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Audit des comptes des ex-partis politiques au Mali de 2000 à 2025: La Cour Suprême entre embrouillement et compromission

C’est par une correspondance que le Président de la section des Comptes de la Cour Suprême du Mali, dans le cadre de l’audit du financement des partis politiques sur la période de juillet 2000 à Mai 2025, a invité les Présidents des Ex-partis politiques à prendre les dispositions appropriées en vue de déposer avant le 30 juin 2025, à la Section des Comptes de la Cour Suprême, les copies des états financiers, les pièces justificatives de dépenses, les journaux de banque et des caisses, les relevés  et états de rapprochement bancaire ainsi que  les documents relatifs à la situation par année de ressources.
C’est en substance la quintessence de la Correspondance adressée aux Présidents des partis déjà dissouts, que la section de comptes de la haute juridiction qu’est la Cour Suprême, a adressé aux ex-partis politiques. Le Mali est-il devenu un pays de non droit où seule la volonté du prince du jour à force de loi ? Comment la plus haute instance juridique du pays peut-elle commettre un acte qui s’apparente à de la compromission ?
Embourbé dans une gravissime crise multidimensionnelle, à la fois sécuritaire, sociopolitique et économico-financière, le pays du Général Assimi Goita est devenu la risée du monde. Le hic est qu’au lieu de chercher une issue heureuse à ces crises au grand bonheur des populations, on en rajoute. Le Mali ne fait que s’enfoncer davantage au point d’être aujourd’hui au bord du précipice. Loin d’être un oiseau de mauvais augure pour prêcher malheur, mais ce sont  les faits qui attestent bien cet effondrement inéluctable. La justice considérée comme le dernier rempart d’une société quand tout est sur le point de s’écrouler, s’est, elle aussi, condamnée dans un carcan en « abandonnant en plein vol » les citoyens en détresse. Cette correspondance de la section des Comptes de la Cour Suprême adressée aux Présidents des Ex-partis politiques en vue de permettre l’audit du financement que les partis auraient bénéficié durant les 25 dernières années n’est ni plus ni moins qu’une diversion couplé à un embrouillement pour ne pas dire une compromission de la section des comptes de la Cour Suprême. Les membres de cette haute juridiction qu’est la Cour Suprême ont-ils été paniqués au point de se  demander  des comptes ? Le peuple est avide de savoir la réponse à cette interrogation. 

Le Mali est-il devenu un pays de non droit où seule la volonté du prince du jour à force de loi ? 

Cette question vaut son pesant d’or surtout quand on sait que la section des comptes de la Cour Suprême est la seule structure habilitée à auditer les comptes des partis politiques, à contrôler les pièces justificatives, à les certifier et à garder copies en son sein. C’est cette Section qui donne quitus à l’administration afin que cette dernière accorde un autre financement et cela annuellement.  Pourquoi  n’a-t-elle pas rappelé cette prérogative à l’autorité qui lui a instruit l’ordre de lancer cette chasse aux sorcières illégales contre les partis politiques ? Elle a dû certainement céder à la panique ou s’est embrouillée, dans tous les cas de figure elle s’est dangereusement comprise. En effet, la correspondance, sur instruction du premier ministre,  de la section des Comptes de la Cour Suprême adressée aux Présidents des partis politiques dissous  est la preuve irréfutable que la justice est loin d’être indépendante. Et pourtant sans cette indépendance, sans la séparation véritable des pouvoirs, sans cette audace de s’affranchir et de dire le droit, rien que le droit,  il n’y aura point de progrès et le pays finira inéluctablement par s’effondrer. Ne dit-on pas que les hommes passent, mais que l’Etat demeure ? Les lois sont impersonnelles et ne doivent pas être liées à une personne fut-elle le prince.
Comment la plus haute instance juridique du pays peut-elle commettre un acte qui s’apparente à de la compromission ? 
Cette décision d’auditer les comptes des partis politiques, prise par  la section des Comptes de la Cour Suprême est un acte de compromission de trop qui jette l’opprobre sur toute la justice malienne. Tous les analystes et experts en droit s’accordent à dire que l’invitation adressée aux Ex-partis politiques pour un éventuel audit des comptes est totalement illégale. Son illégalité tient au fait qu’on demande des comptes à des structures qui n’existent plus, qui ont été dissoutes. Alors pour rester conforme à la loi il vaudrait mieux revenir sur cette décision de dissolution pour ensuite demander des comptes.  Pour rappel les partis politiques et les associations à caractère politique ont été dissouts par le gouvernement. Dans l’acte de dissolution, l’interdiction leur a été faite de mener la moindre activité politique et surtout d’avoir accès à leurs sièges où sont archivés les documents administratifs. La décision de la section des comptes de la Cour Suprême est d’autant plus un embrouillement que c’est cette même structure qui a toujours certifié conformes aux principes édictés par la loi, les pièces fournies par les partis politiques et mieux encore c’est la section des Comptes de la Cour Suprême qui leur  donnait son  quitus chaque année  depuis 2005 afin qu’ils puissent  bénéficier du financement public. Les pièces justificatives fournies par les partis politiques ont-elles été égarées sans laisser de traces ? Quid des quitus délivrés par cette même Cour Suprême ?  Pourquoi les membres de la section des Comptes de la Cour Suprême n’ont-ils pas rappelé cette conformité à la loi à leur autorité instructrice ? Ont-ils eu peur de la Kalachnikov ? Voici autant de questions que beaucoup d’observateurs se posent.
En somme, l’acte que la Section des Comptes de la Cour Suprême vient de poser en demandant  aux Ex-partis politiques de prendre les dispositions appropriées afin de permettre un audit de leurs comptes durant les 25 dernières années, s’il n’est pas une forfaiture est une confusion terrible et une compromission dangereuse pour la justice malienne, supposée être le dernier rempart protecteur de la société. Vivement une justice juste, équitable, responsable, audacieuse, indépendante, au grand bonheur des justiciables et pour le progrès de la société malienne.

Youssouf Sissoko 

Source : L’Alternance

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