Les pourparlers maliens qui visent dans un premier temps l’adoption d’une feuille de route consensuelle entre les parties maliennes se poursuivent à Alger depuis le lancement officiel du dialogue inclusif, le mercredi 16 juillet 2014. C’est à l’issue de l’élaboration probable de la feuille de route qui doit contenir la méthodologie de travail que le vif du sujet, c’est-à-dire les questions de fond relatives à la crise malienne, seront évoquées au cours du dialogue inclusif.
Les différents protagonistes du dialogue inter-malien se sont retrouvés à huit clos au cours de la journée du 19 juillet 2014, à la résidence El-Mithak (résidence d’Etat qui abrite les grandes conférences de la république démocratique populaire de l’Algérie), en présence des représentants de la communauté internationale, dont le représentant spécial du secrétaire général de l’Organisation des Nations-unies au Mali, Albert Gérard Koenders. Les échanges se sont déroulés sous la modération du ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. Les experts de différents pays prennent part à ces rencontres, notamment le conseiller technique du ministre des Affaires étrangères burkinabè.
Une médiation qui annonce de l’espoir
Suite à la déclaration d’Alger où les différentes parties ont procédé à une concertation préliminaire qui leur a permis d’harmoniser leurs points de vue relatifs à la résolution de la crise malienne, Il n’y a plus de répit pour l’Algérie dans le cadre de la médiation de la crise malienne qui s’annonce, certes longue, mais avec de l’espoir. C’est du moins ce qu’ont laissé entendre des parties en pourparler à Alger que nous avons rencontrées, à savoir, entre autres, le ministre malien des Affaires et de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, et Djeri Mohamed Maïga, coordonnateur des mouvements signataires de la déclaration d’Alger du 14 juin 2014, notamment le Haut conseil de l’unité de l’Azawad (HCUA), le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA). Celui-ci (Djeri Mohamed Maïga) dit ne pas reconnaître les autres mouvements, à savoir la Coalition du peuple de l’Azawad (CPA) de Ibrahim Mohamed Saleh et la dissidence du mouvement arabe uni.
Néanmoins, il a expliqué que leur coordination leur tend la main afin que la lutte soit unique pour le développement de l’Azawad. C’est justement ce travail de rapprochement des positions qui incombe à l’Algérie dans le cadre de la médiation, afin de réussir à coudre le fil du dialogue entre Maliens.
Du reste, Alger met les bouchées doubles pour résoudre l’équation du dialogue inter-malien, « tout en s’appuyant également sur les accords préliminaires de Ouagadougou du 18 juin 2013 », nous a confié le conseiller technique du ministre des Affaires étrangères burkinabè, Abdoul Karim Traoré. « Nous pensons pouvoir aboutir à la feuille de route d’ici à jeudi ou vendredi 26 juillet 2014, avant d’entamer les discussions de fond. L’heure est aux pourparlers pour arriver à une feuille de route consensuelle.
Par exemple, le groupe du 14 juin (MNLA, HCUA, MAA) propose une feuille de route pour mener les échanges. Il y a une lueur d’espoir à partir du moment où les groupes au nord Mali et le gouvernement maliens se fondent sur l’accord préliminaire de Ouagadougou, notamment à l’article 21 de l’accord politique de Ouagadougou. Sur des questions de fond, il n’y a pas de problème, il s’agit de clarifier les questions de méthodologie », a-t-il laissé entendre. Il n’a pas terminé ses propos, sans précise
r qu’Alger et Ouagadougou ne sont pas en contradiction par rapport à la médiation malienne. « Ce qu’il y a lieu de noter, c’est qu’il n’y a pas de rivalité diplomatique entre l’Algérie et le Burkina. Les ministres des Affaires étrangères sont des amis et les deux pays entretiennent de très bonnes relations. Toute chose qui facilite les choses.
La rencontre à Alger, le 22 avril 2014 dernier, a permis de disposer d’une plate-forme minimale pour que les groupes du Nord puissent discuter avec le gouvernement du Mali. Il appartient au Burkina, en tant que médiateur et à l’Algérie en tant que facilitateur, de réussir à proposer aux groupes d’être ensemble sur quelque chose d’unique. La dynamique de Ouagadougou et de la CEDEAO continue avec Alger qui est dans le jeu depuis le début. En témoigne le sommet des chefs d’Etats de la CEDEAO où l’initiative de l’Algérie a été saluée », a expliqué le conseiller technique burkinabè.
« Cette fois-ci, nous pouvons aller de l’avant », Abdoulaye Diop
Abdoulaye Diop, le chef de délégation malienne a indiqué que l’accord de Ouagadougou est le socle, en ce sens qu’il constitue un référentiel qui guide les échanges afin de permettre aux parties maliennes de fumer le calumet de la paix. « Ce qui est important, c’est le fait que de part et d’autre, on sente une volonté de tourner la page et d’arriver à un accord qui permettra de stabiliser le Mali. Que ce soit nous-mêmes ou nos frères du nord du Mali, ce sont des messages d’apaisement que nous prononçons.
Ces messages sont un motif d’encouragement, en ce sens qu’ils s’inscrivent dans le cadre des lignes rouges que le Mali a mentionnées dans les négociations. Il y a certains points que nous ne souhaitons pas négocier. Il s’agit de l’unité, la forme républicaine. Nous n’entendons pas nous engager dans le sens d’une démarche pour l’autonomie ou le fédéralisme.
A l’exclusion de ces concepts, tous les autres points sont négociables pour nous. Il y a plusieurs réformes institutionnelles qui s’offrent à nous. Il nous appartient de regarder dans la sous-région. Il y a un bon début et une bonne ambiance pour avancer.
Les négociations ne sont pas faciles, mais avec la bonne volonté et l’engagement des frères et l’appui de la communauté internationale et la médiation de l’Algérie, nous avons l’espoir que cette fois-ci, nous pouvons aller de l’avant », a relaté le diplomate malien. Dans la déclaration d’Alger de juin 2014 et la plate-forme d’Alger, les six mouvements ont reconnu clairement que la forme républicaine de l’Etat ne sera pas remise en cause, a-t-il conclu 1
Crise malienne : le dialogue inclusif inter-malien se poursuit à Alger “dans une bonne ambiance”
Le dialogue inclusif inter-malienpour un règlement définitif de la crise dans le nord du Mali, se poursuit à Alger “dans un esprit positif”, a-t-on appris auprès du ministère des Affaires étrangères. Les parties maliennes représentant le gouvernement et les mouvements politico-militaires du nord ont été engagées par la délégation algérienne et l’équipe de médiation qui la soutien sur “les différents volets des négociations devant couvrir les questions de défense et de sécurité, les questions économiques, sociales et culturelles, ainsi que celles relatives à la réconciliation, à la justice et à la situation humanitaire”, a souligné notre source.
Dans le sillage de ce dialogue lancé mercredi dernier à Alger, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a présidé, le samedi 19 juillet 2014, une série de réunions avec l’équipe de médiation composée de l’ONU, de l’UA, de la CEDEAO, de l’OCI, de l’UE, du Niger, du Burkina Faso, du Tchad et de la Mauritanie, a indiqué la même source.
Les réunions, a-t-on précisé, se sont élargies à des séances de travail avec les représentants des parties maliennes. “Ces consultations ont débouché sur un accord de principe portant sur la méthodologie ainsi que sur les questions devant être traitées en priorité au cours de la phase initiale du dialogue inter-malien qui doit prendre fin jeudi 24 juillet. Les négociations devront reprendr, au courant du mois d’août prochain, à Alger”, a-t-on relevé.
Les six mouvements concernés par le dialogue inter-malien sont le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), la Coordination pour le peuple de l’Azawad (CPA), la Coordination des Mouvements et Fronts patriotiques de résistance (CM-FPR), le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (dissident).
Les trois premiers mouvements avaient signé, en juin 2014 à Alger, une plate-forme préliminaire d’entente visant à trouver une solution définitive à la crise malienne et à travers laquelle ils ont réaffirmé le plein respect de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale du Mali.
Les trois autres mouvements avaient signé de leur côté la “Déclaration d’Alger”, en juin dernier, à travers laquelle ils avaient affirmé leur volonté d’œuvrer à la consolidation de la dynamique d’apaisement en cours et de s’engager dans le dialogue inclusif inter-malien et réitéré leur acceptation de la nécessité de préserver l’intégrité territoriale du Mali.
Rassemblés par SRK, à Alger
Source: Le Quotidien