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Augmentation de salaire: à quoi faut-il s’attendre ?

La décision des autorités de transition d’augmenter la valeur indiciaire des salaires des agents de la fonction publique de l’État et des collectivités de 400 à 470 FCFA, à compter de janvier 2026, est une revalorisation majeure au plan social.

La décision qui rentre dans le cadre de l’application du Pacte de stabilité et de la croissance a une incidence de plus de 100 milliards de FCFA sur le budget d’État et représente entre 20.000 et 40.000 au niveau de chaque travailleur par mois. Elle aura des implications économiques, sociales et politiques significatives dans la vie de la nation au cours des 5 prochaines années.

1. sur le plan économique
• Amélioration du pouvoir d’achat : l’augmentation progressive des salaires (5,5 % en 2026, 5,5 % en 2028 et 6,5 % en 2030) vise à renforcer le pouvoir d’achat des fonctionnaires, des enseignants contractuels et des agents des collectivités territoriales. Avec une valeur indiciaire passant de 400 à 470 FCFA, soit une hausse de 17,5 %, cette mesure répond à une inflation cumulée qui a érodé le pouvoir d’achat depuis 2014, où le salaire moyen brut d’un fonctionnaire était d’environ 100 000 FCFA.
• Impact budgétaire : elle représente un coût estimé à 103,965 milliards de FCFA pour les finances publiques. La masse salariale publique, qui absorbe déjà 48 % des recettes fiscales et 35 % des dépenses de l’État, risque de peser encore plus lourdement sur le budget national, potentiellement au détriment des investissements dans d’autres secteurs comme les infrastructures, l’énergie ou la sécurité.
• Stimuler la consommation : Avec une croissance économique prévue à 4,2 % en 2025 et une inflation alimentaire élevée (9,1 % au premier trimestre 2025), cette mesure pourrait stimuler la consommation, mais elle intervient dans un contexte budgétaire tendu, marqué par des défis sécuritaires et une dette extérieure importante.

2. Sur le plan social :
L’augmentation progressive des salaires (5,5 % en 2026, 5,5 % en 2028 et 6,5 % en 2030) se traduit par :
• Apaisement du climat social : cette revalorisation salariale, fruit du Pacte de stabilité sociale et de croissance signé le 25 août 2023, répond aux attentes des syndicats, notamment l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM). Elle vise à réduire les tensions sociales et à renforcer l’engagement des travailleurs du secteur public, ce qui pourrait améliorer la productivité.
• Bénéfices pour les retraités : les retraités de la fonction publique et des collectivités devraient également voir leurs pensions revalorisées, ce qui pourrait améliorer leur niveau de vie.
• Risque d’inégalités : bien que l’augmentation profite à une large catégorie de travailleurs publics, les travailleurs du secteur privé ou ceux payés en dessous du SMIG pourraient ne pas bénéficier de mesures similaires, ce qui pourrait accentuer les disparités sociales.

3. Sur le plan politique
• Renforcement de la légitimité du gouvernement : cette décision, annoncée sous la présidence du général d’armée Assimi Goïta, est perçue par les Maliens comme un geste fort pour répondre aux attentes des travailleurs et renforcer la confiance dans les institutions. Elle s’inscrit dans une stratégie de dialogue social entamée avec le Pacte de 2023.
• Pression sur les finances publiques : selon l’économiste Modibo Mao MACALOU cette augmentation pourrait alourdir la masse salariale et compliquer la gestion budgétaire, surtout dans un contexte sécuritaire très instable. Cela pourrait obliger le gouvernement à faire des choix difficiles, comme réduire les investissements publics ou augmenter les impôts.
• Dialogue social renforcé : la création d’un cadre permanent de concertation sur les rémunérations, impliquant les syndicats, le Patronat et les ministères impliqués, indique une volonté de maintenir un dialogue bipartite, ce qui pourrait prévenir des conflits sociaux à l’avenir.

4. Défis et limites
• Contexte sécuritaire : les récentes attaques djihadistes dans la région de Kayes et de Ségou rappellent que la crise sécuritaire reste une priorité. Les ressources allouées aux salaires pourraient réduire les fonds disponibles pour la défense ou la reconstruction.
• Risque inflationniste : une augmentation de la masse salariale pourrait alimenter l’inflation, déjà élevée dans le secteur alimentaire, annulant partiellement les gains de pouvoir d’achat pour les fonctionnaires.
• Soutenabilité à long terme : avec un calendrier échelonné jusqu’en 2030, le gouvernement devra s’assurer que les finances publiques restent viables, surtout si la croissance économique ralentit ou si les pressions extérieures (comme les sanctions régionales ou les fluctuations des prix des matières premières) s’intensifient.
L’augmentation des salaires décidée par le gouvernement de la transition est une mesure ambitieuse visant à améliorer le pouvoir d’achat et à apaiser les tensions sociales, tout en renforçant l’engagement des fonctionnaires. Cependant, elle intervient dans un contexte économique et sécuritaire complexe, avec un impact budgétaire significatif qui pourrait limiter les investissements dans d’autres secteurs clés. Le succès de cette réforme dépendra de la capacité du gouvernement à équilibrer ses priorités tout en maintenant un dialogue social constructif.

Rassemblés par El Hadj Sambi Touré

Source : Info Matin
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