Les troupes présidentielles craignent que la gauche profite de l’absence du chef de l’État pour accélérer les discussions et s’imposer à Matignon.
Emmanuel Macron doit décoller mercredi matin pour Washington, où s’ouvre aujourd’hui le sommet de l’Otan prévu jusqu’à jeudi. Mais selon les informations du Figaro, plusieurs cadres du gouvernement et de partis alliés du chef de l’État ont fait remonter à l’Élysée leurs inquiétudes sur l’absence du président pendant 48 heures, alors que des tractations ont lieu en tous sens pour trouver un prochain gouvernement. Interrogé par Le Figaro, l’entourage d’Emmanuel Macron a d’abord esquivé sobrement l’éventualité d’une annulation du déplacement: «Ça n’en prend pas le chemin. Il n’est pas dans l’état d’esprit de ne pas y aller». Avant de se faire plus ferme après la publication de notre article : «Le président se rendra bien au sommet de l’Otan».
«La gauche va se mettre d’accord sur le nom d’un premier ministre, il faut s’organiser en face. Mais si le président part aux États-Unis pendant deux jours, il ne se passera rien chez nous», redoute un ministre, insistant sur la nécessité d’une négociation rapide pour aboutir à une coalition. «Il y a une course de vitesse. Partir trois jours à Washington alors que chaque jour compte, c’est spéculer sur le fait que la gauche n’arrivera pas à se mettre d’accord. S’ils y parviennent, la pression sera très forte à son retour», s’alarme un ministre qui estime que le président ne prend pas la mesure du risque d’une entente à gauche. Et de la difficulté à barrer la route ensuite au Nouveau Front populaire : «Si j’étais la gauche, j’organise ensuite une manifestation devant l’Élysée en brandissant des clés».
«Il a fallu 20 minutes pour tirer les conclusions des européennes»
D’autant que la session de la nouvelle Assemblée s’ouvrira le 18 juillet, date du début de la XVIIème législature et de l’élection pour la présidence du Palais Bourbon. «Il y a des choses dont on peut discuter jusqu’au 17 et pas après. Prendre son temps empêche une négociation globale qui puisse prendre en compte les postes clés à l’Assemblée», fait-on valoir de même source, évoquant la possibilité d’un accord avec la droite où Matignon serait cédé en échange de l’hôtel de Lassay. De leur côté, les ministres élus députés tiennent impérativement à débuter la mandature pour pouvoir briguer certains postes législatifs et prendre part aux premiers votes à la Chambre Basse.
Puisque la démission de Gabriel Attal a été refusée lundi par Emmanuel Macron, ils en sont empêchés à ce stade, bloqués au gouvernement. Sur BFMTV, la ministre déléguée Agnès Pannier-Runacher a indiqué mardi vouloir siéger au plus vite plutôt que de rester ministre. Et puis, ajoute ce cadre du parti Horizons d’Édouard Philippe: «Il a fallu 20 minutes au président pour tirer les conclusions des européennes, on comprendrait mal qu’il tire les conclusions de la dissolution en 20 jours».