Afin de préserver ces forêts, il est envisagé de déguerpir les occupants qui y campent pour cultiver des champs

Le ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable Mohamed Ag Erlaf a effectué une visite dans les réserves de faune de Mandé Wula et Néma Wula dans le cercle de Kita les 6, 7, 8 et 9 juillet 2015. Il était accompagné du préfet du cercle de Kita, du président du conseil de cercle, du directeur national adjoint des Eaux et Forêts, du directeur régional des Eaux et Forêts de Kayes et des membres de son cabinet.
Cette mission faisait suite à celle effectuée par les autorités locales pour sensibiliser les occupants des aires protégées à quitter les forêts. Elle avait pour objet de convenir avec les représentants des communautés riveraines des réserves, des modalités de mise en œuvre du plan d’aménagement des réserves de faune de Mandé Wula et Néma Wula et le déguerpissement des occupations illicites dans la zone d’intérêt cynégétique de Faragama.
Il s’agit de maintenir les limites des réserves de faune pour la restauration de la faune et la sécurisation du réseau d’aires protégées transfrontalières, de valider les sites proposés pour la réinstallation avec les communautés riveraines, de libérer l’ensemble des réserves de toutes occupations humaines, de réinstaller les hameaux de cultures dans les sites identifiés et validés et de dégager des mesures d’accompagnement pour la réinstallation des hameaux.
Le ministre Mohamed Ag Erlaf a invité les différents acteurs à prendre leurs responsabilités face à la dégradation du patrimoine naturel. Pour lui, les aires protégées doivent servir toute l’humanité, il vaut mieux unir tous les efforts pour arrêter la déforestation.
Avant de se rendre sur le terrain, la délégation a eu droit à une présentation du Projet ERSAP et du plan d’aménagement des réserves de faune de Mandé Wula et Néma Wula dont la validation technique a eu lieu le 4 mai 2015 à Kita. Occasion pour Mamadou Koné, coordinateur du projet ERSAP, de faire la genèse des activités et approches de proximité pour dégager les aires protégées et leur conférer leurs activités précises (préservation forêt-faune et flore). « On dénombre plus de 92 hameaux de culture et parfois un seul paysan peut se tailler plus de 100 ha de champ », a fait observer le chef du projet qui a rappelé que la date butoir pour le déguerpissement est fixée au mois de mai 2016.
Au cours des échanges, le représentant de la CMDT, Souleymane Y. Diarra, chef de la section statistique et suivi évaluation de la filiale de Kita, a informé l’assistance des mesures prises pour accompagner le déguerpissement des hameaux à savoir le retrait des intrants et la relève des deux agents en poste dans la zone d’emprise du complexe Mandé Wula et Néma Wula.
Les populations des six villages concernés (Limakolé, Gallé, Sitaoulé, Ségouna, Krikania et Baléa) sont estimées à 49 490 habitants. Sur les 92 hameaux, une vingtaine est peuplée de Guinéens. Dans les aires protégées, on compte 8 221 habitants soit 16,6% de la population totale des six villages. La surface totale illicitement occupée à l’intérieur du complexe du Mandé Wula-Néma Wula a été estimée à 4 652 ha.
La délégation ministérielle a rencontré les communautés riveraines des réserves pour les informer des mesures concrètes en vue de la mise en œuvre du plan d’aménagement et de gestion des réserves de faune de Mandé Wula et Néma Wula et la recherche de solutions durables.
Le but est de concilier les besoins vitaux des populations avec la nécessité de la restauration de la faune dans les réserves. C’est ainsi qu’il a été proposé l’affectation d’un espace de recasement de 4 685 ha pour accueillir les 8 221 habitants des hameaux. Les sites de recasement sont Krikania, Soundia, Galissende, Diougoufing et Limakole. Toutes les surfaces de recasement feront l’objet d’autorisation de défrichement délivrée par le sous- préfet, conformément aux textes en vigueur.
Une commission locale de recasement sera créée par décision du préfet de Kita. Cette commission de recasement comprendra outre le préfet qui la préside, le président du conseil de Cercle, le chef de cantonnement des Eaux et Forêts, les maires des communes de Gadougou 1, de Gadougou 2 et de Koulou, le représentant des populations, du projet ERSAP et de l’amodiateur.
Au cours de la visite de terrain, la délégation a constaté l’obstruction des couloirs de migration de la faune par la prolifération des hameaux, l’ouverture illicite de pistes dans la zone d’intérêt cynégétique de Faragama par la CMDT, l’occupation illicite de la forêt classée de Gallé, des réserves de faune de Mandé Wula et Néma Wula par des champs de coton, d’arachide et de maïs, des défrichements illicites et des cultures sur brûlis sur les flancs de collines, aux abords et dans les lits des cours d’eau. Il a été décelé aussi des indices d’exploitation frauduleuse de bois d’œuvre et de service. Toutes ces actions contribuent à la dégradation de l’habitat de la faune.
La mission a recommandé à l’amodiateur « Synergie Environnement », au projet ERSAP, aux collectivités territoriales de définir les modalités d’accompagnement du processus de déguerpissement des hameaux notamment par la réalisation de nouvelles infrastructures sociales de base à savoir les écoles, les centres santé et les adductions d’eau. Ces infrastructures seront inscrites au PDESC des communes et validées par les populations.
J. M. Fabrice
AMAP-Kita

source : L’ Essor