Après leur décision de retrait de la Cédéao, les autorités de la Transition essayent de rassurer les Maliens du bien-fondé de leur acte.
Les diplomates de la Cédéao et de l’Union africaine s’activent dans les coulisses en multipliant les entretiens et initiatives au sommet de l’organisation et des États de la sous-région pour faire face à cette situation et trouver une solution.
Côté Malien, les autorités de la Transition tentent aussi de rassurer les Maliens mis devant le fait accompli, du bien-fondé du retrait de la Cédéao. Elles rassurent que ce retrait sera sans conséquences pour les populations.
La semaine dernière, le Premier ministre de la Transition a rencontré les organisations professionnelles et les faîtières du secteur privé, représentées notamment par le Conseil national du patronat du Mali (CNPM), la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM) et l’Organisation patronale des industriels (OPI).
Au cours de cette rencontre, le chef de l’administration malienne a fait savoir aux organisations professionnelles et les faîtières du secteur privé que ce retrait du Mali de la Cédéao permettra à notre pays de définir des politiques commerciales optimales et plus avantageuses, d’avoir la liberté de décisions au plan politique et économique, de nouer et signer des accords bilatéraux et multilatéraux.
Comme à l’accoutumé, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a accusé la Cédéao d’être une menace pour les pays de l’AES. Dans sa prise de parole, le Premier ministre a laissé attendre que la Cédéao a un dessein lugubre qui consistait clairement à mettre à genoux nos pays, à susciter des remous sociopolitiques, à provoquer des changements politiques, bref l’effondrement de nos États, pour satisfaire les intérêts des puissances étrangères, des puissances extracommunautaires et extra-africaines connues comme étant des sponsors notoires du terrorisme au Sahel.
Mais cette rencontre n’a pas rassuré les organisations professionnelles et les faîtières du secteur privé. Les inquiétudes du patronat malien sur les conséquences de ce retrait pour leurs activités sont très fortes.
Pour le ministre de l’Economie et des Finances, Alousséni Sanou, ce retrait du Mali de la Cédéao est une question de survie.
”Le Mali perd annuellement 120 milliards de FCFA en étant dans la Cédéao, alors que son départ va lui permettre d’augmenter son budget de 21 milliards de FCFA. En se retirant de la Cédéao, Bamako peut développer une stratégie endogène de croissance de son économie”, a expliqué M. Sanou lors d’une rencontre avec des banquiers.
Tout de même, il ne faut pas se leurrer malgré qu’elle est l’ombre d’elle, la Cédéao offre des avantages en norme à tous les pays qui la composent en termes d’autonomie accrue en politique et économie, une flexibilité pour négocier des accords bilatéraux ; une liberté de fixer des politiques commerciales indépendantes et une possibilité de se concentrer sur des politiques intérieures sans contraintes régionales.
Cependant si ce retrait se concrétise, le Mali perd tout accès au marché commun de la Cédéao et aux avantages économiques. Il y aura aussi une diminution de l’influence et du poids dans les négociations régionales et internationales.
Ce retrait aussi va impacter considérablement sur la libre circulation des citoyens et les opportunités d’emploi. Ce qui aura des répercussions économiques sur les secteurs dépendants du commerce régional. Les risques de tensions diplomatiques avec les pays voisins et la perturbation potentielle des projets et infrastructures régionaux vont s’accroître.
Ousmane Mahamane