L’affaire Banque Atlantique vs Yacouba Baby, inscrite ce jeudi 7 novembre 2019 au rôle du Tribunal de commerce de Bamako, a des allures d’une gigantesque farce, si elle ne constituait pas une tentative d’entacher durablement l’image de cette institution devenue aujourd’hui des plus respectables de la place financière de Bamako.
La presse, qui n’est pas demeurée en reste dans ce genre de cabale, a donné le ton, tout médium confondu, des radios périphériques à la presse en ligne en passant par celle écrite. Les titres, tous plus sensationnels les uns que les autres, ‘’scandale monétique’’ ou autre ‘’carte frelatée’’, rivalisent d’imagination et de combinaisons, parfois en ingénieuses oxymores. Bref, le donquichottisme d’un citoyen ordinaire, face au gigantisme de ces moulins financiers, aura considérablement brouillé les repères d’une querelle qui ne devrait pas en être une. Et pour cause !
Le sieur Baby, après avoir inondé une presse, curieusement bien disposée et peu tentée par l’impératif de neutralité, alesté contre la Banque Atlantique, qu’il accuse de l’avoir floué en lui remettant une carte Traveller n’ayant pu lui permettre d’opérer les transactions qu’il escomptait faire. Du coup, l’improductivité supposée de sa carte Traveller, pourtant bien approvisionnée selon lui, lui aurait fait perdre une affaire importante. Mais sur ce chapitre, Yacouba Baby assure, chez différents confrères, qu’il s’agissait d’une affaire qu’il avait conclue avec la Police nationale quand pourtant, dans le dossier déposé à l’appui de sa plainte, cette affaire devait être conclue avec un tiers qui n’est plus… la Police nationale ! Mais ceci ne semble gêner aucun confrère, même si personne, et probablement pas le juge du commerce, ne connaît la nature exacte de l’affaire, dont au demeurant on peut bien lui accorder le bénéfice du doute.
C’est en fait le 10 mai dernier que Yacouba Baby s’est porté acquéreur d’une carte Traveller auprès de la Banque atlantique. Après un délai de 24 heures, comme en ce genre de situation dans la monétique, la carte a été activée par l’institution le 11 mai suivant. Ce qui a poussé Baby a tenté par trois fois de procéder à des achats en lignes, comme nous l’assure une source ayant requis l’anonymat. Seulement voilà, les trois tentatives de transactions échoueront car à chaque fois, par mégarde ou simple oubli, Baby se trompera de code. Or, les principes de sécurités veulent que plusieurs tentatives d’introduction de codes erronés supposent une tentative de piratage auxquelles les banques restent exposées comme partout ailleurs. La réponse, en l’occurrence, est systématiquement un blocage automatique de la carte objet de l’attaque supposée. Ce qui sécurise à la fois l’institution émettrice et le patrimoine du client.
Mais au lieu de retourner le lendemain pour signaler que la carte est bloquée, afin que la Banque puisse procéder aux vérifications nécessaires et la réactiver de nouveau, Yacouba Baby viendra le lundi 13 pour réapprovisionner la même carte avec un montant de 10.000 Fcfa puis le lendemain, avec un autre montant de 10.500 Fcfa. Or, une opération de réapprovisionnement, nous explique un agent commis à la monétique dans une banque de la place, ne peut être confondue à une opération de réactivation. En effet, la sécurité informatique considère, de par l’historique des précédentes tentatives de transactions, comme la carte toujours en situation d’attaque par piratage, à travers la mémoire des codes erronés introduits au préalable. Seul un signalement du détenteur peut, dans certains cas comme celui de Baby, permettre de décanter la situation, à défaut d’une réactivation automatique sous réserve d’un délai prévu à cet effet.
C’est ainsi qu’à la suite d’une réactivation survenue, Yacouba Baby ira retirer la totalité de son dépôt au titre de sa carte Traveller, soit un peu moins de 200.000 Fcfa. Pourtant, bien qu’ayant déjà empoché la totalité de sa mise sur son compte, pourquoi donc Baby procédera plusieurs dizaines de fois à d’autres tentatives de retrait du même montant, soit la totalité de sa mise de départ plus ses deux réapprovisionnements, sachant qu’il n’avait plus seul sou vaillant sur sa carte Traveller ?
En veine de rapprocher les protagonistes, Baby étant déjà sûr de son affaire et la Banque Atlantique, on le comprend, ne voulant pas de polémique pour réserver la primeur de ses informations à ses conseils, nous avons obtenu de sources quelques éléments du contour de l’affaire. Tout au plus, au niveau de la Banque, avons eu l’information selon laquelle plus d’un millier de cartes Traveller ont été mises en circulation rien que pour cette année 2019, nonobstant le succès du produit auprès des pèlerins cette année qui en ont acquis plus de 400 pour leurs transactions lors du rituel en terre sainte. Depuis 2006, ce sont plusieurs milliers de cartes du genre qui ont été émises par la Banque atlantique et qui sont régulièrement en circulation jusqu’à ce jour, signe d’un succès qui ne se dément pas. Alors, une seule carte désactivée, par sécurité, pour introduction systématique de codes erronés…
La Rédaction
Source: La Révélation