La libération des accusés dans l’affaire dite ‘’Déstabilisation de l’Etat’’ est un fait marquant dans la petite l’histoire de la justice malienne. Outre le fonds de ce dossier, c’est son traitement médiatique, alimenté de crêpages de chignon des acteurs de la justice, qui interroge.
La dernière bagarre en date est celle de Me Kassim Tapo et Mamadou Timbo, Procureur Général de la Cour Suprême suite à la décision de la Chambre criminelle de la Cour Suprême du rejet du pourvoi en cassation introduit par le procureur général près la Cour d’appel de Bamako.
Selon l’ancien Bâtonnier Me Kassoum Tapo, avocat de la défense, la sortie du Procureur Général dans le JT de ORTM, 24 heures seulement après la libération de ses clients, montre qu’il est instrumentalisé : « c’est inhabituel de voir le procureur général de la Cour Suprême venir commenter une décision de la Cour. Cela veut dire qu’il est en mission. Il n’est pas procureur de la république, il est membre d’une institution. Il n’a pas le droit de commenter les décisions de la Cour surtout en termes outranciers vis-à-vis de ses collègues et vis-à-vis des avocats », a-t-il déclaré dans un entretien accordé à nos confrères de Renouveau tv.
Pour le Procureur Général, les avocats de la défense ont savamment combiné les procédures : « Pendant que la chambre d’accusation était appelée à se prononcer sur le mérite de l’appel contre les ordonnances de refus de mise en liberté, les avocats sont venus avec une demande de nullité de toute la procédure parce qu’ils ont estimé que c’est une procédure qui a été mal engagée à la base et qu’elle devait être annulée et si elle est annulée, on obtiendra par voie de conséquence la mise en liberté…” déplore Mamadou Timbo.
Me Tapo, réplique :« Ce sont des inepties, on a saisi directement la chambre d’un recours en nullité le 25 janvier. Le juge a rendu les ordonnances de refus de mise en liberté le 27, les appels ne peuvent pas précéder les ordonnances. Les deux procédures se sont retrouvées à la Chambre d’accusation à la demande de l’avocat général. L’objet des appels du refus de mise en liberté c’est la mise en liberté ; l’objet de la nullité de la procédure, la conséquence, c’est la mise en liberté. Les affaires ayant été jointes. La Cour n’avait pas à statuer spécifiquement sur les appels. Dans le propre Parquet de Monsieur le Procureur Général de la Cour Suprême, aucun avocat général n’est d’accord avec lui. C’est pour cela, il est monté lui-même à l’audience », explique, Me Kassoum Tapo.
Avec la pression de la communauté internationale et les manifestations dans les rues, le verdict de ce dossier pour bon nombre d’observateurs, est plutôt populaire que judiciaire : « On a abouti à ce résultat parce que le droit était avec nous. Et c’est justement ce qui fait l’émoi du procureur général qui continue à se justifier en disant des mensonges. Ce qu’il a dit est faux, archi faux. Il ne connait pas le dossier. On l’a enlevé de la cour d’appel de Mopti pour l’amener à la Sour Suprême directement. Il ne connait pas les procédures de la Cour », renchérit l’ancien ministre de la Justice.
Andiè A. DARA
Source: Bamakonews