
Mali-Tribune : Qu’est-ce que le paludisme ?
Dr. Souleymane Maïga : Le paludisme est une maladie parasitaire transmise exclusivement par la piqûre d’un moustique infecté, principalement du genre Anophèles. Cette maladie est particulièrement répandue dans les zones tropicales.
Mali-Tribune : Quels sont les principaux défis dans la lutte contre le paludisme ?
Dr. S. M. : Les défis sont multiples. Le paludisme peut survenir à tout moment, bien que certaines saisons, comme l’hivernage, enregistrent un taux de prévalence plus élevé. En plus de la prise en charge médicale dans les structures de santé, l’hygiène et l’assainissement des zones de reproduction des moustiques jouent un rôle crucial. La sensibilisation des communautés sur ces aspects est primordiale.
Mali-Tribune : Quelles sont les stratégies mises en place pour limiter la propagation du paludisme ?
Dr. S. M. : Plusieurs mesures préventives sont mises en œuvre. Nous sensibilisons la population à éviter les eaux stagnantes, particulièrement pendant l’hivernage. Les dépressions où l’eau peut s’accumuler doivent être comblées, car elles favorisent la prolifération des moustiques. De plus, il est important de se débarrasser des objets inutilisés dans les concessions qui pourraient devenir des refuges pour les moustiques. Les moustiquaires imprégnées d’insecticide, la chimio-prévention pour les femmes enceintes (comprimés SP administrés à partir de la treizième semaine de grossesse), et l’utilisation de grillages sur les portes et fenêtres sont également des moyens efficaces de prévention.
Mali-Tribune : Avez-vous des chiffres sur la prévalence et la mortalité dues au paludisme ?
Dr. S. M. : La prévalence du paludisme varie selon les régions. Selon l’Enquête démographique et de santé (EDS), la prévalence nationale tournait autour de 2 % il y a deux ans. Cependant, certaines zones comme Koulikoro enregistrent des taux plus élevés, atteignant parfois 7 % à 8 %. Pour ces régions, le gouvernement déploie des stratégies spécifiques, telles que la chimioprophylaxie, où des agents de santé distribuent des médicaments aux enfants de moins de 5 ans. Concernant la mortalité, l’OMS estime qu’un enfant meurt toutes les minutes à cause du paludisme à l’échelle mondiale, et le Mali n’est malheureusement pas épargné, en raison des faibles revenus et des difficultés d’accès aux soins dans certaines zones.
Mali-Tribune : Quels progrès ont été réalisés ces dernières années ?
Dr. S. M. : Des avancées significatives ont été observées. La sensibilisation des populations commence à porter ses fruits, et certaines zones adoptent désormais des mesures d’hygiène. L’introduction du vaccin contre le paludisme représente également une avancée majeure dans la prévention des cas graves.
Mali-Tribune : Existe-t-il un vaccin contre le paludisme ?
Dr. S. M. : Oui, il existe un vaccin. Bien que son effet soit temporaire, il permet de prévenir les complications sur une période prolongée. Cependant, les recherches continuent pour développer des solutions encore plus efficaces.