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Tchadiens, Maliens et Sénégalais appellent à une intervention militaire en Libye

Les présidents tchadien, malien et sénégalais ont exhorté mardi les Etats occidentaux à « achever le travail » en Libye en intervenant contre le sanctuaire jihadiste installé dans le sud du pays, qui menace tout le Sahel « La Libye est devenue le terreau du terrorisme et de tous les malfaiteurs. Le Mali, c’est la conséquence directe de la destruction et du désordre libyen, Boko Haram aussi », a lancé le chef de l’Etat tchadien, Idriss Deby, en référence au groupe islamiste armé du nord du Nigeria qui déborde largement les frontières de ce pays. En Libye, « l’objectif recherché était l’assassinat de Kadhafi mais pas autre chose. Ce qu’il n’y a pas eu, c’est le service après-vente », a-t-il martelé dans un discours très applaudi, volontiers sarcastique, en clôture du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique. « La solution n’est pas entre nos mains, elle est entre les mains de l’Otan qui a créé le désordre et n’a qu’à ramener l’ordre. Les Nations unies qui ont donné le quitus (pour l’intervention de 2011) sont responsables aussi », a-t-il accusé. « Aucune armée africaine ne peut aller détruire en Libye le terrorisme (…) Il n’y a que l’Otan qui en a les moyens », a-t-il souligné.

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« Si on veut résoudre le problème du Sahel, il faut s’occuper de la Libye. Nous pourrons les accompagner », a insisté M. Deby, dont le pays, puissance régionale, est déjà intervenu aux côtés de l’armée française au Mali contre les jihadistes en 2013 lors de l’opération Serval.

Avant lui, les présidents malien Ibrahim Boubacar Keïta et sénégalais Macky Sall ont aussi insisté à la tribune sur la menace que constituent pour la région le jihadisme et les trafics transfrontaliers en tous genres en provenance du sud de la Libye, aux confins de l’Algérie, du Niger et du Tchad.

Une partie des jihadistes refoulés du Mali, dont l’Algérien Mokhtar Belmokhtar et le Malien touareg Iyad Ag Ghali, se sont retranchés dans cette région, devenu un véritable havre, par où transitent les trafics d’armes prélevées sur les gigantesques stocks du colonel Kahdafi.

« Ils y installent leurs familles, s’y approvisionnent, s’y reposent », souligne-t-on de source gouvernementale française en notant que Belmokhtar vient d’y avoir un nouveau fils.

-‘Pas y aller seuls’-

« Il faut que la communauté internationale se convainque qu’il y a un travail à achever dont nous sommes les victimes collatérales », a affirmé le président malien, qualifiant le sud de la Libye de « guêpier ».

« Il faut que ceux qui ont commencé le travail puissent nous aider à le terminer », a lancé Macky Sall.

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian a concédé que la question restait entière. « Oui, la question libyenne est devant nous. Que cette préoccupation soit partagée me paraît une bonne chose », a-t-il dit.

Mais la France se refuse pour l’heure à toute option militaire sans un certain nombre d’appuis internationaux. Et plaide dans l’immédiat pour un règlement politique en Libye, où deux gouvernements rivaux se font face et où les islamistes radicaux gagnent toujours du terrain.

« On ne va pas refaire ce que le monde nous reproche, intervenir sans penser le coup d’après. On ne veut pas y aller seuls », souligne-t-on de source gouvernementale française.

Si certains pays comme l’Egypte sont favorables à une intervention collective rapide, l’Algérie craint en revanche de voir les jihadistes refluer vers son territoire.

« A ce stade, nous ne pouvons qu’attirer l’attention de la communauté internationale. Il n’y a pas d’option autre que diplomatique, un dialogue avec l’ensemble des pays de la région, plus de l’échange de renseignement et des capacités d’action rapide » via la force Barkhane, qui remplace depuis août l’opération Serval, ajoute-t-on.

Les Français viennent ainsi d’installer une base avancée à Madama, dans le nord du Niger, tout près de la frontière libyenne. « Si Mokhtar Belmokhtar franchit la passe de Salvador, on sera ravi de l’accueillir », ironise cette source.

Autre facteur d’inquiétude, « des islamistes commencent à se fédérer dans le nord libyen et ne vont pas tarder à concevoir des opérations ensemble », souligne-t-on de même source.

 

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