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Éditorial – Affaire de l’avion présidentiel et des équipements militaires : L’État malien récupère, la justice frappe fort

C’est un verdict à la fois retentissant et symbolique que vient de rendre la Cour d’assises spéciale de Bamako dans le très médiatisé dossier dit de « l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires ». Au-delà des lourdes peines de prison infligées à certains prévenus, la dimension financière du jugement, prononcé le mardi 8 juillet 2025, mérite une attention toute particulière. Elle redonne à la justice son rôle fondamental : réparer les dommages causés à l’État et faire peser sur les épaules des auteurs les conséquences de leurs actes.

Le Mali, longtemps meurtri par la mauvaise gouvernance, semble ici vouloir solder les comptes d’un passé opaque.

Un trou de 50 milliards dans les caisses publiques

Bamada.net-Selon les estimations du tribunal, les préjudices subis par l’État s’élèvent à près de 50 milliards de francs CFA, résultant d’opérations frauduleuses orchestrées dans l’ombre des institutions, à travers des contrats opaques et des montages financiers biaisés.

Dans le volet relatif à l’achat de l’avion présidentiel, la Cour a exigé de Mme Bouaré Fily Sissoko et de Moustapha Ben Barka le remboursement solidaire de 3,3 milliards de francs CFA, somme correspondant aux frais indument versés à des intermédiaires pour faciliter la signature du contrat.

Armes non livrées, impôts évaporés

Sur le chapitre des équipements militaires, le trio Bouaré Fily Sissoko, Sidy Mohamed Kagnassy et Amadou Kouma est condamné à rembourser 15 milliards de francs CFA, en raison de l’acquisition fictive d’armes létales jamais livrées. À cela s’ajoute une autre sanction solidaire de 3,7 milliards de francs CFA, au titre de droits d’enregistrement, impôts et redevances non reversés au Trésor public.

À Lire Aussi : L’Ancien premier Ministre Oumar Tatam Ly l’a confié à la cour d’assises: « Ma relation avec Mme Bouaré F Sissoko était difficile . je n’ai jamais été informé de l’achat de l’avion des équipements militaires. J’ai eu connaissance du contrat par voie de presse . »

 

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L’un des volets les plus choquants concerne la société Guo-Star, représentée par Amadou Kouma, et le colonel-major Nouhoum Dabitao, tous deux astreints à restituer 2,6 milliards de francs CFA, représentant des matériels militaires non acheminés, et dont l’existence même reste à prouver.

Le transitaire Soumaila Diaby, quant à lui, a été condamné au paiement de 500 millions de francs CFA, pour des frais de transit facturés sans fondement légal.

Une réparation historique

Au total, Mme Bouaré Fily Sissoko se retrouve personnellement redevable d’environ 8 milliards de francs CFA, confirmant son rôle central dans le système mis en cause. Pour clore le tout, la Cour a condamné solidairement plusieurs accusés à verser 10 milliards de francs CFA à l’État du Mali au titre de dommages et intérêts.

Ce verdict, au-delà de son aspect punitif, rétablit une certaine justice financière au bénéfice du contribuable malien. Il replace également la question de la responsabilité des gestionnaires publics au cœur des exigences de transparence et de redevabilité.

Une justice qui épargne les morts mais interpelle les vivants

Un détail notable de cette décision reste le rejet par la Cour de la demande formulée par le ministère public visant à faire supporter le remboursement des détournements à la famille de feu Soumeylou Boubèye Maïga. Le tribunal a rappelé avec clarté le principe selon lequel l’action publique s’éteint avec le décès de l’accusé, et que l’action civile liée s’éteint également. Une décision juridiquement fondée, bien que moralement discutée.

En somme, ce verdict historique vient clore une page sombre de la gestion publique au Mali, tout en envoyant un message fort aux futurs décideurs : les deniers publics ne sont pas une caisse privée. L’ère de l’impunité semble toucher à sa fin. Désormais, quiconque se risquerait à trahir la confiance de l’État pourrait bien se retrouver face à une justice sans concession, déterminée à faire payer le prix fort.

 

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Moise Touré

 

Source: Bamada.net

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