Comme l’avaient deviné ses compatriotes, Newton Ishii, 60 ans, est unnissei, un membre de l’importante communauté (plus d’un million de personnes) des descendants de Japonais établis au Brésil. La presse dévoile la biographie de cet habitant de Curitiba, dans le sud du pays : 60 ans, dont trente-neuf sous l’uniforme, veuf vivant chez sa fille après le suicide de son fils. Mais c’est sur les réseaux sociaux qu’il devient le plus populaire : son visage ou sa silhouette sont mis en scène dans tous les contextes possibles. Une marchinha (chanson qui accompagne les défilés du carnaval) est composée en son honneur. Le refrain, plus contagieux que le virus zika, proclame : «Ah mon Dieu, je suis fait, il frappe à ma porte le Japonais de la fédérale.»
A quelques jours de la semaine festive, qui débute le 4 février, le masque du Nippo-Brésilien est le plus vendu dans le pays, malgré le contexte de récession et de morosité économique. Newton Ishii aura même droit, à Olinda dans le Pernambouc, à son boneco : un géant de papier mâché comparable à ceux du Nord-Pas-de-Calais.
«O Japonês da Federal» a bien pris cette soudaine célébrité et a promis de faire une apparition au carnaval de Rio. Il en a même profité pour poster sur Facebook une courte vidéo où il appelle à rejoindre les rangs de la police fédérale, «pour en finir avec la corruption et bâtir un Brésil meilleur». Pendant ce temps, l’enquête Lava Jato (du nom d’une chaîne de stations de lavage auto) suit son cours, avec l’exploration de circuits financiers opaques dans 28 pays.
Source: Liberation