Les Sofas de la République ont au cours d’un point de presse qu’ils ont animé hier au siège de leur mouvement, brossé l’actualité nationale : en dénonçant l’élection d’Issaka Sidibé à la tête de la 5e législature et « l’amateurisme« du président de la République qui, selon eux, IBK fait du Mali « l’otage de sa famille politique« .
D’entrée de jeu, les responsables du mouvement ont expliqué que le président de la République compromet l’amorce du processus de bonne gouvernance du fait qu’il impose une gestion patrimoniale aux affaires.
« Le président Ibrahim Boubacar Kéita a déçu le peuple malien alors qu’il était attendu pour donner du fil à retordre aux caïmans qui l’ont juste rejoint par opportunisme, mais son attitude suscite beaucoup de surprise », a tranché le porte-parole du mouvement, Mohamed Youssouf Bathily.
Les Sofas de la République, qui ont beaucoup contribué au succès de l’élection et l’éveil de conscience des peuples, donnent aujourd’hui raison aux quelques sceptiques qui estimaient que la prudence devait être de mise, a déclaré Mohamed Youssouf Bathily ajoutant qu’après le premier coup de déception, lors de la mise en place de son gouvernement (effectif pléthorique), IBK devait montrer aux Maliens dans le pragmatisme que seuls les actes comptent et non les belles intentions.
Aux dires du porte-parole du mouvement, il serait très marrant qu’IBK réussisse sa mission avec des personnalités de moralité douteuse. A l’en croire, le nouvel homme fort de l’Assemblée nationale est désavoué dans son fief, car il lui est surtout reproché de n’avoir pas soutenu la cause de l’Huicoma quand il était député. « Notre mouvement a été saisi par les populations lors de la conférence populaire de Koulikoro sur la mobilisation électorale, le 13 décembre 2013″, a-t-il expliqué.
Les Sofas estiment que l’élection d’Issaka Sidibé à la tête de l’Assemblée est une ignorance manifeste des partis de la mouvance présidentielle. Et, par cet acte, poursuivent-ils, IBK s’engage dans une aventure périlleuse. Et d’enfoncer le clou en affirmant que le président est en train de faire le Mali « l’otage de son parti », en imposant le beau-père de son fils à l’A. N. Partout où le pouvoir a été géré par affinités familiales, les résultats ont été négatifs expliquent les Sofas.
« Au Gabon, la fille d’Omar Bongo Ondimba avait en charge d’organiser les élections alors que son frère était à la course. Le cas du Sénégal est un passé récent. Le même constat se fait en Guinée-Conakry. IBK a toutes les chances de tirer les leçons du passé pour ne pas tomber dans les mêmes pièges que ses prédécesseurs », soutient Ismaël Doucouré dit Master Soumi.
La classe politique irresponsable
Le fait révoltant sur cette situation est le silence de la classe politique. Des partis supposés être dans l’opposition se retrouvent dans la mouvance présidentielle. C’est une fuite de responsabilité de la part des partis comme l’Adema, les Fare et PDES de rejoindre IBK alors que le peuple attend d’eux des artisans d’une authentique révolution au sommet de l’Etat. L’expérience et l’expertise plaidaient en leur faveur. Mais, ils ont choisi IBK.
Haro sur l’Adéma !
« IBK est parti, mais l’Adéma continue ». On se rappelle de ces termes des ténors de l’Adéma/PASJ lors du congrès de la Ruche de l’an 2000. Ibrahim Boubacar Kéita, président de l’Adéma/PASJ, croyait être le candidat naturel de cette formation politique. Mais il l’apprendra à ses dépens. Comme pour dire que le PASJ n’est un parti personnalisé. Non content de cette résistance à sa candidature naturelle, l’homme avait claqué la porte lors du congrès de 2000 pour créer le RPM. Et au pouvoir aujourd’hui, les mêmes ténors optent pour IBK.
Selon les leaders des Sofas, la Ruche devait accepter d’animer l’opposition républicaine avec l’URD pour l’honneur du parti. Ils doivent être des forces de propositions à l’Assemblée nationale dans l’intérêt des populations les plus défavorisées et les plus exclues du progrès. « C’est son devoir et son honneur de les écouter et de faire entendre, avec le plus de force et de vérité, leurs voix. L’Adéma à l’opposition contribuerait à faire avancer les débats dans un esprit patriotique », conclut le porte-parole, Mohamed Bathily alias Ras Bath.
Ibrahim Sogoba
Source: L’Indicateur du Renouveau