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Jeu dilatoire au sein de l’UEMOA : l’AES s’offusque

Le 11 juillet 2025 à Lomé, les représentants des États membres de l’AES ont claqué la porte de la deuxième session ordinaire annuelle du Conseil des ministres de l’UEMOA. Une façon éloquente pour les trois pays de dénoncer une entorse grave au principe de rotation équitable, suite au refus d’acceptation du Burkina Faso à la présidence tournante du Conseil, conformément à l’article 11 des statuts de l’Union.

Les renversements populaires ayant porté au pouvoir les régimes militaires du Mali (2021), du Burkina Faso (2022) et du Niger (2023) ont bouleversé l’architecture institutionnelle de l’Afrique de l’Ouest. En janvier 2025, les trois pays ont quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dénonçant l’ingérence étrangère et une gouvernance économique jugée déséquilibrée. Devenus membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), aujourd’hui érigée en confédération, les trois pays en transition entendent désormais faire entendre leur voix au sein des autres institutions régionales, notamment l’Union monétaire ouest-africaine (UEMOA).

En effet, lors de la deuxième session ordinaire annuelle du Conseil des ministres de l’UEMOA, les représentants des États membres de l’AES, faute d’accord sur la désignation du Burkina Faso à la présidence tournante du Conseil, conformément à l’article 11 des statuts de l’Union, ont préféré claquer la porte.

Mais au cœur de ce malaise, la Côte d’Ivoire, qui à visage découvert brandit un soi-disant « souci de stabilité institutionnelle », s’oppose au passage de relais à Ouagadougou. En coulisses également, plusieurs dirigeants prônant « la démocratie » estiment que confier cette lourde responsabilité à un État en transition militaire pourrait compromettre les équilibres fragiles de l’espace monétaire ouest-africain.

Il faut rappeler qu’une fois installé, le président du Conseil des ministres pourra non seulement présider et convoquer les sessions, mais aussi – et surtout – solliciter des rapports, faire des recommandations et prendre toute initiative utile en lien avec la BCEAO, la Commission bancaire, la BOAD, le CREPMF et la Commission de l’UEMOA. Des prérogatives jugées trop stratégiques pour être confiées, selon ces partisans, à un pays en rupture avec les normes institutionnelles de la zone.

Vers une rupture idéologique ?

Derrière ce blocage se cache une divergence profonde de vision. Les États de l’AES, désormais en quête de souveraineté économique, monétaire et sécuritaire, affichent une volonté de rupture avec les schémas classiques. À l’inverse, des pays comme la Côte d’Ivoire et d’autres défendent la continuité du cadre institutionnel, perçu comme garant de la stabilité macroéconomique et de l’attractivité des investissements étrangers.

Du côté de l’AES, cette réticence est perçue comme une nouvelle manœuvre d’exclusion, un refus déguisé d’accorder une légitimité institutionnelle à des régimes militaires pourtant issus de processus populaires. Ainsi, ce bras de fer pourrait conduire à un nouveau point de rupture. Car, après la CEDEAO, l’UEMOA pourrait à son tour connaître une fracture, remettant en cause l’unité économique déjà fragilisée par les crises politiques récurrentes dans la sous-région.

Si aucune médiation officielle n’a été engagée jusqu’à présent, des pays comme le Togo, réputés pour leur diplomatie souple à l’égard des pays en transition, pourraient se manifester pour tenter de désamorcer cette crise à issue incertaine.

Issa Djiguiba

Source : Le PAYS
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