Les assises nationales sur le nord ont pris fin hier, dimanche 3 novembre. Au cours de cette rencontre de trois jours (1er au 3 novembre), des participants issus de toutes les régions du nord du pays ont débattu sur les voies et moyens pouvant favoriser une véritable réconciliation et un retour rapide vers la paix. Il s’agissait aussi pour eux de discuter sur la refondation d’un nouveau contrat social basé sur une entente entre toutes les communautés et l’engagement de l’Etat à une impartialité à toute épreuve. La régionalisation semble donc être la nouvelle option du gouvernement pour freiner toute résurgence des conflits et responsabiliser davantage les populations à la base.
A l’ouverture des travaux, le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta a une fois de plus tendu la main aux groupes armés du nord du Mali notamment le MNLA et le HCUA qui ont boycotté ces assises nationales afin qu’ils s’inscrivent rapidement dans la dynamique de la paix et de la stabilité. Pour Ibrahim Boubacar Kéïta « Il faut reconnaître et réparer les fautes du passé afin de parvenir à une véritable réconciliation nationale et promouvoir la cohésion sociale. Il nous faut combattre toutes les manifestations de l’extrémisme. Bannir de notre sol toutes les formes d’exclusion. Les Maliens ne sauraient jamais être étrangers, sur la terre du Mali. A ceux qui ont pris les armes, je tends encore une fois la main afin qu’ils s’inscrivent dans une dynamique de paix et de réconciliation « . En clair pour Ibrahim Boubacar Kéïta « Le dialogue est supérieur aux fracas des armes car il fait appel au courage et à l’intelligence de l’homme « .
Pour la gestion de la crise du nord, il a déclaré travailler pour le salut du Mali. Réagissant aux reproches faits au gouvernement par des organisations et associations de défense des droits humains après la libération des prisonniers et la levée des mandats d’arrêt de certains responsables touaregs, il a indiqué que si la paix devait passer par là, il est prêt à entreprendre la même chose tout en insistant qu’il n’agit pas sous le diktat de personne et qu’il ne galvauderait jamais la légitimité qui lui a été conférée par les Maliens. Et à lui d’ajouter : » la stabilité a un prix, l’honneur a un prix, le Mali doit devenir ce vaste chantier… « .
Toujours est-il que selon IBK » on ne se fait point d’illusion, la stabilité du Mali passe par la résolution des problèmes du nord « . C’est fort de ce constat qu’il a mis un accent particulier sur le développement accéléré des régions du nord. Avant d’insister sur la politique de décentralisation voire même de régionalisation afin que les communautés locales prennent elles-mêmes en main leur destin. La décentralisation, fait-il remarquer, doit permettre de faire de la région le point nodal du développement économique tout en prenant en compte les réalités locales. « Elle permettra de mieux prendre en charge l’aspiration fondamentale des citoyens à un mieux-être collectif valorisant les cultures du terroir » a-t-il précisé.
Dans les commissions de travail, les discussions ont porté sur la réconciliation nationale, la cohésion et le vivre ensemble, l’approfondissement du processus de décentralisation, le lancement du programme de développement accéléré des régions du nord. A la question quel contenu donnez-vous à la paix, certains participants ont indiqué qu’ « il s’agit pour les Maliens de s’asseoir pour se dire certaines vérités, engager un débat inclusif et trouver des voies et moyens pour le retour de la paix, il faudra que nous acceptions de nous pardonner « . Par contre pour d’autres » la réconciliation passe par justice. Nous ne pouvons nous taire sur les crimes qui ont été commis, il faut nécessairement une réparation. Il faut rétablir la vérité sur tout ce qui s’est passé… « . S’agissant de l’absence des groupes armés, des participants ont souligné que « s’ils étaient présents, la rencontre allait sûrement échouée « . Rappelant la nécessité de sécuriser toutes les régions du nord particulièrement Kidal et cela en désarmant tous les groupes armés. Pour ce faire, ils ont préconisé le retour de l’Etat dans toutes les régions du pays et un cantonnement rapide des groupes armés. Dans son mot de clôture, le ministre de la justice, représentant du premier-ministre a rappelé que l’Etat s’engage à lutter farouchement contre » l’impunité, l’injustice et la corruption » notamment dans les projets de développement.
Pour lui, le gouvernement est disposé à aller vers une régionalisation comme nouveau code de gouvernance du territoire afin que les populations soient responsables du développement de leur terroir.
Maciré Diop et A. DIARRA
Source: L’Indépendant