Le procès d’un passeur somalien soupçonné d’être un des « organisateurs » de la traversée qui s’est transformée le 3 octobre en gigantesque naufrage près de Lampedusa, faisant plus de 360 morts, s’est ouvert ce lundi 13 janvier à Palerme, en Sicile. Ce passeur aurait surtout violé et torturé de nombreuses Érythréennes présentes sur le bateau.
Lorsqu’une de ses victimes présumées, âgée de 18 ans, a aperçu Elmi Mouhamud Muhidin dans la salle d’audience, elle s’est caché le visage dans les bras d’un des officiers de police qui l’accompagnait. Des vingt femmes qui auraient été violées par le Somalien et ses hommes, elle serait la seule à avoir survécu au naufrage.
Selon l’accusation, Elmi Mouhamud Muhidin dirigeait le centre en Libye où les 130 migrants érythréens avaient été parqués, après avoir été enlevés par son gang dans le désert du Sahara entre le Soudan et la Libye. Un centre où on les a enfermés et longuement torturés pour leur soutirer un maximum d’argent. Certains migrants ont ainsi expliqué à la police avoir été forcés de verser jusqu’à 2 500 euros pour être remis à d’autres trafiquants et enfin monter sur le fameux bateau.
Mais Elmi Mouhamud Muhidin a semble-t-il lui aussi voulu faire lui la traversée, et lorsqu’il est arrivé à son tour à Lampedusa le 25 octobre, les réfugiés l’ont reconnu et pratiquement lynché. Il encourt aujourd’hui 30 ans de prison. Le capitaine du bateau est lui aussi accusé de plusieurs homicides.
Les hommes qui travaillent dans ces réseaux de passeurs sont rarement jugés, et les associations de défense des droits de l’homme réclament une plus grande implication de la communauté internationale dans ce domaine.
rfi