Le 1er juillet 2025, les combattants affiliés au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ont attaqué trois unités industrielles dans la région de Kayes
Il s’agit de l’Usine Stones de l’opérateur économique Ibrahim Diawara, de l’usine des chaux de Madani Diallo et du site industriel Diamond Cement Factory. Les dégâts causés sont énormes. Infrastructures et véhicules incendiés ! Des morts d’hommes! Des enlèvements ! Des milliards partis en fumée ! Un coup très dur pour un tissu économique déjà fragilisé !
Le gouvernement de transition du Mali n’a pas mentionné dans ses communications officielles, les attaques contre ces unités industrielles. Pour le moment, le ministère indien des Affaires étrangères a confirmé dans un communiqué en date du 2 juillet 2025, la prise en otage de trois ressortissants indiens lors de l’attaque contre Diamond Cement. Le gouvernement indien condamne cette attaque déplorable et appelle les autorités maliennes à prendre « toutes les mesures nécessaires, pour assurer la libération rapide et sécurisée » des travailleurs enlevés.
Ces attaques d’unités industrielles marquent un autre cap dans la guerre, menée par les combattants des groupes armés radicaux. Jusque-là, ils avaient épargné les infrastructures de ce genre. Ils s’étaient limités à incendier les engins des entreprises en charge de la réalisation de certains ouvrages, comme ce fut récemment le cas de la société chinoise Covec en charge du tronçon Kayes-Diéma. Des actes similaires ont été enregistrés dans les régions de Ségou et de Mopti. Des sabotages des ponts ou des installations téléphoniques, ont été enregistrés dans plusieurs localités du Mali. Vers la frontière guinéenne, un site minier appartenant à des chinois a été leur cible.
Les attaques contre ces trois unités industrielles portent un sévère coup à l’image du gouvernement de transition, dans un contexte marqué par les hésitations des investisseurs à venir ou à rester au Mali. Elles interviennent seulement après la visite effectuée par le Président de la Transition en Russie. Une visite au cours de laquelle ont été signés plusieurs accords permettant aux entreprises russes de venir investir au Mali.
Il ne faut pas voir dans ces attaques des actions isolées ou désespérées, de la part des groupes armées extrémistes. Elles marquent un virage stratégique dans cette guerre, afin de créer les conditions d’une asphyxie économique. Elles s’inscrivent dans une stratégie globale visant à isoler davantage le gouvernement de transition. Bamako aura toutes les difficultés du monde à rassurer les potentiels investisseurs de sa capacité à créer les conditions nécessaires à la sécurisation de leurs investissements. Aussi, une partie de l’opinion dopée par le « discours souverainiste » commence à se poser réellement des questions sur la capacité des autorités de transition à assurer la sécurité sur l’ensemble du territoire national.
Des attaques de ce genre se multiplieront autant que possible. Désormais, il faut craindre une extension du théâtre des opérations vers les sites miniers. Dès maintenant, des dispositions doivent être prises pour renforcer la sécurité autour des installations minières, partout sur l’ensemble du territoire national, notamment dans la région de Kayes. C’est une urgence absolue.
Par Chiaka Doumbia