11 mai 1956 – 11 mai 2021. Cela fait exactement 65 ans que disparaissait Mamadou Konaté, père fondateur de l’Union soudanaise, section du Rassemblement démocratique africain (US-RDA). À la faveur de la commémoration de l’anniversaire de son décès, la nation a rendu un vibrant hommage, mardi dernier, à celui dont le nom est indissociable de l’Histoire contemporaine du Mali. La première séquence de cette célébration a été le dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe de l’illustre disparu au cimetière de Niaréla par le Premier ministre, Moctar Ouane.
C’est aux environs de 9 heures que le cortège du chef du gouvernement s’est immobilisé devant la porte du cimetière. À sa descente, il a été accueilli par la ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, Mme Kadiatou Konaré et son collègue du département en charge des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, Alhamdou Ag Ilyene. Il y avait aussi le gouverneur du District de Bamako, Baye Konaté et le maire de la Commune II, Cheick Abba Niaré et des membres de la famille du défunt.
Instant chargé d’émotion, le chef du gouvernement a déposé la gerbe de fleurs sur la tombe de Mamadou Konaté. Après la sonnerie aux morts exécutée par la Garde nationale, Moctar Ouane a fait des bénédictions pour le repos de l’âme de l’illustre disparu.
Le Premier ministre s’est ensuite rendu à la Place Président Mamadou Konaté à Hamdallaye ACI. À son arrivée, il a été accueilli par l’Hymne des pionniers du Mali. Moctar Ouane a fait une déclaration dans laquelle il a rendu un hommage appuyé à l’homme d’État. «Le 11 mai 1956, en plein Ramadan, Mamadou Konaté, père fondateur de l’Union soudanaise, section du Rassemblement démocratique africain (US-RDA) entrait dans la gloire éternelle en quittant notre monde d’ici-bas. Drapé dans une grandeur digne de nos valeureux chevaliers des temps anciens, il rejoignait sa tombe en même temps qu’il s’inscrivait dans la postérité. Un tel disparu ne se pleure pas. Il s’honore.
C’est ce que nous faisons aujourd’hui, dans une cérémonie à l’image de sa vie. Celle d’un représentant d’une génération exceptionnelle d’hommes qui ont consacré leur existence à rendre meilleure celle des autres. Il est naturel donc que nous rendions ici, à un fils illustre du Mali, ce qu’il nous donna par son intelligence, sa volonté, sa détermination et son leadership. Nous devons à Mamadou Konaté notre dignité d’homme libre et notre place dans le concert des nations. Il fait partie de ceux qui sont morts pour que nous restions debout et fiers», a déclaré le Premier ministre.
MODÈLE- Moctar Ouane a ensuite indiqué que «notre époque troublée, notre pays dans la tourmente et l’incertitude ont un besoin de Mamadou Konaté», celui que son compagnon de l’US-RDA, le président Félix Houphouët-Boigny, appelait, avec émotion et justesse «le meilleur d’entre nous par sa courtoisie, son intelligence perspicace, son humanisme et cette simplicité souriante qui lui attirait toutes les sympathies». Houphouët-Boigny a témoigné également que Mamadou Konaté qui avait toujours su garder une grande dignité dans les épreuves qui ne l’ont point épargné. C’est pourquoi, a estimé Moctar Ouane, ce grand homme doit être érigé en modèle.
Le témoignage de son «adversaire politique», Fily Dabo Sissoko, est tout aussi éloquent sur les qualités de Mamadou Konaté. «Mamadou était mon ami … Cette amitié émanait de Mamadou comme l’eau d’une source, fraîche et limpide … où les assoiffés peuvent boire à loisir. Cet homme faisait honneur à l’homme. Son amitié faisait honneur à l’amitié», disait Fily Dabo Sissoko de Mamadou Konaté.
Moctar Ouane a rappelé qu’il fut un temps où notre pays rimait avec grandeur. Il n’y a guère longtemps, amitié, amour et fierté avaient leur pesant d’or et où l’être, et non l’avoir, était la valeur suprême. «Nous avons encore les ressorts psychologiques et sociologiques pour retrouver de telles vertus si nous imposons le silence à notre ego, si nos yeux savent s’ouvrir sur la valeur intrinsèque de l’autre et que la politique n’est pas synonyme d’aveuglement et d’ostracisme », a-t-il lancé.
Selon le chef du gouvernement, «au-delà du président Mamadou Konaté que nos écoles, nos avenues, nos stèles et nos stades ont immortalisé, nous commémorons ce qui fit la grandeur de notre ancienne nation et nous ne sommes pas orphelins car le legs est plus vivant que jamais”.
Le représentant de la famille du défunt, Moussa Konaté, dira que la date du 11 mai est un jour de recueillement et d’hommage pour toute la nation malienne, voire pour tous les Africains. Car, rappellera-t-il, c’est pour l’émancipation des siens chez lui et pour tous les peuples sous domination coloniale, de l’Afrique de l’Ouest à l’Océan indien, que Mamadou Konaté a combattu durant toute sa vie. Et d’affirmer que l’hommage qui est rendu aujourd’hui à Mamadou Konaté est la reconnaissance de l’immense œuvre d’un bâtisseur de notre nation accompagné d’autres illustres leaders comme Fily Dabo Sissoko, Modibo Kéita et tant d’autres.
Selon Moussa Konaté, la pensée du «patriote inflexible» qui demeure la plus puissante et qui continuera d’interpeller les générations actuelles et futures est : «Nous sommes tous appelés à mourir. Ce qui ne meurt pas, c’est le pays, pensez donc au pays». Le fils Konaté a souhaité que tous les Maliens entendent ce message au moment où l’unité et la cohésion de notre pays sont menacées.
Source : L’ESSOR