Notre confrère Seydou Oumar Traoré, journaliste et Directeur Général de la Radio Baoulé, s’en est sorti au Pôle National de Lutte contre la Cybercriminalité à bon compte avec une peine totale de 12 mois de prison, dont 6 mois avec sursis, ainsi qu’à une amende de 1 million de Francs CFA… comparativement à l’autre ‘‘mal parleur’’, le politicien verbeux, Issa Kaou Djim, ex-N°10 de la défunte M5-RFP.
Jugés tous les deux coupables d’offense envers un chef d’État étranger suite à la diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux, notre confrère a eu l’intelligence et l’élégance de présenter ses excuses au Général Mamady Doumbouya avant qu’il ne soit placé sous mandat de dépôt le 26 mai 2025 après son arrestation le 25 mai, dans le cadre de l’affaire. Mais point de temps, Kaou Djim n’en a eu ; et il a écopé de deux ans fermes pour crime de lèse-majesté envers le capitaine Ibrahim Traoré et injure envers tout le peuple burkinabé.
Le citoyen lambda s’étonne de cette justice à géométrie variable, pardon de ces verdicts à deux vitesses qui dont l’impression d’un deux poids, deux mesures dans des affaires dont la similitude est si déroutante : offense à un chef d’Etat étranger, ancêtre du crime de lèse-majesté dans notre droit positif. Sur les réseaux sociaux, on s’en donne à cœur joie quant à l’inégalité de traitement par la justice malienne entre le journaliste et le politicien, l’allié et l’opposant de la transition. Pourquoi s’étonne-t-on qu’entre Seydou Oumar TRAORE et Issa Kaou N’DJIM, dans le délit d’offense à Chef d’État étranger, la justice malienne n’ait pas utilisé le même outil de mesure et le même barème ? Pour le soutien égaré c’est, dit-on, la balance : 6 mois de prison ferme. Par contre, pour le pourfendeur, la bascule : 2 ans ferme.
Or, pour Wahb ibn Munabbih, historien et traditionniste arabe du Yémen, «Être juste une heure de temps, lorsqu’on exerce le pouvoir suprême, vaut mieux qu’adorer Dieu durant soixante années consécutives». Dans le dix-septième volume du Grand vocabulaire François de 1774, on trouve, à l’entrée « mesure », cette explication : « On dit figurément qu’il ne faut point avoir deux poids & deux mesures ; pour dire qu’il faut juger de tout par les mêmes règles & sans partialité ».
Y a-t-il eu deux poids, deux mesures dans cette affaire d’offense à un chef d’Etat étranger ? Selon un praticien s’exprimant sur l’affaire, point de discrimination il n’y a eu dans ces deux affaires. Mais plutôt le tribunal a accordé au journaliste des circonstances atténuantes. En droit, les circonstances atténuantes sont des faits ou éléments qui, lors de l’appréciation d’une infraction, permettent au juge de diminuer la peine initialement prévue par la loi. Elles sont laissées à l’appréciation du juge, qui peut ainsi moduler la sanction en tenant compte de la situation particulière de l’accusé.
En d’autres termes, les circonstances atténuantes ne suppriment pas la culpabilité, mais elles conduisent à une peine moins sévère que celle qui serait normalement appliquée. Elles permettent de prendre en compte des éléments qui justifient une certaine indulgence, comme des problèmes de santé mentale, des traumatismes passés, ou des situations de détresse.
Alors si discrimination, il y a eu il faudrait, dit-on, le rechercher ailleurs pas au niveau de la justice. Sinon, l’autre vieux mal parleur du CNT, Minkoro Kané, ancien général de l’armée malienne, dans une interview, a menacé d’»éliminer» le président ivoirien Alassane Ouattara et son homologue béninois Patrice Talon. Et le vidéoman kritikrata n’a pas du tout été tendre avec le Vieux Nyamakoudji. Or, Gassama qui a simplement affirmé sans preuve est aujourd’hui pris en otage par la justice ivoirienne. Et on dit qu’il n’y a pas deux poids, deux mesures. Pourvu que ça apprenne aux uns et autres autres à tenir leur langue, en tout cas, à la remuer 7 fois avant de débiter des vacheries, pardon des fâcheries.
El Hadj Sambi TOURé