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Le virage écologique: Un tournant à ne pas rater pour le Mali et le Sahel

Dans une région frappée de plein fouet par le changement climatique, la transition écologique s’impose désormais comme une nécessité vitale. Le Mali, comme de nombreux pays sahéliens, fait face à une double urgence : réparer les dégâts écologiques accumulés au fil des décennies et trouver des alternatives économiques viables pour une population jeune et en forte croissance. Loin d’être un luxe ou un projet d’élites, le virage écologique représente une opportunité stratégique pour repenser le développement sur des bases durables et inclusives.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au Mali, près de 13 % des terres sont considérées comme dégradées. La pression exercée sur les sols par une agriculture extensive, les coupes abusives de bois et les aléas climatiques aggrave l’insécurité alimentaire. Aujourd’hui encore, le taux d’insécurité alimentaire est important. Il était de 6% de la population malienne, soit 1 million 300 mille personnes au troisième trimestre de l’année 2024, selon des statistiques de la FAO et du PAM.
Dans certaines régions, des approches agro écologiques permettent déjà de restaurer des sols fatigués tout en générant de nouveaux revenus pour les paysans. Cette transition vers une agriculture moins dépendante des intrants chimiques, davantage résiliente aux chocs climatiques, offre une voie crédible pour une sécurité alimentaire durable. Elle constitue aussi une piste concrète pour créer des emplois ruraux et stabiliser les jeunes populations, souvent tentées par l’exode ou attirées par les économies informelles.
Autre levier décisif : la restauration des terres et la reforestation. Des programmes à l’échelle nationale ont permis de récupérer des milliers d’hectares. Les arbres plantés améliorent la fertilité des sols, stabilisent les microclimats et freinent la désertification. Cette stratégie de reconquête des espaces dégradés est cruciale pour un pays dont plus de la moitié du territoire est menacée par l’ensablement et l’aridification.
Sur le front énergétique, la donne est tout aussi critique. L’accès à l’électricité reste limité, en particulier en milieu rural alors que le Mali dispose d’un potentiel solaire exceptionnel.
L’énergie solaire à petite échelle joue également un rôle structurant. Dans plusieurs localités rurales, l’installation de mini-réseaux solaires a permis d’électrifier des écoles, des centres de santé, et de relancer des activités économiques. Dans le secteur artisanal, certaines boulangeries ou ateliers de soudure ont ainsi vu leurs coûts de production baisser de moitié, tout en augmentant leur rentabilité. L’électrification verte apparaît dès lors comme un levier concret de développement local.
Toutefois, les défis restent nombreux. Le financement des projets verts demeure limité. Le secteur privé investit encore très peu dans les infrastructures écologiques, faute de garanties et de cadres incitatifs clairs. Les capacités techniques et institutionnelles font aussi défaut dans de nombreuses zones, ralentissant la mise en œuvre des projets. De plus, l’absence de vision stratégique à long terme fragilise la cohérence des actions menées et limite leur impact.
Dans un tel contexte, la transition écologique ne doit pas être réduite à une série de projets isolés. Elle appelle à une refonte globale des priorités nationales : réforme des politiques agricoles, soutien à l’innovation verte, encouragement à la formation des jeunes aux métiers de l’environnement, sécurisation foncière pour les producteurs engagés dans des pratiques durables. Il est également essentiel de renforcer les mécanismes de gouvernance pour assurer la transparence dans la gestion des ressources naturelles.
Le Mali, comme l’ensemble du Sahel, est à un carrefour. Continuer sur la voie actuelle, marquée par l’épuisement des ressources, l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité énergétique, reviendrait à compromettre durablement son avenir. À l’inverse, opérer un virage écologique assumé, cohérent et ambitieux pourrait transformer les fragilités du pays en opportunités économiques et sociales durables.
Dans cette course contre la montre, il ne s’agit pas simplement de planter des arbres ou d’installer des panneaux solaires. Il s’agit de repenser le développement en profondeur, de reconnecter les territoires à leur potentiel, et d’offrir à la jeunesse malienne un horizon plus stable, plus juste, et surtout plus vert. 

Ahmed M. Thiam 

Source : L’Alternance

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