Besoin en est-il de souligner que le Mali traverse des périodes très critiques de son histoire ? Non, sans la moindre réflexion. Les faits sont patents et ont un impact sur le quotidien de tout le monde sans exception.
La transition dans sa vision large de la refondation avec à la clé la souveraineté retrouvée a adopté une posture dont les conséquences, dans la durée, commencent à être insupportables à tous les niveaux.
A raison ou à tort, l’Etat même est la première victime de ses propres décisions. Pour preuve, il n’est plus en odeur de sainteté avec de grandes puissances telle que la France ; il est en bras de fer avec certains de ses voisins tels que l’Algérie, la Mauritanie, la Côte d’Ivoire… accusés d’être contre les intérêts du Mali, le froid diplomatique a conduit à la détérioration des relations à tel point que tout est presqu’à l’arrêt en termes de coopération sur plusieurs plans.
Le moment était le mieux indiqué pour prêcher l’unité. Et main dans la main faire face aux crises extérieures. Mais à y analyser de près, la tension à l’interne a conduit à la paralysie du pays. L’Etat ne s’entend plus avec plusieurs secteurs.
Les syndicats ont à la limite pris la Nation en otage car face à la moindre incompréhension avec les gouvernants, ils gonflent les biceps et arrivent à faire reculer l’adversaire en face. Après plusieurs situations déplorables, nous voilà devant une grève que certains maliens n’hésitent pas à qualifier de sauvage car avec un mot d’ordre de 72heures à partir d’hier, reconductibles 120 heures mardi prochain et sans service minimum. Ont-ils souci du peuple ? les deux parties sont concernées par l’interrogation.
Au même moment, la classe politique est vent débout car voyant plus de trente ans d’acquis démocratiques menacés par la tempête. Leur sort semble scellé. Dissolution ou réduction, nombreux d’entre eux disparaitront à la suite de la consultation en cours des forces vives de la Nation. Du coup, ils extériorisent le pire à entendre comme en témoigne la sortie récente de certains acteurs. Mais, il faut aussi reconnaitre d’une part que l’Etat n’y est pour rien. Car ce sont eux qui ont favorisé la chute d’un régime démocratique élu au profit d’une transition. Et pour des intérêts personnels, ils se sont fragilisés devant les hommes en treillis au moment où l’union devrait être leur unique boussole. Aujourd’hui, ils tentent de recoller les morceaux. Peine perdue. Une bonne partie du peuple ne veut même plus entendre parler d’eux. Ils sont taxés d’être la source de ce que le Mali traverse.
Dans des périodes exceptionnelles, les médias sont l’une des poutres sur lesquelles les nouveaux tenants du pouvoir s’appuient. Tel n’est pas le cas au Mali. Bientôt cinq ans, ils sont mis sur le banc de touche au profit d’un corps étranger qui s’aventure avec des acrobaties, qui sont de loin, en déphasage avec l’éthique et la déontologie. Malgré les réactions des responsables de la presse classique, rien n’y fit. L’Etat se plait dans ça apparemment. Il fragilise le secteur avec le refus de payer l’aide à la presse, les contrats de partenariat sont resiliés dans plusieurs services au motif de crise financière. Comme si cela ne suffisait pas, voilà le secteur confronté à l’emprisonnement d’un journaliste par le pôle de lutte contre la cybercriminalité après un article paru dans le journal le Canard de la Venise qui parle du fonctionnement de la justice. Les acteurs du secteur ont manifesté leur indignation car à leur entendement cela est un recul grave en matière d’acquis démocratiques. Important à souligner, la presse, accompagne malgré les conditions difficiles, la transition pour raison d’intérêt supérieur du pays. Et le Président de la Maison de la Presse a tout le temps vanté le mérite qu’aucun journaliste n’est en prison sous la transition. Le Ministre de la Justice aussi a employé les mêmes propos à Génève il y a de cela quelques semaines.
En marge de ces secteurs d’activités, le citoyen lambda aussi croule sous le poids de la galère et l’insécurité. Des interpellations et appels au secours sont quotidiens et cela est en lien avec presque tous les segments entrant dans le fonctionnement de l’Etat.
L’heure n’est plus à la recherche de qui a raison ou qui a tort. Mais l’urgence recommande l’unité de tous les citoyens pour sauver la Nation victime des agissements maladroits de ses fils.
Kèlètigui Danioko