Le processus de paix au Mali fait penser à un conseil de classe où les délégués des élèves sont mystérieusement tombés malades et se sont fait remplacer par les cancres, les mauvais élèves, ceux qui traînent au dernier rang et qui passent leur journée à envoyer des boulettes dans le dos de leurs petits camarades.
Le problème c’est que les boulettes, à la table des négociations, peuvent tuer. Le représentant du gouvernement malien, ou devrait-on dire le directeur du centre d’animation pédagogique, est prévenu : mieux vaut ne pas laisser rentrer les cancres.
Quand les trois principaux groupes armés présents dans le nord du Mali, Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) ont lancé un ultimatum aux autres groupes armés présents dans la région, qui disposaient d’un mois à compter du 6 juin, pour rallier les trois « gros », le gouvernement malien aurait pu se douter que des coalitions gênantes allaient voir le jour. Mais certains de ces groupes n’ont manifestement pas attendu pour accueillir en leur sein les cancres terroristes.
Si, parmi les dissidents, la Coalition du peuple pour l’Azawad (CPA) devrait se rapprocher sans trop de difficultés du MNLA, il n’en est pas de même de cette branche dissidente du MAA qui entend bien prendre part aux futures négociations pour imposer leurs intérêts. Des intérêts qui sont à la fois ceux des mouvements jihadistes, qui tirent les fils des marionnettes politiques, et ceux des narco-trafiquants qui entendent bien garder la main sur les axes commerciaux les plus lucratifs. Autrement dit, ces étranges délégués des élèves vont faire ce qu’il faut pour pouvoir continuer à régner sur le fond de la classe et dans les bas-fonds de la cour de récréation en toute impunité.
Le dernier cancre en date, le criminel Yoro Ould Daha, ancien responsable logistique et financier du MUJAO dont il est resté plus que proche, est en train de s’inviter aux réunions avec le tablier du MAA, pour faire régner la loi de ses compères jihadistes et maintenir le nord du Mali dans le chaos. Pour situer encore un peu mieux le personnage, c’est ce Yoro Ould Daha qui avait organisé l’enlèvement de cinq ressortissants maliens – des « bons élèves » – appartenant au Comité international de la croix rouge le 8 février 2014.
Les négociations en cours ne peuvent pas se permettre de voir des voyous mettre des bâtons dans les roues de la paix, si difficile à obtenir. Une plus grande transparence s’impose désormais pour démasquer les cancres. Que ceux qui n’aiment pas le Mali lèvent le doigt… et disparaissent.
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