Ni la torture, ni l’humiliation auxquelles il a été soumis par les lâches et les sbires ne l’auront dévié toute sa vie durant de son combat pour la liberté et la justice. Et, comme pour lui faire honneur, le destin lui avait pris son dernier soupir un 22 Septembre, (Fête nationale) 1991.
Destin singulier et singulière performance que d’être un des hommes politiques maliens les plus importants et parvenir à préserver un quasi-anonymat.
Certes, le combat clandestin a des exigences de discrétion et de dissimulation rigoureuses, mais l’on peut penser que Abdoulaye Barry a choisi, tout au long des années de plomb, de s’effacer, de former sa personnalité, très forte par ailleurs, pour mieux se fondre dans l’ensemble de ses militants et des militants des autres organisations du mouvement démocratique.
Les professeurs, médecins, avocats, architectes… mais aussi les commis, les ouvriers et les paysans qu’il a conduits sur les chemins de l’honneur et de la dignité lui vouaient un respect et une amitié sans limite. Mais, il a su ne jamais se laisser aller à l’adulation béate et vaine.
Il ne se distinguait point des autres ; il se voulait le plus humble d’entre eux. Quoique reconnu « Karamoko » par tous.
Abdoulaye Barry a été toujours et partout un militant.
Toutes ses actions en tant qu’éducateur, syndicaliste, toutes les activités d’homme de culture ; d’homme de presse ont été soutendues par une volonté politique farouche et marquées du sceau de ses convictions. Mais, il s’est aussi toujours défendu avec bonheur d’être subjectif ou sectaire.
Cette ouverture d’esprit et sa propension à écouter et comprendre les autres a fortement contribué à rapprocher d’abord, et souder ensuite, les différentes composantes du mouvement démocratique pour affronter victorieusement le bastion de Moussa Traoré.
Pendant les journées sanglantes de Janvier et Mars 1991, on a pu voir Abdoulaye Barry au cœur de la mêlée.
Lui, le premier responsable d’un Parti clandestin qui aurait dû être sous protection ; on l’a vu faire rempart de son corps pour protéger un manifestant. Comme s’il savait que celui-ci devait, quelques mois après, présider aux destinées de notre grand Mali. Ce manifestant, c’était, Alpha Oumar Konaré.
Autant Abdoulaye Barry pouvait être grand, autant il s’est voulu humble.
Il faut espérer que nos gouvernements actuels et nos dirigeants futurs puissent lire le livre de la vie de ce militant exemplaire qui s’en est allé.
En effet, Abdoulaye Barry est décédé le 22 Septembre 1991 à Katibougou (Koulikoro) à la suite d’une longue maladie.
Enseignant de profession, syndicaliste exemplaire, Abdoulaye Barry était un spécialiste des langues nationales du Mali. Il a traduit l’hymne national du Mali en Bambara) et aussi un journaliste de talent qui a assuré (après Alpha Oumar Konaré) la direction du journal les Echos et de la Coopérative Culturelle Jamana. Responsabilités qu’il cumulait avec la Direction de la DNAFLA depuis la chute de GMT.
Abdoulaye Barry, c’était aussi, l’homme de combat qui avait été plusieurs fois, admis pour ses convictions, dans les geôles du tyran GMT.
Mais, comme le disait Ernesto Che Guevara : « La mort n’est pas réelle, quand on a bien accompli l’œuvre de la vie ».
Une œuvre, qu’Abdoulaye Barry aura pleinement accomplie.
Repose en paix Karamoko !
B. Mariko
Source: Le 26 Mars