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Imam Mahmoud Dicko : Le Destin Pathétique D’un ‘’Homme De Dieu’’

De la religion à la politique, l’Imam Dicko est passé par plusieurs chemins dans le seul but de devenir une personnalité influente et incontournable au Mali. Ainsi de 2009 à nos jours, le Leader politico-religieux se sera forgé  un destin, devenu pathétique au point que l’on se pose la question de savoir qui est réellement l’Imam Mahmoud Dicko. Loin de sa mosquée de Badalabougou à Bamako, l’Imam politicien trouve désormais un refuge forcé à Alger où il se laisse désormais guider par son destin qu’il pensait toujours contrôler.

 

« Le bon citoyen, c’est celui,  en réalité, qui s’occupe du devoir que la Constitution de la patrie lui recommande, à savoir, respecter la loi et ne pas faire de l’incivisme : ça c’est le bon citoyen et c’est aussi être le bon musulman ». Cette déclaration est de l’Imam Mahmoud Dicko, faite au cours d’une interview accordée à l’Indépendant en février 2010.

Président du Haut Conseil Islamique du Mali (2008 à 2019) et après avoir fait retourner à l’Assemblée Nationale le Code des Personnes et de la Famille à une seconde relecture en Août 2009, l’Imam Dicko se voit puissant, et même très puissant. Il se dit capable de faire trembler tout pouvoir politique en place qui ne se soumet pas à sa volonté et qui n’obéît pas à ses décisions. Mais, c’est aussi l’Imam qui courtise d’abord le pouvoir et aucun obstacle ne se dresse devant lui au départ.

De feu Amadou Toumani Touré à feu Ibrahim Boubacar Keita, Dicko a toujours bénéficié des privilèges et des traitements particuliers à hauteur de son rang social et religieux. Ce qui ne l’a pas empêché de s’opposer, par la suite, aux mêmes régimes pour des raisons qu’il est le seul à connaître. Après avoir été entretenu par feu Amadou Toumani Touré, il a finalement trouvé le Code des Personnes et de la Famille comme un motif pour combattre ce dernier jusqu’au coup d’État du 22 Mars 2012. Le cas de feu Ibrahim Boubacar Keita est encore récent. Il a mené un combat ouvert contre lui, seul et au sein d’un regroupement politique, le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), dont il fut l’autorité morale.

C’est le 7 septembre 2019 qu’un mouvement politique a été lancé en son nom, la Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de Mahmoud Dicko (CMAS), où il n’a aucune fonction de direction. Mais, cette coordination devient son cheval de bataille pour atteindre ses objectifs. Désormais leader religieux et politique, il parraine, en 2019 et 2020, plusieurs manifestations importantes contre le président feu Ibrahim Boubacar Keita jusqu’à sa chute, un certain 18 Août 2020.

La déchéance… !

Le lendemain du coup d’État du 18 Août 2020, l’Imam politicien s’est vu comme la première personnalité la plus importante du Mali, puisqu’il a été le premier à être consulté sur la situation du pays par les militaires ayant renversé feu IBK.  Aussi, il a participé à plusieurs négociations avec des émissaires de la CEDEAO sur la conduite de la transition. Pour le choix des premières autorités après le coup d’État, Dicko a été invité à Kati pour faire connaître sa position. D’ailleurs, il a été avéré après que c’est lui qui a désigné Moctar Ouane comme Premier ministre d’alors.

Ses prises de positions faisaient croire qu’il voulait tout simplement diriger le Mali à partir de sa mosquée à Badalabougou et de son salon. Malheureusement, son plan a foiré avec le deuxième coup d’État qui a vu le départ de son Ouane et du président de la Transition, Bah N’Daw, et l’arrivée du Colonel Assimi Goïta à la Présidence, qui l’a finalement écarté à cause de ses liens avec le président de la Transition déchu et son Premier ministre.

Isolé, Dicko reprend ses habitudes : critiquer et menacer le pouvoir pour se faire considérer. Sauf que les nouvelles autorités n’avaient pas leurs têtes à ces propagandes et elles ont aussitôt décidé de le faire taire par tous les moyens. C’est ainsi que Dicko s’est vu retiré, le 22 Juin 2023, son passeport diplomatique, délivré en 2020 par le président feu Ibrahim Boubacar Keïta.

Accusé de conspiration…

La rupture est désormais consommée entre les autorités militaires et l’imam qui se croyait plus puissant et plus populaire. En décembre 2023, il réussit à quitter le Mali pour se rendre à Alger en Algérie, sur invitation des autorités algériennes, au moment où il y avait une tension diplomatique entre les deux pays.

Le 25 décembre 2023, l’imam Dicko publie une vidéo de 13 minutes sur les réseaux sociaux dans laquelle il affirme s’être rendu à Alger sur invitation du président algérien, Abdelmadjid Tebboune. Il ajoute que les autorités de transition du Mali et les groupes rebelles étaient également conviés, mais ils ne s’y sont jamais rendus. Aussi, Dicko assure que des individus qui parlent au nom des autorités l’ont alors traité de traître et l’ont accusé de conspirer avec les rebelles contre le Mali pour compromettre sa crédibilité auprès des Maliens. Dans la même vidéo, il estime également que le président algérien l’avait invité car il souhaitait s’entretenir avec lui à propos de la situation au nord du Mali, en proie à des combats entre l’armée malienne et des rebelles touaregs.

Malgré ses propos pour se justifier, Dicko n’a pas du tout compris le silence des autorités maliennes. Pour obtenir leurs réactions, il annonce à plusieurs reprises son arrivée à Bamako. Toujours silence radio !

Finalement, le leader politico-religieux semble décider de rester encore un peu à Alger pour suivre son destin hors du pays, en attendant de voir clairement le sort qui lui a été réservé par les militaires à Bamako. Mais, jusqu’à quand va-t-il se patienter ? Ou alors, va-t-il finalement accepter de venir se jeter dans la gueule du loup ? Difficile de répondre à ces questions avec certitude. Seulement, il y a juste une semaine, il a fait une vidéo à l’occasion de la fête de Tabaski dans laquelle il a déclaré : « Par la grâce de Dieu, je vais beaucoup mieux aujourd’hui. Je me prépare à rentrer au pays. J’entends des commentaires, mais je ne suis qu’un être humain et je m’en remets à Dieu quoi qu’il arrive ».

Ce qui est évident, l’imam le plus puissant, le plus influent serait prêt aujourd’hui à prier, non pas Dieu, mais plutôt les autorités militaires du Mali afin de trouver un accord lui permettant de regagner Bamako sans peine. Il reste à savoir si cette prière est acceptable par les plus puissants du moment.

Ousmane BALLO

Source : Ziré

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