Dans un communiqué transmis à la rédaction de Bamada.net, le collectif dénommé Partis politiques pour la Constitution a vivement réagi au décret présidentiel n°202-0318/PT-RM du 7 mai 2025, suspendant jusqu’à nouvel ordre les activités de tous les partis politiques et associations à caractère politique sur le territoire national. Un acte qualifié d’illégal, de liberticide, et dénoncé avec une fermeté assumée par les signataires du texte.
Bamada.net-Ce décret, signé par le Président de la Transition et pris en Conseil des ministres, marque une nouvelle étape dans la série de restrictions imposées à l’espace civique et politique malien depuis le début de la transition. Pour les partis politiques concernés, la coupe est pleine.
Un acte dénoncé comme illégal et inconstitutionnel
Dès les premières lignes de leur déclaration, les partis signataires ne cachent ni leur indignation, ni leur résolution. S’ils affirment ne pas être surpris par cette décision, ils s’insurgent néanmoins contre ce qu’ils considèrent comme un « dépassement manifeste des compétences reconnues à l’exécutif en droit malien ».
Ils rappellent que la Charte des Partis politiques, principal texte de régulation de la vie politique au Mali, demeure en vigueur, et qu’en vertu de cette législation, aucune autorité administrative n’est habilitée à suspendre un parti politique. Ce pouvoir, affirment-ils, est réservé aux juridictions compétentes, sur la base de fautes précises et avérées. En l’espèce, aucune faute, aucun grief individuel n’est évoqué dans le décret gouvernemental, sinon une vague référence à la préservation de « l’ordre public ».
Les libertés fondamentales en danger
Le collectif estime que cette suspension constitue une violation flagrante de plusieurs libertés fondamentales, notamment la liberté d’association, la liberté d’expression et le droit à la participation politique, garanties tant par la Constitution que par les engagements internationaux du Mali.
« L’État de droit n’est pas une faveur accordée à certains : il est un rempart pour tous, y compris pour celles et ceux qui exercent aujourd’hui le pouvoir d’État », écrivent-ils avec gravité.
Une crainte pour la stabilité du pays
Loin de percevoir cette suspension comme un facteur d’apaisement, les signataires redoutent plutôt l’effet inverse. Ils craignent que cette décision n’envenime davantage un climat sociopolitique déjà tendu, au lieu de contribuer à l’instauration de la paix sociale. La mesure, selon eux, pourrait « constituer un facteur potentiel de troubles et de tension sociales ».
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Ils soulignent également l’absence de dialogue inclusif et la fermeture progressive de l’espace politique, qui empêchent toute construction collective de la refondation tant promise. Pour eux, l’exclusion des partis politiques du débat national est une faute stratégique majeure, dans un pays encore fragile, en proie à des défis sécuritaires, économiques et sociaux immenses.
Le recours à la justice et l’appel au dialogue
Le collectif annonce entamer, sans délai, une procédure judiciaire en urgence pour annulation du décret. Une action en justice qui, selon leurs termes, s’inscrit dans leur volonté de rester dans la légalité républicaine, malgré les pressions, les intimidations et les violences subies par certains membres.
Dans le même temps, les partis pour la Constitution exhortent les autorités de la Transition à faire preuve de retenue, de hauteur de vue et d’un véritable sens de l’intérêt général, afin d’ouvrir la voie à un dialogue national sincère. « Le Mali a besoin d’apaisement, de rassemblement et non de division », insistent-ils.
Une vision politique plus large défendue
Au-delà du combat juridique et politique, les partis signataires réaffirment leur engagement envers les valeurs démocratiques et la refondation des institutions, autour d’un socle de principes clairs : respect de la Constitution, renforcement de l’État de droit, protection des droits fondamentaux, amélioration des conditions de vie des citoyens.
Ils s’engagent, dans un ton calme mais résolu, à « mettre en œuvre tous les moyens légaux à [leur] disposition pour défendre les droits économiques et sociaux des citoyens, combattre la corruption, le népotisme, les séquestrations et garantir à tous les Maliens un accès équitable à la santé, à l’éducation, à l’électricité et à la justice ».
Conclusion : un bras de fer à venir
À travers ce communiqué publié en exclusivité sur Bamada.net, les Partis politiques pour la Constitution lancent un véritable défi politique et juridique au pouvoir de la Transition. Ils revendiquent non seulement le droit d’exister, mais aussi celui de participer pleinement à la construction du Mali de demain.
Loin d’un simple cri de protestation, ce texte sonne comme le prologue d’un bras de fer juridique et politique, qui pourrait s’intensifier dans les jours à venir, à mesure que la société civile et d’autres acteurs se positionnent face à cette mesure inédite.
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Ladji Djiga Sidibé
Source: Bamada.net