La course à la vaccination contre la Covid-19 préoccupe en cette période de crise sanitaire. Si les premières doses de vaccin ont été réceptionnées en Afrique, certains pays ont déjà commencé la vaccination. Et le Ghana a reçu ce mercredi, 24 février 2021 la première livraison au monde du vaccin du dispositif Covax. Pendant ce temps, c’est le calme plat au Bénin…
Le Ghana devient le premier pays bénéficiaire du programme mondial de vaccin du dispositif Covax. Un programme mis en place afin de faciliter l’accès au vaccin aux pays pauvres à travers le monde. Ces doses gratuites sont censées lisser les inégalités entre pays riches et à faibles revenus face à l’approvisionnement en vaccin. Et il a été proposé au Bénin d’adhérer au projet Covax, initié par l’Alliance du vaccin (GAVI) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’objectif visé est d’accélérer la fabrication de vaccin contre le Covid-19 afin de faciliter son accès aux populations les plus vulnérables à l’échelle mondiale. Selon l’Organisation mondiale de la santé, le choix du Ghana comme premier pays bénéficiaire se justifie par le fait que le pays ait prouvé que son personnel de santé et ses équipements de chaîne du froid étaient prêts à soutenir une distribution rapide. Le choix a été fait « en fonction de divers facteurs, notamment un plan de déploiement solide et des restrictions sanitaires bien en place ». Ainsi, le Ghana vient de bénéficier de 600 000 doses du vaccin AstraZeneca/Oxford, fabriqué par le Serum Institute of India et expédié par l’Unicef depuis Mumbaï. Ce nombre devrait atteindre 2,4 millions d’ici la fin de juin. Mais la route est encore longue, souligne Dr Richard Mihigo, coordinateur du Programme régional pour la vaccination et de développement de vaccins au bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. « Le Ghana, aujourd’hui, ce n’est que le début d’un long processus de distribution de vaccins. L’Afrique a déjà pris beaucoup de retard. 215 millions de doses de vaccin ont été administrées à travers le monde. Et en Afrique, 3 millions de doses ont été administrées » a-t-il déclaré. Il est donc prévu, dans les tout prochains jours, une distribution des doses dans les centres de santé à travers tout le pays, en priorité dans les villes d’Accra, Kumasi et Obuasi, où le nombre de contaminations est particulièrement élevé. Notons que la première phase de vaccination est prévue le 02 mars 2021 soit la semaine prochaine. Et le premier qui sera vacciné serait le président ghanéen, Nana Akufo-Addo. Seront ensuite vaccinés, les professionnels de santé en première ligne dans la lutte contre le Covid-19, les personnes à la santé fragile et celles âgées de plus de 60 ans. Mais aussi un panel de hauts responsables politiques et religieux triés sur le volet.
Dans un second temps, les vaccins seront administrés au reste de la population. Il y a quelques jours, le responsable du plan de vaccination au Ghana, Kwame Amponsa-Akyianu, avait promis que le Ghana vaccinerait 20 millions de personnes, soit les deux tiers de sa population totale. Un défi à relever. Car en dehors de l’acquisition des vaccins, la tâche la plus difficile est de pouvoir convaincre la population de se faire vacciner, alors que les fausses informations et les théories du complot circulent très largement. « Je voudrais rassurer les populations non seulement ghanéennes, mais également à travers toute l’Afrique. Les vaccins utilisés sont efficaces, sont sûrs, et là où ça a été administré, dans plus de 80 pays maintenant, nous n’avons pas enregistré d’effets secondaires importants », assure le docteur Dr Richard Mihigo. Faut-il le préciser, l’Oms promet indemniser toutes les personnes vaccinées qui pourraient subir des effets secondaires graves par le biais du programme Covax. Au total, l’Unicef fournira en 2021 jusqu’à 1 milliard de seringues et 10 millions de réceptacles de sécurité aux pays concernés afin qu’ils soient prêts à administrer les vaccins.
Quid du Bénin…
Le Bénin a-t-il finalement adhéré au projet Covax ? Qu’en est-il de la position des autorités sanitaires béninoises quant à l’acquisition des premières doses de vaccin anti-covdi-19 ? Autant de préoccupations auxquelles le gouvernement béninois doit répondre pour éclairer l’opinion publique. Avec la recrudescence, ces derniers jours, des cas de Covid-19 et le taux de létalité plus ou moins inquiétant, beaucoup s’attendaient à voir le Bénin s’empresser dans l’acquisition de doses de vaccin anti-Covid-19. Chose curieuse, les autorités sanitaires semblent plutôt faire preuve d’une certaine indifférence. Dans un entretien accordé, il y a quelques semaines, à l’agence de presse multimédia internationale Sputnik et relayé par des médias locaux, le ministre de la Communication et de la Poste, Alain Sourou Orounla avait fait savoir que le gouvernement béninois analyse la situation avant de se décider. « Nous sommes attentifs à ce qu’il se passe dans le monde entier, mais nous sommes très circonspects par rapport à ces innovations que nous ne maîtrisons pas », a déclaré le porte-parole du gouvernement à Sputnik. Et de poursuivre « Nous observons les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé avec les principes de précaution, de prudence et de prévention qui sont les nôtres et qui nous obligent à regarder de plus près ce qui est proposé aujourd’hui sur le marché ». Le silence du gouvernement béninois se justifierait-t-il par le fait que l’on veut faire preuve de prudence ? La question reste posée. Rappelons que la Russie a décidé d’offrir aux Etats africains, 300 millions de doses de vaccin Sputnik V. « Nous sommes reconnaissants de recevoir le vaccin Sputnik V de la part de la Fédération de Russie et extrêmement fiers d’être capables de les offrir […] à tous les États membres de l’UA », a déclaré dans un communiqué John Nkengasong, directeur de l’équipe en charge de la vaccination au sein de l’Union africaine. Des laboratoires Pfizer, AstraZeneca et Johnson & Johnson, l’Union africaine aurait obtenu 270 millions de vaccins anti-Covid pour le continent.
A.B
Source: matinlibre