Après la mise en place du nouveau bureau de l’Assemblée nationale, le gouvernement Tatam Ly 1 démissionnera comme il est d’usage dans une République, mais beaucoup de ses membres actuels peuvent dores et déjà prendre un ticket de voyage en Aller simple.
Le premier parmi ces malheureux voyageurs, le mastodonte Soumeylou Boubéye Maiga (SBM), l’abonné le plus fidèle de tous les régimes.
L’actuel ministre de la Défense et des Anciens combattants n’est plus en odeur de sainteté avec son boss, IBK; c’est le moins que l’on puisse dire. Son absence et celle de ses inconditionnels ( Abdoul Karim Konaté dit Ampé, ministre du Commerce, Tiéma Hubert Coulibaly, ministre des Domaines et Thiorno Hass Diallo, ministre des Affaires réligieuses) de la délégation qui a accompagné le Président de la République au Qatar en disent long sur ce malaise qui s’amplifie de jour en jour. S’y ajoute que son bras de fer avec le chérif de Nioro depuis que celui-ci se serait énergiquement opposé à sa nomination au poste de Premier ministre dans le premier gouvernement IBK, ne milite pas en sa faveur.
IBK – SBM le divorce est consommé ?
La victoire claire du Rassemblement pour le Mali (RPM) aux dernières législatives, contre laquelle SBM s’est battu de toutes ses forces, n’est pas pour arranger les choses pour SBM quand on sait que la mise en place d’un gouvernement de légitimité pour porter de manière cohérente et engagée la vision du Président IBK est on ne peut plus nécessaire pour une prise en charge effective de politiques sociales et volontaristes devenues urgentes. Dans un tel attelage, le portrait-robot du ministre recherché a dégagé deux profils de prétendants qui requièrent au moins deux qualités principales pour chacun d’entre eux, au-delà des constantes que sont la probité morale et l’expertise avérée. Il s’agit d’un engagement militant dans le RPM pour les uns et de la virginité militante pour les autres.
Du 22 au 24 janvier dernier, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, était l’invité vedette de Son Altesse Tamin Cheikh Bin Hamad Bin Khalifa Al – Thani, Emir de l’Etat du Qatar. Au cours de ce voyage d’Etat et de travail, IBK était accompagné de son épouse et d’une dizaine de ministres du gouvernement Tatam Ly. L’absence de Boubèye sur cette longue liste n’a échappé à personne alors que le volet Défense et Sécurité était en bonne place lors de cette visite. C’est le Président IBK lui-même qui a animé la conférence de presse sur la Sécurité avec le ministre de la Défense qatari; ce qui fut une entorse aux usages protocolaires. Certains conseillers du Président qui ne sont pas eux-aussi exempts de reproches, soutiennent que le projet de signature d’un accord d’un Accord militaire entre la France et le Mali le jour de la fête de l’armée, sans aviser ni le Premier ministre ni le Président de la République, chef suprême des armées, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Cela aurait été ressenti par IBK comme une recherche incompréhensible des faveurs de Paris et un complot contre lui et la République de la part de Boubèye. Ce qui ne serait ni plus ni moins qu’une tentative de sa part d’affaiblir le Président.
Boubèye a quelque peu réussi une partie de son coup fourré, même si l’Accord militaire n’a pas été signé le 20 Janvier. En effet le véto du Président IBK contre le choix de cette date, aurait profondément contrarié le ministre Jean Yves Drian et jeté un froid dans les relations entre l’Elysée et Koulouba. IBK en a tiré la conclusion selon laquelle son ministre de la Défense, Boubèye roule bel et bien pour lui-même autour d’un agenda caché de déstabilisation douce du régime en place. C’est pour cette raison que, dès le 24 janvier, se sentant démasqué, SBM a imaginé un formidable contre-feu en allant se recueillir sur la fosse commune non identifiée de nos héros lâchement exécutés à Aguel Hoc. Une stratégie de Com savamment mise en œuvre pour s’attirer la sympathie de la troupe et se rendre ainsi indéboulonnable. Mais c’est mal connaître Ladji Bouraïma qui est un Expert attitré en imprévisibilité.
Décidemment, on dirait que tout joue contre Boubeye aujourd’hui. En effet, après avoir bombé le torse et tapé la poitrine en affirmant que la force et le nom de l’Adema, c’est lui; son parti se verra laminé lors des législatives passées. Il s’est retrouvé seulement avec 3 députés élus qui ne durent leur salut qu’à leur investiture sur des listes en alliance avec le RPM. Enfin une nième malédiction, c’est la récente sortie de Chérif Hamed Siby, porte-parole de Chérif Bouya « Le chérif de Nioro n’a aucun problème avec le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta. Le courant passe bel et bien entre les deux personnes. En réalité, le Chérif en veut à certains de ses collaborateurs ». Selon le Chérif, ces personnes ne méritent pas d’être aux côtés du Président de la République, parce qu’elles veulent tout simplement son échec. A en croire une source bien introduite à Nioro, lors de la mise en place du premier gouvernement juste après l’élection d’IBK, Boubèye avait réussi à se faire promettre le poste de Premier ministre. Malheureusement pour lui, le chérif s’y était farouchement opposé. Si ces informations se confirment, alors les griefs de son ami IBK contre lui sont assez nombreux pour qu’il l’envoie à la retraite. Il ne resterait alors à Boubèye que la communication tout azimut et le lobbying de proximité auprès de Mme IBK pour espèrer sauver son poste et garder encore pour longtemps son bunker et sa garde prétorienne à domicile auxquels il ne peut plus se départir pour des raisons évidentes de…..commodité.
Habi Kaba Diakité
SOURCE: L’Enquêteur