Suite à la volonté confirmée du président Abdoul Aziz Bouteflika de se représenter pour sa propre succession une cinquième fois à la tête de la magistrature suprême de l’Algérie, les rues d’Alger et plusieurs autres grandes villes de l’Algérie ont accueilli des milliers de manifestants ce vendredi 1er mars dernier. Après leur opposition à la candidature de Bouteflika la semaine dernière, les manifestants demandent cette fois-ci sa démission et la mise en place rapide d’une transition. Il appartient à Bouteflika d’écouter sa raison intime.
Les manifestations deviennent une tradition chaque semaine à Alger depuis l’annonce de la candidature du président Abdoul Aziz Bouteflika pour un cinquième mandat. À la tête du pays depuis près de 20 ans, Abdoul Aziz Bouteflika est arrivé au pouvoir en 1999, mais il est frappé par un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013. Chose qui rendit son apparition publique de plus en plus rare. « Malade et vieux de 81 ans », le président Abdoul Aziz Bouteflika a levé le doute le 10 février dernier, sur les rumeurs de sa probable participation aux présidentielles Algériennes du 18 avril prochain. Depuis cette annonce, les manifestations ne cessent de se répéter dans la capitale, Alger. Le premier mars dernier, c’était un rassemblement historique de plusieurs milliers de personnes, non seulement dans la capitale, mais également dans beaucoup d’autres villes du pays. Des milliers de manifestants avaient également répondu à l’appel à Oran, Bejaïa, Biskra, Sétif ou encore Annaba avec des slogans hostiles à tout le régime en place, car en plus du président Bouteflika, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia et d’autres membres du gouvernement étaient également la cible des manifestants. Et cela se témoigne par cette source de jeune Afrique qui a laissé entendre: « Les personnalités qui se sont jointes aux manifestants ont été pour certaines huées, à l’image de Louisa Hanoune, et pour d’autres, accueillies dans l’indifférence, signe que le rejet n’épargne personne au sein de la classe politique ». Et cet autre témoin de jeune Afrique, Nadia 52 ans et cadre administratif qui est venu manifester pour la première fois depuis 1992 : « Le problème, ce n’est pas uniquement Abdoul Aziz Bouteflika. Il faut qu’ils partent tous : Selal, Said (Bouteflika), Ouyahihia, Ghoul …on veut leur démission à tous ». Mais beaucoup d’autres personnalités et de dirigeants politiques de l’opposition comme Ali Benflis, Louisa Hanoune ou encore Abdallah Djaballah étaient présents dans les cortèges, mais sans leur étiquette politique. Une manifestation qui s’est déroulée dans une atmosphère plutôt calme même si les forces de l’ordre sont intervenues quelques fois avec des gaz lacrymogènes pour disperser certains casseurs qui s’étaient infiltrés dans la manifestation pour piller et incendier un magasin de commerce électronique. Un rassemblement historique considéré par certains manifestants comme une forme de libération. Fadrid, importateur et militant des droits de l’homme expliquait: « Nous sommes gouvernés par des dinosaures. Ils nous parlent de légitimité historique, mais la place de Bouteflika et du FLN est au musée. Ça a trop duré. On a besoin d’un changement de régime », a- il-laissé entendre pour simplement dire qu’ils ne veulent plus du règne de Bouteflika en Algérie. Cette grande manifestation se passe à un moment où le président lui-même se trouve à Genève (en suisse) pour une prise en charge médicale.
Tout compte fait, le président Bouteflika devrait comprendre que le peuple a déjà exprimé sa voix bien avant le scrutin. Il ne veut plus de lui, alors qu’il cède le pas pour ne pas mettre le pays dans une situation d’inconfort.
Certains manifestants ont déjà mis en garde contre tout maintien de la candidature de Bouteflika comme le dit cet ex-militant du candidat Ali Benflis Walid en 2014 : « Le dégagisme a gagné l’Algérie. On demande l’annulation du processus électoral et une transition démocratique. Si la candidature de Bouteflika est maintenue, on va intensifier les marches », menace-t-il. À Bouteflika de faire fonctionner son bon sens et non son instinct grégaire.
ISSA DJIGUIBA
Source: Le Pays