À l’occasion du 80e anniversaire de la victoire soviétique dans la Grande Guerre Patriotique contre l’Allemagne nazie, célébrée ce vendredi 9 mai à l’ambassade de la Fédération de Russie au Mali, le Général de Corps d’Armée Ismaël Wagué a livré un discours percutant et symbolique, marquant une nouvelle étape dans l’affirmation diplomatique du Mali sur la scène internationale. Accompagné du Chef d’État-Major Général des Armées, le Général de Division Oumar Diarra, il a salué l’apport stratégique de la Russie dans la lutte malienne contre le terrorisme.

« Grâce à la coopération russe, nous dénazifions notre pays en battant le terrorisme », a-t-il déclaré, une formule choc qui ancre l’engagement du Mali dans une vision idéologique et géopolitique assumée.

Une cérémonie hautement symbolique

Bamada.net-C’est dans une ambiance solennelle, chargée de mémoire historique et de perspectives contemporaines, que s’est tenue cette cérémonie de commémoration. Elle a réuni des diplomates, des représentants des Forces armées maliennes (FAMa), des membres du gouvernement et des invités de haut rang. L’événement, organisé par l’ambassadeur de la Fédération de Russie à Bamako, a permis de rendre hommage aux héros de 1945 tout en affirmant les nouvelles alliances du présent.

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Dans son intervention, le Général Wagué a établi un parallèle audacieux entre la lutte antifasciste menée par l’Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale et celle menée aujourd’hui par les États du Sahel contre les forces terroristes qui minent leur stabilité. « Comme en 1945, il s’agit aujourd’hui de défendre notre peuple, notre dignité, et notre souveraineté face à une menace globale et tentaculaire », a-t-il affirmé.

L’ombre du passé, la clarté du présent

En retraçant les grandes étapes de la guerre patriotique soviétique – de la bataille de Stalingrad à la prise de Berlin –, le Général Wagué a mis en lumière les parallèles entre les enjeux d’alors et ceux d’aujourd’hui. Il a rappelé que l’armée soviétique, sous le commandement du Maréchal Gueorgui Joukov, a joué un rôle décisif dans la chute du Troisième Reich, sauvant ainsi l’Europe et le monde du joug nazi.

Selon lui, cette victoire est un symbole universel de justice, de liberté et de paix, dont l’esprit doit aujourd’hui guider les nations africaines dans leur quête d’indépendance véritable et de développement souverain. Il n’a pas manqué d’évoquer la contribution des tirailleurs africains aux côtés des forces alliées durant les deux grandes guerres mondiales, soulignant que les sacrifices de l’Afrique ont souvent été occultés par l’histoire officielle.

Le partenariat russo-malien : un tournant stratégique

Le discours du Général Ismaël Wagué a clairement souligné la nouvelle orientation géopolitique du Mali depuis la rupture avec la coopération militaire française et occidentale. Il a salué le rôle déterminant de la Fédération de Russie dans la reconstruction de l’appareil de défense du Mali, notamment par la fourniture d’équipements, la formation des troupes, et le partage de renseignements stratégiques.

« Nous sommes aux côtés de la Fédération de Russie sur le plan international, et nous assumons notre position avec fierté », a-t-il martelé, insistant sur le fait que le Mali ne tolérera plus aucune ingérence dans ses choix diplomatiques et militaires.

La rhétorique utilisée – notamment le terme “dénazification” – n’est pas anodine. Elle fait écho à la terminologie officielle de Moscou dans son propre discours géopolitique, tout en affirmant une solidarité idéologique entre Bamako et Moscou dans leur guerre respective contre les « néo-impérialismes » et le terrorisme.

L’Alliance des États du Sahel : pilier d’une nouvelle souveraineté

Abordant la dynamique régionale, le Général Wagué a mis en exergue le rôle crucial de l’Alliance des États du Sahel (AES) dans la sécurisation de l’espace sahélien. Il a rappelé que cette union – née de la volonté du Mali, du Burkina Faso et du Niger – vise à reprendre en main le destin sécuritaire de la région, longtemps dominé par des stratégies étrangères inefficaces et souvent intéressées.

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« L’AES est l’expression concrète d’un sursaut de dignité. Nous ne demandons pas l’aumône. Nous exigeons le respect, la reconnaissance de notre souveraineté, et le soutien à notre combat légitime pour la paix », a-t-il insisté.

À travers ces propos, c’est un appel vibrant qu’il a lancé à la communauté internationale : celui de ne plus juger les pays africains selon les prismes idéologiques de l’Occident, mais de soutenir leur volonté d’autodétermination, leurs choix stratégiques et leurs alliances nouvelles.

Un message fort, au-delà des frontières

La cérémonie du 9 mai à Bamako ne fut pas seulement un hommage historique. Elle fut aussi un acte politique. Par la voix du Général Wagué, le Mali a réaffirmé sa place dans un monde multipolaire, où chaque nation peut choisir librement ses partenaires selon ses intérêts vitaux et non selon les injonctions géopolitiques de puissances lointaines.

Ce discours a résonné comme une déclaration de souveraineté renouvelée. Une souveraineté qui se défend, s’assume et s’exporte à travers des alliances assumées, telles que celle avec la Russie, aujourd’hui érigée en partenaire stratégique majeur dans la refondation sécuritaire du pays.

Bamada.net continuera de suivre de près l’évolution de cette coopération, ainsi que les implications régionales et internationales des choix stratégiques opérés par le Mali dans le cadre de l’AES et au-delà.

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Fatoumata Bintou Y

Source: Bamada.net