Le parti du président zimbabwéen Robert Mugabe a exclu vendredi toute démission du chef de l’Etat, après une journée de mobilisation de l’opposition qui réclame son départ.
Morgan Tsvangirai, chef du parti d’opposition MDC (Mouvement pour un Changement Démocratique) a rassemblé jeudi plus de 2.000 manifestants dans la capitale Harare, pour exiger la démission du président Robert Mugabe. Cette mobilisation est la plus importante qu’a connu le pays depuis près de dix ans.
Robert Mugabe, 92 ans, dirige le Zimbabwe depuis son indépendance et le départ des colons anglais, en 1980. Sous son pouvoir, le pays a connu la crise économique, les pénuries de nourriture, et des répressions de plus en plus sévères.
“Le président Mugabe a été élu par le peuple zimbabwéen. Ils veulent maintenant qu’il parte, mais je me demande bien où”, a déclaré Simon Khaya Moyo, porte-parole du parti au pouvoir Zanu-PF (Union nationale africaine du Zimbawe), au journal Herald, détenu par l’Etat.
“S’ils veulent le départ du président, alors ils n’ont qu’à faire campagne et remporter les élections, c’est ainsi qu’on change de gouvernement dans une démocratie”, a-t-il poursuivi.
Lors de la dernière élection présidentielle, en 2013, Robert Mugabe et son parti ont largement battu le MDC. Cependant les Etats-Unis soupçonnent des irrégularités dans cette élection, entachée par des violences et par des intimidations.
Malgré son âge avancé et une santé fragile, le président zimbabwéen refuse de quitter le pouvoir, et n’a toujours pas désigné de successeur potentiel.
Toujours debout à la tribune, il est encore coutumier de longs discours exaltés de près d’une heure et demie, et sera très certainement candidat pour la prochaine élection présidentielle de 2018.
Pour Morgan Tsvangirai, soupçonné d’avoir voulu renverser le président Mugabe, le départ du président donnerait une chance au Zimbabwe de sortir un jour de la crise économique qui ravage le pays.
“Nous ne demandons pas à renverser le gouvernement, nous demandons une sortie digne pour Mugabe, fatigué”, avait clamé dimanche le chef du MDC devant plus de 2.000 manifestants.
Les manifestations anti-Mugabe sont généralement dispersées par la police, mais celle-ci avait été préalablement autorisée par la justice.
La dernière manifestation de masse contre le chef de l’Etat remontait à 2007. La police avait alors frappé Morgan Tsvangirai et d’autres dirigeants de l’opposition, qui s’étaient rassemblés pour une réunion de prière.
C’est Emmerson Mnangagwa, vice-président, loyal au régime présidentiel, qui est considéré comme le successeur le plus probable à Mugabe. L’épouse du président, Grace Mugabe, âgée de 50 ans, fait elle aussi figure de candidate potentielle.
Trevor Ncube, propriétaire de trois journaux au Zimbabwe, a de son côté estimé vendredi que son pays était “dans un tel état de paralysie que les rêves de tant de Zimbabwéens se sont transformés en cauchemars”.
“Ce sont la mauvaise gestion économique, la cupidité, la corruption et la dégradation de l’ordre public qui nous ont conduit à cette situation désastreuse”, écrit Trevor Ncube dans un éditorial, appelant à l’émergence d’une nouvelle classe dirigeante, plus jeune.
“Mugabe dirige le Zimbabwe comme son fief: il s’est accaparé les institutions nationales et les a spoliées impunément”, écrit encore Ncube.
Source: portalangop