Les forces françaises ont pris le contrôle de l’aéroport de Kidal, dernier bastion des groupes islamistes armés actifs dans le nord du Mali, ce qui permet à la France d’envisager une réduction de son dispositif militaire.
“On a mis en place cette nuit un dispositif à Kidal et ce matin on assure le contrôle de l’aéroport”, a déclaré mercredi à Reuters le colonel Thierry Burkhard, porte-parole du chef d’état-major des armées à Paris. “Les opérations continuent.”
Il n’a pas précisé en quoi consistait le dispositif mis en place ni si les forces françaises avaient rencontré une quelconque résistance des djihadistes.
Le président de l’assemblée régionale de Kidal, Haminy Belco Maiga, avait auparavant déclaré que les forces françaises étaient arrivées mardi en fin de soirée et avaient “déployé quatre avions et des hélicoptères.”
Les forces françaises et maliennes ont repris ce week-end et lundi Gao et Tombouctou, plus au sud, ce qui leur a redonné le contrôle de l’ensemble de la boucle du Niger.
La reconquête de Kidal, dernière grande ville du Nord-Mali, va marquer un changement de nature des opérations, estime François Heisbourg, spécialiste des questions stratégiques.
“On va entrer dans une phase dominée par la stabilisation de la situation pour permettre le déploiement de la force africaine”, a-t-il déclaré à Reuters. “C’est le moment le plus compliqué parce qu’on change de priorité et d’outil.”
LES DJIHADISTES “DÉSORGANISÉS”
Selon le ministre français des Affaires étrangères, cité par Le Parisien, la libération rapide de Gao et Tombouctou “faisait partie du plan” français, engagé le 11 janvier.
“Maintenant, c’est aux pays africains de prendre le relais”, a confié Laurent Fabius dans l’avion qui l’emmenait à Addis Abeba pour une conférence des donateurs pour le Mali.
“Nous avons décidé de mettre les moyens en hommes et en matériel pour réussir cette mission et frapper fort”, a-t-il expliqué. “Mais le dispositif français n’a pas vocation à être maintenu. Nous partirons rapidement.”
Au moins 3.500 soldats français sont engagés au Mali.
Selon un bilan dressé mardi soir par le ministère français de la Défense, les contingents africains de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali) comptent pour leur part à ce stade 2.900 hommes, dont 1.400 Tchadiens, 500 Nigériens, 400 Togolais, 200 Nigérians, 150 Burkinabés, une centaine de Béninois et une cinquantaine de Sénégalais.
La Misma doit à terme mettre sur pied une force de quatre bataillons de 500 hommes chacun, à quoi s’ajouteront les appuis et soutiens associés.
Laurent Fabius estime que les djihadistes, stoppés dès les premières heures de l’opération “Serval”, il y a 19 jours, dans leur tentative de percée vers la capitale, Bamako, ont subi de lourdes pertes et sont “désorganisés” et “très atteints”.
“Ils savent que nous pouvons écouter leurs moyens de communication, ce qui limite leur capacité de réaction”, a ajouté le chef de la diplomatie française, selon Le Parisien.
“VIVE LA FRANCE”
Kidal est situé à 1.500 km au nord-ouest de Bamako, non loin de la frontière algérienne et au pied d’un massif montagneux, refuge du groupe islamiste touareg malien Ansar Dine.
Les combattants touareg d’obédience laïque du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) avaient annoncé lundi avoir pris le contrôle de la ville.
“Les troupes françaises ont été très bien accueillies par la population de Kidal et le MNLA”, a dit à Reuters un porte-parole de ce mouvement à Paris, Moussa Ag Assarid. “Elles ont été accueillies sous les cris de ‘vive l’Azawad’, ‘vive la France’.”
Il a assuré qu’il y avait une “coordination” entre le MNLA et les troupes françaises, qui sont, selon lui, entrées dans Kidal. “Mais c’est le MNLA qui contrôle et sécurise la ville”, a ajouté Moussa Ag Assarid.
Le MNLA, a-t-il assuré, est prêt à discuter avec Bamako pour trouver une “solution politique”.
“Nous demandons l’autodétermination (…) Ce sont des négociations qui vont déterminer à quel niveau on peut aller”, a ajouté le porte-parole du MNLA, selon qui le mouvement est en contact avec les autorités maliennes par l’intermédiaire du médiateur de la Cédéao, le président du Burkina-Faso Blaise Compaoré.
source : reuters