La COVID-19 a causé la mort de millions de personnes dans le monde et paralysé l’économie mondiale. La maladie a eu des conséquences désastreuses et inédites sur l’existence de beaucoup d’êtres humains. Ainsi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) organise ce qui pourrait être appelé le plus grand essai international sur les vaccins anti-COVID-19. Tous les vaccins ont été développés par des laboratoires en Europe, en Amérique. L’explosion du Coronavirus a démontré à suffisance le fossé existant entre ces pays et les pays sous-développés. A la découverte du vaccin, les populations des pays sous-développés ont du attendre en comptant leurs morts pendant que les pays développés immunisent à souhait leurs populations.
Devant cette situation, l’OMS a du agir. La meilleure proposition consiste donc à associer certains laboratoires africains à l’élaboration et à la production des vaccins. Ces vaccins seront indexés par d’éminents spécialistes dans les laboratoires africains installés et travaillant au sein même de nos pays. A l’avenir, le fossé sera comblé et nul n’attendra un vaccin arrivant d’ailleurs pour faire face aux épidémies, aux pandémies ou aux maladies tropicales in situ.
Tous les vaccins de cet Essai Solidarité ont été examinés par d’éminents experts scientifiques après que les premières phases ou premières études aient démontré leur potentiel de sécurité et d’efficacité.
C’est ainsi que notre pays, le Mali, a été choisi par l’OMS pour cet essai solidarité à travers le CVD (Centre de Développement des Vaccins) dirigé par le Pr Samba Ousmane Sow, ancien ministre de la Santé aujourd’hui Directeur général de l’INSP est à sa troisième phase.
Aujourd’hui, dans la lutte contre la COVID-19, beaucoup de vaccins sont en évaluation. Et cette évaluation passe obligatoirement par trois (03) phases.
Les molécules conçues après une étude internationale dirigée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). En sa qualité de chercheur émérite et de sa renommée internationale, le Pr Samba Ousmane Sowa révélé les différentes phases de test d’un vaccin avant de recevoir le feu-vert pour être mis à la disposition du public.
Un vaccin, selon les spécialistes que nous avons approchés pour la circonstance au CVD, est soumis à une procédure d’essais cliniques longue et rigoureuse. Lors de ces différents essais, on vérifie si toutefois le vaccin assure la protection espérée et qu’il ne provoque pas d’effets indésirables majeurs. Ainsi, le vaccin est d’abord testé sur des cellules isolées (études in vitro en laboratoire) puis dans un second temps, chez l’animal, dans le but de déterminer son mode d’action et sa toxicité.
Ces essais précliniques sont généralement réalisés sur des souris, puis sur des singes. Ils servent à éviter d’administrer à des humains des vaccins inefficaces ou qui ne seraient pas suffisamment appropriés.
Aussi, si à l’issue de cette phase préclinique la balance bénéfices-risques de vaccin penche en faveur des bénéfices, des essais cliniques peuvent alors être effectués chez l’être humain. Le vaccin est alors testé chez l’humain dans les essais cliniques en trois (03) phases.
Lors de la première phase, le vaccin est administré à quelques dizaines de volontaires (des jeunes adultes de 16 ans et plus en bonne santé). Cette phase a pour but d’observer les éventuels effets indésirables très fréquents et permet aussi de déterminer le bon usage des composantes du vaccin en mesurant les anticorps produits par les volontaires.
La phase II concerne plusieurs centaines ou milliers de volontaires. Cela est une manière approfondie d’évaluer la sécurité du vaccin et sa capacité de créer une réponse immunitaire. Ces volontaires sont suivis pendant plusieurs mois. Cette étape permet d’étudier les détails de la réponse immunitaire, de préciser les schémas d’administration (nombre de doses…) et d’identifier les effets secondaires fréquents.
Lors de la phase III, le vaccin ou un produit comparatif (ou placébo) est administré à des milliers voire à des centaines de milliers de volontaires. Cette phase a pour but de savoir si le vaccin protège contre la maladie. Il s’agit donc d’observer dans quelle mesure les personnes vaccinées ou qui ont reçu le produit comparatif qui sont exposées au microbe résistent à la maladie dans les semaines voire des mois après la vaccination.
Dans la plupart des cas, les essais de la phase III sont réalisés dans plusieurs pays et sur plusieurs sites dans un même pays afin de garantir que les résultats des performances du vaccin s’appliquent à plusieurs populations différentes. En plus du Mali, tous les pays de l’UEMOA sont concernés par cet Essai Solidarité.
Cet Essai Vaccinal Solidarité concerne les personnes n’ayant jamais reçu d’autres vaccins auparavant et n’ayant pas été affecté par la COVID-19. L’essai débutera par le prélèvement de sang pour savoir s’il n’y a pas d’anticorps contre la COVID-19.
Cette confiance placée au Mali par l’OMS vient payer en partie les efforts fournis par le Pr Samba Ousmane Sow et son équipe du CVD dans la recherche des vaccins appropriés pour le Mali, en particulier et l’Afrique en général. Le pays fabricant, c’est lui qui fait le premier test chez lui avec un nombre très restreint de personnes.
Il y a quelques années, au Mali, le paludisme a fait des ravages chez les enfants. Malgré tous les traitements infligés contre la maladie, beaucoup d’enfants maliens mourraient à cause de la maladie. Il a fallu une étude approfondie du CVD pour constater la présence d’un autre virus chez les enfants atteints du paludisme. Il s’agissait de l’Hémophylis. C’est ainsi que ce vaccin a été introduit au Programme Elargi de Vaccination (PEV).
La participation de la population à cet essai permettra de détecter le vaccin approprié pour nous protéger contre la pandémie dans le monde. Toutes personnes désireuses de se faire vacciner au cours de ces Essais Vaccinaux Solidarité peuvent se rendre dans les Centres de santé de Référence (CSRef) ou dans les centres CVD où les vaccinations ont débuté.
L’opération Essais Vaccinaux Solidarité est à accréditer, à saluer comme une véritable révolution médicale par tous les Maliens.
L’essai solidarité est à l’épidémiologie ce qu’est l’autosuffisance alimentaire à l’agriculture. L’indépendance, voler de ses propres ailes … Il est temps que l’Afrique s’assume dans le domaine médical. Nul n’a le droit d’avoir peur s’il s’agit de prendre en main son destin. Les lendemains seront radieux !
Aujourd’hui la COVID-19 est une réalité au Mali et dans le monde et a muté et plusieurs souches ont vu le jour (variant sud-africain, variant hindou, variant delta, etc.). Plusieurs vaccins sont en cours de développement en réponse aux multiples souches. Il s’agit pour l’OMS d’affiner de plus en plus la recherche et d’associer les laboratoires des pays développés et ceux des pays en voie de développement. Et aussi et surtout d’associer les populations sur le terrain de tous les pays afin d’aboutir à deux objectifs majeurs : trouver des vaccins sûrs, appropriés et efficaces et la production in situ des vaccins.
La participation de la population malienne hisserait le Centre de Développement des Vaccins du Mali (CVD-Mali) au diapason mondial de la recherche et de la production de vaccins. A cet essai solidarité, les mesures sanitaires prises dans la lutte contre la pandémie et le port des masques doivent être de rigueur. Pour le moment, le Vaccin de l’Essai Solidarité est une solution efficace contre la COVID-19.
Youssouf SANGARÉ
Source : Le Malien