Destiné à concurrencer Orange Money, le réseau de transfert d’argent initié par la SOTELMA-MALITEL bat de l’aile. Pourquoi ? Mobicash a été lancé en mars 2014, sous le haut patronage du ministre de l’Economie numérique de l’époque, Jean Marie Sangaré, en présence de Mohamed Morchid, directeur général de la Sotelma-Malitel.
Les promesses d’un produit
Mobicash est un réseau de transfert d’argent à partir des téléphones mobiles; il avait pour objectif de concurrencer Orange Money. A travers Mobicash, l’opérateur téléphonique historique du Mali (Sotelma-Malitel) proposait une gamme variée de services : les dépôts d’argent, les retraits, les transferts, ainsi que les achats de crédits de recharge Malitel. Avec Mobicash, il était aussi possible au client, du moins sur le papier, de consulter le solde et l’historique de son compte. En plus de ces services, il était envisagé de payer, à travers Mobicash, les factures d’eau et d’électricité, les salaires et les produits acquis dans les supermarchés. L’affaire s’annonçait rentable, d’autant qu’elle était soutenue par la Banque de Développement du Mali qui entendait, grâce à ce partenariat, capter une partie de l’épargne du secteur formel. « Le compte Mobicash permet aux clients de réaliser, depuis le mobile Malitel, des transactions courantes en toute sécurité, des retraits et dépôts d’argent auprès d’un réseau d’agents agréés », dira le patron de la Sotelma. Il profite de l’occasion effectuer une démonstration de transaction en présence des clients présents à la cérémonie de lancement. L’inscription est, faut-il le rappeler, gratuite; elle se fait dans les points Mobicash au moyen d’une pièce d’identité ou du permis de conduire. Les paliers des transactions sont compris entre 1000 FCFA à 1,5 million; les frais de retrait vont de 350 à 39.600 FCFA selon les paliers. Le transfert et le dépôt d’argent sont gratuits.
Défaillances à la chaîne
Deux ans après son lancement, Mobicash bat tristement de l’aile. Ses kiosques bleus blancs et rouges, qui jalonnaient fièrement les rues et les trottoirs de Bamako, ferment les uns après les autres, ainsi que le prouvent les images que nous publions. Pourquoi cette dérive ? Selon un responsable de la Sotelma que nous avons rencontré, l’échec rampant découle, pour une large part, d’un déficit de marketing: « Le marketing de Mobicash n’a pas été efficace: le client n’a pas bien connu et maîtrisé les fonctionnalités du produit ».
Une autre source fait état des « problèmes techniques récurrents de Mobicash »: la connexion internet n’est pas assez stable pour la circulation des informations et des ordres relatifs aux opérations financières. Or, le client n’a pas de temps à perdre; il veut recevoir, dans l’immédiat, les SMS et autres messages numériques relatifs à la réussite des envois, retraits ou dépôts effectués. Les pannes de réseau sont, selon nos sources, souvent imputables à la bande internet ADS qui n’est pas accessible en beaucoup d’endroits.
Autre problème rencontré par Mobicash: la carence de management. Alors que le concurrent, Orange Money, constitue au sein d’Orange Mali SA un service à part entière, doté d’une direction et d’agents techniques dédiés autonomes, la Sotelma s’est contenté (par souci d’économie ?) de confier le pilotage de Mobicash à un de ses cadres qui, parallèlement, s’occupe d’autres tâches. « Cet agent ne peut se fendre en deux et il a des limites techniques évidentes », note un de nos interlocuteurs.
Pour toutes ces raisons, Mobicash n’a pas bénéficié du réflexe patriotique des Maliens qui auraient préféré acheter un produit Malitel (national) qu’un produit étranger (Orange).La direction tirera-t-elle les leçons des difficultés que traverse Mobicash pour redonner à l’entreprise l’envergure annoncée ? En tout cas, pour le moment, le concurrent Orange Money se frotte les mains: il est à deux doigts de détrôner les réseaux internationaux Western Union et Moneygram.
Tiékorobani
Source: proces-verbal
