Le dialogue, à peine débuté le 16 juillet à Alger, se révèle déjà impossible entre le gouvernement et les groupes armés. Selon nos sources, en plus de s’opposer à l’implication d’autres mouvements dans les pourparlers d’Alger, la coordination (MNLA, HCUA, MAA) refuserait également de reconnaitre le caractère laïc de l’Etat malien.
Ces points ont constitué les principales sources de blocage des discussions de la journée du lundi.
Dans les faits, il s’agissait pour les parties de valider la feuille de route proposée par les facilitateurs du dialogue inter-malien. La coordination des mouvements MNLA, HCUA et MAA aurait refusé de valider ladite feuille de route. Selon nos sources, la raison de ce refus serait que ces mouvements rejettent la forme laïque de l’Etat malien. Par ailleurs, ils restent également opposés à l’implication des trois autres mouvements du nord du Mali dans les présents pourparlers d’Alger.
La feuille de route des facilitateurs rappelle d’une part les « principes de bases » du dialogue, parmi lesquelles le respect de « l’intégrité territoriale, de l’unité nationale et de la forme laïque et républicaine de l’Etat malien » et précise les parties d’autre part. Ainsi, prévoit-elle des discussions entre le gouvernement malien, d’un côté ; de l’autre, les mouvements signataires de la déclaration d’Alger du 9 juin 2014 (MNLA, HCUA, MAA) et les mouvements signataires de la plateforme préliminaire d’Alger du 14 juin 2014 (CPA, MAA, CM-FPR).
Informations corroborées dans la feuille de route de la coordination
Un coup d’œil sur la feuille de route proposée par les mouvements MNLA, HCUA et MAA nous permet de comprendre cette volte-face de ces groupes armés qui, depuis la signature de l’accord de Ouagadougou, n’avaient jamais remis en question la laïcité de l’Etat malien.
En effet, dans leur feuille de route, ces mouvements se contentent de réitérer leur engagement au seul « respect de l’intégrité territoriale » du Mali.
« Les mouvements réitèrent, conformément au Préambule de l’Accord préliminaire de Ouagadougou, le principe de respect de l’intégrité territoriale. »
Or, dans le préambule de l’accord de Ouagadougou, ces mêmes groupes armés s’étaient également engagés au respect de « la laïcité du Mali ».
Selon toute évidence, ils envisagent de contester ce principe au cours des négociations futures. Parmi les thèmes proposés dans leur feuille de route, le thème 4, « spécificités historiques et culturelles », porte sur des sujets comme l’histoire, la langue, l’éducation, la tradition, mais aussi sur la religion.
Prévoient-ils, au cours des négociations, de demander au gouvernement, dans le cadre de l’autonomie, l’institutionnalisation d’une religion au nord du Mali ?
Pour le moment, tout porte à le croire. Cependant, il faudrait déjà qu’ils obtiennent que ce principe sacro-saint fasse de l’objet de quelconques discussions.
Avec cette nouvelle donne, la suite de ces pourparlers d’Alger promet d’être davantage corsée que prévu.
Ce mardi, les débats continuent pour l’adoption d’une feuille de route consensuelle. D’ores et déjà, le gouvernement malien a approuvé la feuille de route proposée par le groupe des facilitateurs. Reste à savoir si la coordination (MNLA, HCUA, MAA) reconnaitra de sitôt le caractère laïc de la république du Mali.