Au moment où la communauté internationale ne cesse de se mobiliser au chevet du Mali pour une fin définitive de la crise sécuritaire qu’il traverse dans sa partie septentrionale, les mouvements armés en pourparlers avec le gouvernement à Alger, exposent leur mauvaise foi et s’entredéchirent sur le terrain.
a crise malienne a pris une autre envergure en 2012 avec le crédit que certains pays occidentaux ont accordé à ses principaux protagonistes que sont le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et le Haut Conseil pour l’unicité de l’Azawad (HCUA). Comme son nom l’indique, certains pays avaient pensé que l’Azawad était une entité bien structurée avec un peuple dominé, brimé, qui cherchait à se libérer d’un prétendu joug de Bamako. Et comme la communauté internationale est prompte à éprouver de la sympathie pour les minorités maltraitées de par le monde, certaines chancelleries ont, tout de suite, collé une étiquette de » fréquentabilité » au MNLA. Des capitales européennes n’ont pas hésité à prêter une oreille attentive aux responsables du mouvement indépendantiste, allant jusqu’à leur apporter une certaine expertise dans la rédaction de leurs documents à visée sécessionniste.
Mais, les pourparlers d’Alger ont permis à tous les intervenants dans cette crise de découvrir le vrai visage des groupes armés qui continuent de semer la mort et la désolation dans le Nord du Mali.
Pourparlers inclusifs
D’abord, comment comprendre que le MNLA vienne à ces discussions en exigeant que les autres groupes n’y ont pas droit de cité parce qu’ils seraient en dissidence par rapport à leurs revendications séparatistes? Or, ces pourparlers sont souhaités les plus inclusifs possibles par tous.
Ensuite, il faut préciser que la revendication initiale du MNLA porte sur l’obtention d’un statut particulier pour Kidal, à défaut de la reconnaissance de la fantomatique «République de l’Azawad». Au même moment, l’Accord de Ouagadougou du 18 juin 2013 proclame noir sur blanc l’intégrité territoriale de la République du Mali, son indivisibilité et la pleine souveraineté de l’Etat malien sur son territoire. En clair, le document de Ouaga coupait court à toute velléité visant à stigmatiser Kidal ou d’autres régions du septentrion malien.
En outre, la communauté internationale se rappelle qu’en mai dernier, les groupes armés se sont coalisés pour chasser l’armée malienne de la région de Kidal et ses alentours. Le MNLA avait alors reçu au su et au vu de tous des appuis de taille d’autres groupuscules armés et même des jihadistes. Et, aujourd’hui, quand il s’est agi de discuter pour la paix, le MNLA devient réfractaire à toute démarche de rassemblement de tous les protagonistes. Ce qui a obligé les médiateurs à asseoir tous les mouvements armés pour un aparté visant à les pousser à taire le crépitement des armes.
Le MNLA intransigeant
Par ailleurs, concernant la feuille de route des discussions, le MNLA se montre intransigeant en contestant le document du gouvernement malien, qui prévoit un redéploiement de l’administration dans les régions nord y compris à Kidal, le développement de cette zone ou encore le désarmement et la réinsertion des combattants. En contestant le programme gouvernemental privilégiant le développement de Kidal, le MNLA surprend plus d’un sur ses réelles intentions concernant son supposé fief de l’Adrar des Ifoghas. Au point que certains diplomates ont pu s’offusquer de ne plus savoir ce que veulent réellement les indépendantistes touaregs. Et dire que le MNLA préconise une feuille de route des négociations qui dureraient jusqu’à neuf mois ; comme si l’Etat malien n’a que cela à faire !
S’y ajoute qu’au moment où tous les acteurs préfèrent l’option d’un collège de médiateurs internationaux impliquant l’Algérie, l’Union Africaine, la CEDEAO et l’ONU, le MNLA et sa clique continuent de s’agripper à un hypothétique « médiateur neutre« , dont ils ne définissent, du reste, aucun contour. Et tout le monde sait pertinemment que les effets secondaires transnationaux de la crise malienne ont fait perdre à beaucoup d’interlocuteurs la petite dose de neutralité qui leur restait.
Adeptes de l’économie criminelle
Enfin, sur le terrain, les groupes armés continuent de s’affronter, chacun voulant visiblement gagner des positions qu’il n’occupait pas avant le début des pourparlers. La logique étant que chaque belligérant compte montrer ses muscles pour prétendre à une meilleure écoute autour de la table des discussions algéroises. Toute chose qui démontre amplement la mauvaise foi et la boulimie de ces nombreux adeptes du narcotrafic et de l’économie criminelle. Ce qui contribue à ouvrir les yeux des protecteurs et complices occidentaux du MNLA et de ses acolytes, qui doivent mesurer à présent jusqu’à quel point ils ont été floués dans la crise malienne.
Comme on le voit, la tournure prise par les pourparlers d’Alger et l’évolution de la situation sécuritaire sur le terrain n’auront eu qu’un seul mérite : révéler la face hideuse des mouvements armés qui écument le nord du pays. Tous décrédibilisés les uns aussi bien que les autres. Ce dont la communauté internationale doit tirer toutes les conséquences.
Bruno D SEGBEDJI
djitosegbedji@yahoo.fr
SOURCE: L’Indépendant