvent ses diktats. Ce point s’est invité lors de cette 8ᵉ session en guise de rappel, compte tenu des tournures géopolitiques sahéliennes. Une réflexion accrue s’est portée sur de nouveaux mécanismes de financement, avec à la clé le respect des échéances pour les cotisations, afin d’écarter tout retard lié à la mobilisation des fonds mais aussi au paiement du personnel de l’Agence. Ils semblent en tout cas activer ce qu’on appelle le levier financier, ce dernier constituant un recours qui va permettre de soutenir les actions communes. Sur un autre plan, les attentes et les questions de nomination pour une harmonisation effective n’ont pas été mises en retrait.
En attendant le deuxième sommet de la CES
Dans le cadre du prochain sommet de la Confédération des États du Sahel, l’accent sera particulièrement mis sur ce qui reste encore à faire pour rendre l’Agence exécutive effective et opérationnelle. Dans ce sens, les dernières conclusions à l’issue dudit sommet, qui se tiendra dans la capitale malienne, édifieront davantage les opinions sur cet énième projet de l’espace confédéral.
Amadou Wane