Selon le rapport du groupe d’experts créé en application de la résolution 2374 (2017) du Conseil de sécurité sur Le Mali, l’implication de groupes armés du centre et du nord du Mali dans des activités criminelles entrave fortement l’application de l’Accord. Ce rapport accuse certains groupes armés d’être à la base de la criminalité organisée en se concentrant sur le trafic de stupéfiants et d’armes et la traite d’êtres humains et sur les liens avec ceux qui menacent l’Accord.
Conformément à l’alinéa C du paragraphe 8 de la résolution 2374 (2017), le Groupe d’experts a mené des enquêtes sur les diverses formes que revêt la criminalité organisée en se concentrant sur le trafic de stupéfiants et d’armes et la traite d’êtres humains et sur les liens avec ceux qui menacent l’Accord.
L’implication de groupes armés du centre et du nord du Mali dans des activités criminelles entrave fortement l’application de l’Accord, en particulier lorsqu’elle suscite des rivalités entre des éléments des groupes armés coopérant à l’application de l’Accord ou les incite à s’en prendre violemment aux représentants de l’État malien ou à contester la présence de la MINUSMA ou des autres forces de sécurité internationales.
En outre, criminalité organisée et violations des droits de l’homme vont souvent de pair, en particulier s’agissant de la traite d’êtres humains.
Selon le rapport, le trafic de stupéfiants au Mali se compose de drogues dures telles que la cocaïne et les produits dérivés, comme le crack, et l’héroïne, de drogues douces, soit de l’herbe de cannabis (marijuana) ou de la résine de cannabis (haschich), de drogues de synthèse, tout particulièrement le médicament tramadol détourné à des fins récréatives et des méthamphétamines ; de produits pharmaceutiques contrefaits.
Le même rapport précise que des membres des groupes armés signataires et des factions dissidentes étaient impliqués dans des attaques dirigées contre les forces armées et de sécurité maliennes et dans la criminalité organisée, et qu’ils menaçaient de recourir à la violence pour être inclus dans l’Accord, compromettant ainsi indirectement son application : « Tout particulièrement, les factions dissidentes rassemblées sous la bannière de la Coordination des mouvements de l’entente (CME) ont menacé de recourir à la violence et de boycotter l’élection présidentielle afin d’être davantage prises en compte dans l’application de l’Accord et de pouvoir participer à ses différents mécanismes ».
A en croire les experts, le terrorisme et la criminalité organisée alimentent l’insécurité qui règne actuellement dans le nord et le centre du Mali, aggravant la situation humanitaire.
C’est pourquoi, les experts ont recommandé sans tarder, aux fins de l’application de mesures ciblées, la désignation de personnes et d’entités se livrant ou apportant leur appui à des activités ou politiques qui menacent la paix, la sécurité ou la stabilité au Mali. Ils exhortent le Gouvernement malien et les coalitions Plateforme et CMA à respecter les délais d’application des principales dispositions de l’Accord décrites dans la feuille de route de mars 2018 ; engager le sous-comité du Comité de suivi de l’Accord, chargé de la réconciliation, de la justice et des questions humanitaires, à fournir les locaux en vue de pourparlers sur la manière d’assurer l’accès humanitaire dans les régions septentrionales, comme prévu dans l’Accord, et de prévenir les attaques visant les agents de l’aide humanitaire…
Y. Doumbia
L’Indicateur du Renouveau