Le consortium de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), qui regroupe des centres d’enquête, des médias et des journalistes spécialisés dans le crime préparé et la corruption a publié un rapport sur la Gambie et qui fait la situation des détournements du dénier public pendant le règne de monsieur Jammeh.
Exilé en Guinée équatoriale, l’ex-président gambien aurait détourné une somme colossale d’environ un (1) milliard de dollars américains au cours de ses vingt-trois années au pouvoir, c’est-à-dire de 1994 à 2017.
Suivant le rapport publié à la date du 26 mars par l’OCCRP, l’homme fort de la Gambie serait l’auteur du détournement de 835 millions d’euros au 31 décembre 2017. Il serait, en effet, un guérisseur autoproclamé du sida, propriétaire d’un domaine abritant des animaux exotiques, d’un camp d’entrainement militaire ainsi que de nombreuses voitures de luxe…
De la sorte, le gouvernement de l’ancien président de la Gambie a aussi été non seulement grêlé par l’abondance de son train de vie, de l’essor des infrastructures publiques, mais également la répression stricte et grandissante de toute forme d’altercation. De ce fait, maintes Organisations non gouvernementales (ONG) agissent dorénavant pour la tenue d’un procès dans le but de juger des crimes commis sous son administration, lit-on sur le rapport. Aux dires de la Banque mondiale et celle centrale, ce pays de 2 millions d’habitants serait endetté jusqu’au cou, soit une dette atteignant 489 millions de dollars à la fin de l’année 2017. Il serait également endetté à hauteur de 130% du PIB, laisse entendre le Fonds monétaire international (FMI). Outre cela, l’ex-président Yahya Jammeh serait mis en cause dans la disparition ainsi que le meurtre de 50 migrants au cours de ses 23 ans au pouvoir. Il aurait également détourné 90 millions de dollars, estime son successeur.
L’enquête de l’OCCRP révèle que le denier public détourné par le prédécesseur d’Adama Barrow transitait par des comptes bancaires détenus par des entreprises bénéficiant de contrats lucratifs de la part de l’ancien président. Quiconque refusait ces pratiques était contraint au silence « par la force ou par la menace ». Il aurait obtenu le concours d’hommes d’affaires étrangères comme le Libanais Mohammed Bazzi, gestionnaire financer du Hezbollah, utilisé comme intermédiaire par monsieur Jammeh dans le but de transiter des fonds à travers la société publique de télécommunication Gamtel, sur lesquels ce dernier aurait obtenu des commissions, deux Roumains, Nicolas et Dragos Buzaianu, avec qui Yahya Jammeh se serait arrogé le monopole des exportations de bois depuis Gambie, usant de son pouvoir militaire pour faire arrêter tous les éventuels concurrents tentant de se positionner sur ce secteur. En outre, il aurait également détourné 100 millions de dollars envoyés par Taïwan, sous forme d’aide à la Gambie après sa reconnaissance de l’île revendiquée par Pékin, a laissé entendre l’OCCRP.
Notons qu’il est actuellement reclus en Guinée équatoriale. Si le gouvernement en place ne s’est pas encore exprimé sur le contenu de cette enquête de l’OCCRP, c’est parce que son éventuel procès serait lié à son extradition par le président de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo.
À titre de rappel, depuis le retrait forcé de l’ancien président gambien de la vie publique, en janvier 2017, il se serait installé dans une ferme dans la province de Wele-Nzas, en Guinée équatoriale. Notons aussi qu’il ne s’est depuis jamais exprimé en public, car il lui a été promis par le président équato-guinéen, qu’il ne sera pas livré.
Bakary FOMBA, Stagiaire
Source: Le Pays