La situation socio-politique de notre pays. Tel est l’unique sujet de cette interview que le président de la Rue publique a bien voulu nous accorder. C’était, dimanche dernier, en milieu d’après-midi, dans son bureau ovale de Koulouba.
Mr le président, vous avez les yeux rouges et les traits tirés… Etes-vous fatigués ?
Je suis fatigué. Très fatigué. Je ne dors plus à cause de la situation socio-politique du pays. Les grèves se multiplient. Les populations crient famine. Les partis politiques de l’opposition sont sur les dents. Le front social est en ébullition. Et je ne sais plus où donner de la tête.
J’ai l’impression, quelques fois, que le monde me tombe sur la tête.
Paraît que les caisses sont vides, désespérément vides…
C’est vrai que notre pays vit une petite tension de trésorerie. Mais rien de grave.
Peut-on dire cela, Mr le président, lorsque le gouvernement peine à satisfaire les revendications des syndicats, qui ont déposé 17 préavis de grève sur la table du ministre de la Fonction Publique.
Que les Maliens se rassurent : la situation est sous contrôle.
Au meeting de l’opposition de dimanche dernier, vos adversaires politiques n’ont pas été tendres avec vous…
C’est le contraire qui m’aurait étonné.
Mr le président, le pays est arrêté ou presque. L’administration publique est paralysée par la grève des magistrats. Qu’attendez-vous pour vous adresser aux Maliens ?
Que voulez-vous que je leur dise ?
C’est vous le président de la République, le père de tous les Maliens, donc c’est à vous de parler à vos concitoyens pour apaiser la tension sociale.
Je vais le faire !
Quand ?
Quand je l’aurai décidé !
Mr le président, vous n’êtes pas loquace aujourd’hui, contrairement aux autres jours. Vos réponses sont courtes…
C’est comme ça, jusqu’à la fin de cette crise.
Annoncée à grands renforts de publicité, votre visite chez Bouyé semble avoir fini en eau de boudin. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Rien ! Paraît que Bouyé souffrait d’une légère fièvre, raison pour laquelle cette visite a été reportée sine die.
Selon des proches de Bouyé, votre visite à Nioro n’a pas eu lieu, parce qu’il n’a pas donné suite à votre demande…
Ce n’est pas vrai !
Mr le président, notre pays vit des moments difficiles. Très difficiles. A quand la fin de cette tension socio-politique ?
Difficile de le dire. Car elle est entretenue, à dessein, par les charlatans de l’opposition, qui entendent prendre leur revanche contre moi.
Ah bon ?
Crois-moi, pour les charlatans des Soumaïla Cissé et autres Tiébilé Dramé, la présidentielle du 29 juillet est toujours d’actualité. Non contents de ma victoire, ils continuent de monter nos concitoyens contre moi.
Donc, si je vous comprends bien, la crise que vivent nos concitoyens, actuellement, est le fait de l’opposition et de ses marabouts ?
Vous avez tout compris ! C’est, d’ailleurs, pour cela que j’hésite à m’adresser à mes concitoyens. Car, personne ne me croira !
Et comment savez-vous que ce sont les marabouts de l’opposition qui seraient derrière cette crise ?
C’est mon jeteur de cauris qui me l’a dit, preuves à l’appui !
Propos recueillis
par Le Mollah Omar
Le Canard Déchaîné